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165.3 - Le J.-B., encore et toujours

Xavier ROBERT

vendredi 11 mai 2012

Gouffre Jean-Bernard, Samoëns : nous prévoyons d’une part de rééquiper les puits des 2 Bœufs équipés lors de la dernière sortie (sans fractionnement et avec des passages de nœuds), ainsi que de déséquiper le Lavoir. Par la même occasion, nous devons faire la topographie de la première de la dernière fois, et la continuer.

Participants : Antoine Aigueperse, Clément Baudy, Patricia Gentil (ex Usanienne), Stéphane Lips et Xavier Robert du G.S. Vulcain, Lucille Delacourt, Dominique Gilbert et David Parrot de l’USAN.

J’arrive sur Samoëns vendredi 30 mars un peu avant 21 heures. Le Clévieux est en crue, confirmant mes doutes que j’avais émis avant de venir sur la possibilité de déséquiper et topographier le lavoir. Vu le peu de neige en bas de la vallée, je me gare au parking du haut. Ce sera un bon choix, la neige ne commence vraiment qu’au pont. La rivière est en crue là aussi, et la traversée dans l’eau sans se mouiller les pieds est limite. Ensuite il faut chausser les raquettes parce que la neige est pourrie. J’arrive au refuge à 22h30. Les autres Vulcains arrivent après minuit, et les Nancéiens vers 4 heures du matin.

Vu les objectifs que l’on a, je tente difficilement de lever le monde à 8h30. Nous attaquons la montée vers 12h30, la neige est bien gelée, ça monte facilement, sous le soleil. Nous entrons sous terre à 14 heures par le V4bis qui commence à bien se déneiger ; le courant d’air est estival (soufflant).

Nous nous décalons en petites équipes pour ne pas trop poireauter à chaque obstacle, et nous nous retrouvons tous au fond de la galerie des Aiguilles avant d’attaquer les hostilités. Dans le méandre entre le V4bis et le V6, Patricia se fait attaquer par une chauve-souris. Sur le trajet, nous remarquons qu’il y a beaucoup d’eau, même si les pseudos siphons passent, et dès que nous sommes proches du niveau du collecteur, ça gronde un max. Ce n’est pas la peine de tenter de remonter par le Lavoir pour en finir la topographie et le déséquiper, ça ne passera pas. Nous n’aurons donc que peu d’amarrages pour rééquiper et continuer l’exploration, malgré 2 perforateurs dans les kits...

Après la pause bouffe, nous nous séparons : David, Antoine et Patricia partent en premier pour rééquiper le P60 (le plus en amont) des 2 Bœufs. Puis Steph et Lulu vont changer la corde du grand puits (95 m) des 2 Bœufs. Clément, Dominique et moi faisons quelques photos dans la galerie des Aiguilles pour passer le temps, puis nous partons pour faire la topographie des puits des 2 Bœufs.

En fait, nous rejoignons Lulu et Steph dans le méandre d’accès au 2 Bœufs : un P100 non fractionné, c’est long à monter, et il y a beaucoup d’attente pour les suivants, d’autant plus qu’il y a un passage de nœud à 30 m du sol, puis à 60 m ! Nous attendons, puis Dom monte au sommet pendant que Clément et moi attaquons la topo. Puis je monte en tentant de faire une visée au laser du milieu du puits. Pas de bol le laser ne passe pas... Je regrette un peu que nous n’ayons pas de boite topo. La nouvelle corde que Steph met en place est une 113 m. En mesurant la corde restante, nous estimons le puits à 95 m. Il est circulaire, avec un diamètre de 13 m environ. C’est magnifique. La topo du méandre qui suit et du P58 suivant s’effectue sans encombre. Ce puits, avec quelques excentriques sur les parois, à environ 40‑45 m de la tête de puits, se divise en deux. La seconde branche n’a pas été explorée, et est loin d’être minuscule (6 m de diamètre environ). Au sommet de ce puits, nous ressentons un fort courant d’air aspirant. Il est possible qu’il soit dû à la cascade du Lavoir, cela reste à vérifier en fouillant les plafonds. Le méandre fossile (avec des ammonites sur les parois) qui suit donne sur le sommet du Lavoir, dans lequel se jette une belle rivière. En amont, l’eau arrive d’une cascade de 7 m. Dans ce méandre, Dom, Clément et moi nous nous restaurons un peu pendant que David, Steph et Antoine tentent de shunter la cascade amont par les plafonds. Après un pas engagé, ça passe, et la cascade est rapidement équipée hors crue. Tout le monde suit. Le collecteur arrive d’un siphon 7 m en amont de la cascade. Un méandre fossile part au dessus. À l’entrée du méandre, un laminoir sur la droite donne sur une petite cheminée, non explorée. Le méandre arrive au bout de 15 m dans une petite salle où il faut escalader de 4 m (avec un squelette de chauve-souris) pour arriver sur un puits de 3 m donnant dans une belle salle. Dans cette salle, un méandre actif arrive d’une cascade de 4 m, et un pissou tombe du plafond (environ 15 m). Nous n’avons pas vu si une galerie se trouve au sommet de cette arrivée. L’eau collectée descend dans un méandre qui donne par une cascade de 2 m dans une petite salle. Le ressaut de cette cascade est constitué des calcaires à Orbitolines. Cette salle est un regard sur le collecteur qui sort de plusieurs petits siphons, et repart dans un siphon. Un boyau semi-fossile de 6 m de long donne de nouveau sur un siphon en liaison avec le collecteur. Clément et moi recommençons la topo à partir de cette salle pendant que David et Antoine terminent l’escalade de la cascade de 4 m. Nous continuons la topo vers l’amont. Dominique, Lulu et Patricia repartent vers la sortie. Steph suit rapidement avec le reste des amarrages pour rééquiper le P95 en pendules. Cette cascade nous oblige à nous mouiller copieusement. Il faudra probablement revoir l’équipement pour se décaler de la flotte. Elle donne directement sur une salle qui s’est formée à la faveur d’une faille ou fracture qui recoupe le méandre à 120° environ. La majorité de la flotte arrive de la branche de droite en regardant vers l’amont (S). Elle arrive d’un puits d’environ 40 m que nous n’avons pas réussi à prendre au laser. L’escalade devrait être possible, le rocher n’est pas si pourri que ça. De l’autre côté de la salle, un boyau étroit et très sale permet de shunter une E3 par laquelle arrive un peu d’eau. Deux mètres plus loin, il faut escalader de nouveau un ressaut de 5 m (non grimpé car en manque d’amarrages), qui visiblement donne à la base d’un puits d’une quarantaine de mètres aussi. Au sommet de l’E3 shuntée, il y a un courant d’air qui nous gèle, et je ne pense pas qu’il soit lié à la chute de la cascade. Ce sera la fin de la première pour cette sortie (environ 70 m de première). Clément et moi revenons au lieu de pique-nique au sommet du Lavoir en levant la topo non effectuée à l’aller et en tirant les cordes qui ne sont pas à l’abri de l’eau. David et Antoine sont allés rejoindre Steph. Nous avalons une soupe, puis plions les gaules. Nous rejoignons David et Antoine au sommet du P95. Steph est en train de terminer l’équipement. Fermant la descente, j’ai une vue magnifique sur le P95 éclairé à chaque fractionnement. Vu la quantité d’eau, nous n’empruntons pas le Lavoir sec pour rejoindre les Excentriques, mais le puits du Raccourci. Je galère pour descendre ce puits, la corde ne voulant pas glisser dans le descendeur... Nous faisons une dernière pause bouffe en aval de la première corde de la rivière aux Excentriques. Dom et Patricia sont déjà partis vers la sortie. Clément et moi ne traînons pas, et partons aussi après un peu de repos. Il est bien 5h30... Clément avance au radar, mais nous avançons quand même. Les 4 derniers plient ce qui reste de bouffe et nous rejoignent à la sortie. Nous émergeons de jour à 8 heures du matin. Dom et Patricia sont sortis depuis une heure.

T.P.S.T. : 17 à 18 heures. Je n’ai pas encore saisi les données, mais nous avons dû topographier dans les 280 m. La galerie explorée part vers le sud.

La montagne est encore à l’ombre et la neige a bien regelé pendant la nuit. La descente au refuge n’est pas de tout repos, les couloirs pentus sont difficiles à aborder en raquettes. Les derniers arrivent au refuge à 9h30. Nous dormons un peu moins de 2 heures, puis rangeons nos affaires. Nous arrivons aux voitures vers 15 heures.

Quelques remarques

1) Les puits des 2 Bœufs sont très bien équipés, et valent le détour. Je pense que notre terminus est accessible maintenant en tout temps toute saison.

2) Il faut équiper la traversée du sommet du Lavoir, et rééquiper plus loin de l’eau la dernière cascade.

3) Sur les courants d’air, il faudra fouiller le sommet du P58, peut-être que quelque chose a été raté et une fois le report effectué il faudra fouiller en surface pour trouver un petit trou à courant d’air. Le sommet de la faille du terminus doit être à environ 70 m plus haut que le sommet du lavoir, qui lui doit être à environ 190 m au-dessus de la rivière aux Excentriques, nous devons être assez proches de la surface.

4) L’eau du collecteur est visible en plusieurs endroits, mais arrivant systématiquement de siphons impénétrables. Il doit exister une zone noyée assez importante, ce qui expliquerait la présence de nombreuses diffluences et cascades dans cette zone. Ceci dit, cette exploration ne résout pas le problème de la provenance de l’eau du collecteur. Au vu des nouvelles avancées, je pense que nous pouvons éliminer l’hypothèse d’une provenance de la combe au Puaires. En effet, nous sommes structurellement au dessus de l’Urgonien

, hautement karstifiable, mais qu’il faudrait traverser si l’eau provenait des LS. Il est beaucoup plus probable que l’eau arrive soit du col des Chambres, soit des petits lapiés qui sont sous le glacier des Avoudrues. Il faudra voir avec le report surface, mais je ne pense pas que le collecteur corresponde aux pertes situées en amont du lac des Chambres. En revanche, peut-être qu’une partie de l’affluent provient de ces pertes. À confirmer.

5) Les puits des 2 Bœufs valent le coup d’œil, et du V11, c’est une balade facile et très sympathique !

Les photos de la sortie :

https://picasaweb.google.com/112036799780778478296/20120331GouffreJeanBernardGalerieDesAiguilles#

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