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137.9 - Canyon glaciaire de Rosenlaui

Emmanuel Belut

vendredi 12 février 2010

Le rendez-vous de 11h30

sortie internationale en Suisse du 28 novembre

(1 français, 1 anglais et 1 italien d’origine franco-hollandaise !!)

Evan a raté son avion. Il ne nous rejoindra pas ce soir mais au mieux demain matin. A Lauterbrunnen, nous préparons les kits avec Pascal pour le lendemain, car le réveil est fixé à 6h. Objectif : d’abord une mince faille descendant juste sous le glacier de Rosenlaui ; sur les photos, elle semble remplie de neige et de glace. Puis nous enchainerons avec la partie supérieure du canyon de Rosenlaui, ouvert une semaine plus tôt, afin de l’équiper en goujons inox de 10 millimètres. Nous voilà bien chargés : piolets, crampons, broches à glace, perforateur, 16 amarrages complets en inox 10 millimètres, et au moins autant de goujons de 8 millimètres. Sans compter les combinaisons néoprènes. Voilà du canyonisme qui ressemble furieusement à de l’alpinisme !

Le lendemain, dès 6h nous chargeons les kits dans la voiture et partons à jeun, direction Rosenlaui à 50 minutes de route. Il fait nuit noire et nous profitons du trajet pour manger copieusement. Les lacets qui montent à Rosenlaui sont sérieusement gelés, et nous atteignons le parking in extremis en patinant. 7h15, nous entamons la marche d’approche. Pas de nouvelle d’Evan. En désespoir de cause, nous lui envoyons un texto sibyllin : "Meet us on the big slabs at 11:30", c’est à dire "Rendez-vous sur les grosses dalles à 11h30".

Il gèle assez sérieusement. La montée s’avale assez vite et nous réchauffe. Le jour se lève et nous révèle le magnifique paysage alpin qui nous entoure. La pente se fait moins forte, et nous débarquons au coeur d’un paysage lunaire. Le glacier en se retirant a laissé d’immenses dalles de calcaire gris polies, arrondies comme un énorme bouclier. Là-haut, les chicots bleutés des séracs se dressent, menaçant le ciel de leurs pointes acérées. Vue d’ici, la faille envisagée semble beaucoup moins intéressante que prévu.

 Nous choisissons donc de rechercher d’abord les résurgences repérées sur des photos prises l’été.

 Notre première tentative pour accéder à une faille prometteuse manque de se transformer en désastre car nous avons laissé tout l’équipement en bas, et si la montée s’avère relativement aisée, la descente elle est mortellement glissante, sur les dalles grises recouvertes d’une mince pellicule de neige. Nous revenons chercher de l’équipement, et explorons un autre endroit plutôt décevant, avant de revenir au lieu visité précédemment. Grâce aux crampons et aux piolets nous gagnons un porche impressionnant, visiblement creusé par l’eau. Sa voûte s’enfonce vers le sol, alors qu’un ruisseau gelé s’en échappe, et après environ 80 mètres de progression, le tunnel se referme sur un siphon ensablé. Pour l’heure, cet endroit majestueux défie notre compréhension, et après une longue contemplation nous repartons pour les grandes dalles de calcaire où prend naissance la partie supérieure du canyon de Rosenlaui, où nous devons retrouver Evan. Nous commençons à nous équiper pour le canyon en l’attendant, seuls au milieu de ce paysage d’une beauté hostile. Au loin, une silhouette se détache. C’est Evan. Il nous rejoint, hilare devant ce lieu de rendez-vous surréaliste, minéral et drappé par le gel. Nous hâtons nos préparatifs, poussés par le froid. L’accès au canyon et le canyon lui-même sont emprisonnés par la glace. Manque de chance, les crampons d’Evan sont restés dans notre voiture, fermée à clef en bas, aussi devons-nous assurer sa progression en permanence. Le canyon naît de nulle part, d’abord vague rigole sur les dalles gelées, puis il se creuse progressivement, pour dessiner sur sa fin une noire lézarde dans la falaise terminale. Les vasques gelées se succèdent, et le perforateur rugit dans l’immensité. L’encaissement se resserre et se sculpte, de plus en plus beau à mesure que l’on descend. Mais le ciel commence à s’obscurcir et l’heure tourne, nous hâtons le pas et sortons du canyon alors que la nuit tombe. Il est 17h. Nous ne descendrons pas la partie aval de Rosenlaui aujourd’hui. De retour au gîte de Lauterbrunnen, nous mangeons copieusement et ne tardons pas à nous coucher car une nouvelle attendue depuis longtemps nous parvient par téléphone : le canyon de Gries passe, le débit est suffisamment descendu pour le permettre. Caracal a décidé de faire la route depuis Grenoble, partant à 3h du matin pour s’engager dans la descente à 7h, car le Foehn s’annonce et il ne faut pas tarder. Notre programme du lendemain s’annonce intense !

Toutes les photos ici :

http://picasaweb.google.fr/nemo.manu/RosenlauiAmontRendezVousSurLesDalles#

Vue sur la faille de Rosenlaui :

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