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214.1 - Historique du forage du Rupt-du-Puits
Jean-Pierre Descaves
samedi 4 juin 2016
Pour faire et comprendre l’historique du forage du Rupt-du-Puits, il est nécessaire de faire l’historique du développement des activités spéléologiques, liées au massif calcaire karstique de la forêt de Trois-Fontaines, qui va de Contrisson à Sermaize, Saint-Dizier, Savonnières-en-Perthois et Combles-en-Barrois, qui s’étend sur trois départements :
Le début de ces activités spéléologiques locales, animées par mon frère François (voir : Prévot D. (2006) - « in memoriam : François Descaves », Le P’tit Usania n° 93, USAN, Nancy, p. 4-5), remonte à la fin de
On peut distinguer deux périodes :
1° Le début des activités
Celle-ci va de la fin août 1944 à 1966, date de départ des troupes américaines, qui occupaient la forêt de Trois-Fontaines depuis 1950.
François était employé au camp américain et ne pouvait s’occuper de spéléo que le week-end. C’était l’époque de la découverte des premiers gouffres de la région, à l’aide de moyens rudimentaires et peu de matériel. Par exemple, je me souviens d’une descente dans le gouffre situé au centre du village d’Ancerville, près de la statue du Lion, fermé par une plaque de fonte, à l’aide d’une échelle en bois, type échelle de cerisier, amenée sur le toit d’une voiture Citroën traction avant noire. Les descentes dans les carrières souterraines de Savonnières-en-Perthois étaient fréquentes, avec l’organisation de journées d’accueil de groupes ; il y eut même un mini camp scout, dirigé par le docteur Nicolas Robin, de Bar-le-Duc, qui campait dans le sous-sol des galeries. Bien sûr, les gouffres des carrières, profonds de
Il y eut des journées réservées à des visiteurs importants pour la spéléo : M. Jean-Claude Suzanne, ingénieur au Corps des Mines, directeur de l’Agence de l’eau Rhin-Meuse à Metz, M. Marcel Guillaume, géologue, directeur de l’agence du B.R.G.M. Nord-Est à Metz qui a découvert et aimé la spéléo et qui par la suite a bien aidé pour l’exploration de la forêt de Trois-Fontaines.
À la fin de cette période, l’ensemble des gouffres, dolines, pertes, résurgences et grottes était assez bien connu, mais pas encore cartographié. C’est pendant cette période que François a fondé
2° Période B.R.G.M. puis D.D.A. de
Celle-ci va de 1966 au printemps 1975, date de la réalisation du forage du Rupt-du-Puits.
Au départ des troupes américaines, le camp fut fermé et tout le personnel civil licencié, dont François. J’ai alors réussi à le faire embaucher au B.R.G.M. Nord-Est, par mon ami Marcel Guillaume, comme collaborateur extérieur, en résidence à Robert-Espagne.
Son travail consistait à établir un dossier technique et scientifique sur chaque gouffre, doline, aven, bétoire du massif karstique de la région de Trois-Fontaines et de ses alentours jusque Contrisson, Savonnières-en-Perthois et Combles-en-Barrois. Le dossier vierge, avec ses fiches intercalaires, était fourni par le B.R.G.M. Il fallait situer l’ouvrage sur une carte I.G.N. au 1/25 000, relever les coordonnées Lambert zone Nord X-Y, l’altitude de l’orifice, le diamètre de la dépression, sa profondeur, s’il y avait écoulement des eaux fluviales vers le sous-sol, établir la coupe géologique des parois avec indication des étages géologiques relevés sur une carte géologique au 1/50 000, indiquer s’il y avait eu coloration des eaux à la fluorescéine, les points d’entrée et de sortie... Cette technique a permis de trouver des liaisons souterraines et des trajets de circulation des eaux souterraines. À la fin de cette mission, tous les gouffres étaient cartographiés avec précision, le réseau souterrain reconnu avec les circulations des eaux, les points de résurgence...
Dans les années 1970, il fait appel à Bertrand Léger, un plongeur spéléo parisien et son équipe pour passer les siphons des résurgences du Rupt-du-Puits et du Rupt-de-Fraignaux voisin et établir la cartographie du réseau de conduits souterrains, qui s’étend aujourd’hui sur
François fut alors muté à
C’est pendant cette période, que François eut l’idée de réaliser un forage en gros diamètre permettant de pénétrer, à sec, dans le réseau souterrain du massif de Trois-Fontaines, accessible uniquement par la résurgence du Rupt-du-Puits, par des spéléologues plongeurs pour passer le siphon noyé. Le projet était de relier la surface à une galerie souterraine, située en amont de la résurgence et bien connue des plongeurs. La profondeur estimée était d’une quarantaine de mètres à creuser. Le positionnement à la surface, à l’altitude
C’est ainsi qu’au printemps 1975, le forage a été réalisé : diamètre
Le forage est actuellement équipé d’une margelle en béton, d’environ
Voilà l’historique du forage, unique solution pour accéder au réseau souterrain dans de bonnes conditions. N’oublions pas que François en est l’inventeur et mérite son nom de « Père du Rupt-du-Puits ». Dans sa vie, François n’a eu qu’une seule passion : la spéléologie.
* N.D.L.R. : promise à destruction, la nacelle fut récupérée par Daniel Prévot qui la stocka pendant plusieurs années dans son verger à Trémont-sur-Saulx jusqu’à ce que le projet de l’exposer à