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237.3 - Lampes à acétylène anciennes

Christophe Prévot

samedi 12 mai 2018

Mon père Daniel (1940-2016) avait collecté au fil des années de nombreuses lampes à acétylène pour une collection privée qu’il exposait de temps à autre comme, par exemple, lors d’une exposition au centre Alexis Vautrin durant le mois d’avril 2011 sur l’invitation de l’association Art Détente.

À la suite de son décès, Bernard Sebille, spéléologue belge, détenteur d’un musée itinérant de matériel de spéléologie, avait demandé à ma mère Éliane, mon frère Nicolas et moi-même si nous étions prêts à nous séparer de quelques pièces pour son musée. Lors de sa venue à Nancy en janvier 2018 pour récupérer des lampes, Bernard a remarqué qu’il y avait beaucoup de lampes de la marque Mercier et nous a parlé de cette marque et des recherches qu’il a effectuées à son sujet et qu’on trouve notamment sur son site internet.

La lampe à acétylène fut inventée par le chimiste français Henri Moissan (1852-1907) en 1892. Fabriquée en deux pièces (réservoir à carbure et réservoir à eau) vissées l’une sur l’autre, cette lampe offrait l’inconvénient de fuir fortement ce qui était désagréable et dangereux.

Il semble que ce soit en 1902 que la première lampe à acétylène ait été utilisée pour servir d’éclairage dans une mine dans l’Est de la France à Longwy. Il s’agissait d’un modèle dû à Marcel Perbal, né en 1875 à Moyeuvre-Grande et décédé en 1937 à Longwy. Le 15 décembre 1903 il dépose un brevet pour un nouveau modèle (brevet n° 337.742) fait d’une seule pièce pour éviter les fuites, et destiné aux mineurs. Ce modèle voit apparaître une séparation du réservoir d’eau (remplissage par le haut) et du réservoir à carbure (chargement par le bas) avec tige de réglage pour le débit de l’eau ce qui facilitait la régulation du débit d’eau et de production de gaz. La lampe Perbal est d’ailleurs vendue chez Eicher à Nancy où travaillait alors Marcel Perbal au début du 20e siècle. Jules Delacour, né en 1869 à Augny-en-Moselle et mort en 1945 à Nancy, rachète en 1909 le commerce de lampes de Perbal situé à Charleville et lance les lampes JD ou lampe « Croissant » à Nancy.

Joseph Mercier (1863-1921), né à Saint-Étienne, était ingénieur civil des mines de l’école de Saint-Étienne (promotion 1887). Directeur de la mine de fer de Villerupt, il fonde une société et dépose un brevet d’invention pour une nouvelle lampe à acétylène pour mineur le 9 mars 1904 (brevet n° 341.065). Le brevet porte sur une lampe dans laquelle le brûleur et le distributeur d’eau sont disposés différemment des lampes existantes ce qui augmente la sécurité et facilite son utilisation, et sur le raccord fileté garantissant l’étanchéité entre les deux réservoirs. Le 5 juin 1906 il dépose un nouveau brevet d’invention qui perfectionne le bouchon de remplissage d’eau de la lampe : il présente un trou avec clapet qui permet d’éviter les surpressions de gaz et une chaînette qui maintient le bouchon relié à la lampe lors du remplissage.

Installé au 12 Grand-Rue à Jarville, Mercier se met à produire et vendre de nombreuses lampes dites « Étoile », reconnaissables à l’étoile à six branches située sur le réservoir d’eau. La demande augmentant, il déplace l’usine de fabrication au 12 sentier de Maxéville à Nancy. Il développe plusieurs modèles en fonction des besoins : type H, type 20°, type 45°, à feu central, à feu latéral ou de surveillance. Dans tous ses modèles le réservoir d’eau est en laiton fondu alors que le réservoir à carbure est en fonte, le tout sans soudure. À la suite de son décès ses enfants reprennent l’entreprise qu’ils renomment « Les enfants de J. Mercier ». L’entreprise propose la lampe Étoile en aluminium fondu, plus résistante et plus légère que le modèle classique en laiton, un modèle en matière moulée (bakélite), la Seta, ainsi qu’un modèle avec bec et réflecteur sur casque pour les mines, les galeries et l’exploration. En 1935 ils lancent même un brûleur adaptable sur les lampes permettant de les transformer en réchaud pour cuisiner (brevet n° 789.443 déposé le 1er mai). Rachetée en 1957 par Dominique Balourdet, l’entreprise ferme définitivement ses portes début 2000...

L’histoire de la lampe à acétylène est donc fortement ancrée en Lorraine à cause de l’exploitation minière, et en particulier sur Nancy grâce aux entreprises Mercier et Delacour qui fournirent 85 % des lampes de mineurs de la région.

Durant de nombreuses années mon père a fait de la spéléo avec sa lampe Étoile. Ceux qui l’ont connu se souviennent de cette grosse lampe très lourde (2,115 kg à vide) qu’il portait en bandoulière et dont il était fier.

Pour en savoir plus sur les lampes à acétylène, les brevets déposés par Perbal et Mercier, l’histoire de la famille Mercier... visitez le site de Bernard Sebille : http://eclairagesouterrain.com/eclairagecarbure.htm

Et aussi pour approfondir : http://thetunnel.free.fr/lampes/acetylene.html

Messages

  • Je viens corriger une grosse erreur.
    Je suis le dernier dirigeant de la société "les Enfants de J.Mercier"
    Cette entreprise n’a pas été reprise par Dominique Balourdet en 1957.
    Elle l’a été par moi , Claude Balourdet en 1981.
    Je l’ai reprise à Claude Mercier, âgé de plus de 80 ans, alors qu’elle était moribonde....J’ai usiné avec mon fils Dominique Balourdet toutes les pièces de fonderie brutes disponibles, contraint de vendre le matériel compte tenu de l’attitude des propriétaires des locaux, et transféré l’entreprise 75 Bd du 69ème RI à Essey les NANCY. J’ai transformé de fond en comble cette entreprise que j’ai dirigée jusqu’au 8 juin 1998, date de sa fermeture.

  • SOCIETE LES ENFANTS DE J. MERCIER...

    Mercier ne pouvait plus vivre de la fabrication de lampes à acétylène. Claude Mercier a donc tenté de l’orienter progressivement vers la sécurité dans les mines, aciéries et entreprises. C’était un autre métier qu’il ne maitrisait pas.
    Autodidacte, mon métier était précisément de diriger des entreprises tournées vers le matériel industriel. Il m’a proposé de reprendre "les Enfants de J. MERCIER"
    Un an plus tard, j’ai accepté.
    Tout en continuant à fabriquer des lampes "ETOILE" j’ai donc relancé l’entreprise sur la base de fabrication et négoce de matériel de sécurité dans toutes industries et administrations à main d’oeuvre , vendant les dernières lampes "ETOILE" usinées avant le déménagement.
    FIN.
    Voilà l’histoire des 18 dernières années de MERCIER

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