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243.1 - Il était une fois : les Branques ! (2e partie)

Théo Prévot

dimanche 4 novembre 2018

Pour la première partie (descente à ‑1 100 et déséquipement jusqu’à ‑600) voir Le P’tit Usania n° 242

Mercredi, Fabien étant motivé pour redescendre avec moi chercher les quatre kits et déséquiper les divers obstacles jusqu’à la base du puits Aldo nous chargeons la voiture et prenons la direction du gouffre. Pour Jean-Luc, Sabine et Olivier ce sera rando tandis que Pascal va aller faire joujou avec sa moto.

De retour sur le lapiaz nous nous changeons, prenons le kit bouffe/secours et entamons la descente. Cette fois on ne traîne pas et nous ne nous arrêtons pas pour faire de belles photos ou autres et nous arrivons en 1 h 30 au camp où nous retrouvons nos quatre boulets qui n’ont même pas fait l’effort d’avancer un peu... On fait alors une courte pause pour boire un coup et manger une barre et commençons à harnacher les kits avant de rebrousser chemin. Nous sentons bien la charge et les sangles des kits qui nous cisaillent les épaules mais la motivation de les remonter est bien plus forte. En prenant soin d’assurer nos prises de pieds nous avançons sans trop traîner la patte. Nous voici déjà à la cascade de la Tyrolienne, c’est fou comment ça va vite quand on ne remonte pas du fond ! J’en profite alors pour me débarrasser du kit bouffe que je donne à Fabien mais en réalité ce n’est que reculer pour mieux sauter car je prends à la place un kit vide pour pouvoir déséquiper. Viennent ensuite le ressaut du Fil de Fer puis la cascade du Petit Général, nous avons maintenant trois kits chacun et encore une centaine de mètres de dénivelé avant d’atteindre l’objectif de base, mais le moral et toujours là et on est bien décidé à en faire plus que prévu. La salle Bourgin et le lac Cadoux derrière nous, nous empruntons la Grande Galerie et arrivons à la base du puits Aldo. Yes !

Objectif atteint ! Nous déposons alors un kit et remontons, puis le temps d’attendre au « frac » je me dis que le temps doit se dégrader demain et que le puits Aldo n’est pas trop recommandé en cas de pluie. Je laisse donc mes kits au « frac » et redescends pour accrocher le kit sur la corde plein gaz et remonte aussi sec par les fractionnements tout en les déséquipant. Une fois en haut, on se dit que si on arrive à sortir avec le matos que nous avons là on aura vraiment fait avancer les choses pour le lendemain. On continue notre périple et regagnons rapidement la surface : T.P.S.T. environ 6 h. Je laisse alors mon matos à l’entrée pour ne pas le remonter le lendemain, aide Fabien à accrocher un kit par dessus son sac à dos et prends la claie de portage qui est alors bien chargée.

Une fois sur le parking nous retrouvons Marc qui nous fait une invitation pour boire un café dans son camping-car mais comme il nous reste encore une demi-heure de route nous préférons remettre ça pour une prochaine fois et partons car il semblerait que l’orage prévu en soirée ne va pas tarder. Fait est dit, nous avons tout juste le temps de décharger la voiture et de nous abriter sous la terrasse qu’il se met à tomber des cordes. Les autres sont d’ailleurs surpris de nous voir car ils nous attendaient plus tard et viennent de finir de manger il y a peu. Nous nous installons donc pour déguster le riz au poulet que nous a préparé Jean-Luc. À la suite d’une discussion sur les lampes (ben oui, on est spéléo donc si ce n’est pas nœuds, cordes ou technique faut bien que ça parle lampes...) nous allons nous coucher car il nous reste encore une bonne journée de déséquipement demain vu que les puits sont équipés en double.

Bon aujourd’hui jeudi c’est rebelote... On reprend la même route, la même marche d’approche et on remet ça. Je pars donc avec Olivier et Pascal en tête pour remonter les kits à la base du puits Garby d’où Jean-Luc, Sabine et Fabien les remonterons à la surface. Ayant pris du retard en faisant un shooting photo avec Pascal, Olivier a déjà fait un palan pour remonter le kit accroché dans le puits Aldo lorsque nous arrivons. Il finit donc de déséquiper le puits, et nous prenons les kits avec Pascal et commençons la remontée. Olivier se retrouve rapidement avec un nouveau kit plein et il reste encore un peu de corde avant d’arriver au puits Garby. Je lui prends donc le kit et décide de tracer devant pour déposer les deux kits en bas du Garby et revenir au cas où il y aurait encore du matos à remonter. Je retrouve alors Sabine et Jean-Luc à la sortie du premier méandre. Le temps de voir avec eux comment ça se passe et de leur laisser les deux boulets et me revoilà parti pour voir où en sont Pascal et Olivier. Je tombe rapidement sur Pascal qui me dit qu’Olivier n’est pas loin derrière. Je prends alors son kit et lui dis de l’attendre.

Après avoir remonté tranquillement le puits Garby (36 m), je retrouve Fabien. Les autres étant juste derrière, nous attendons un peu pour reprendre les kits qu’ils ont et pouvoir avancer dans le deuxième méandre. Maintenant il n’y a plus de surprise, on commence à bien connaître le méandre et par conséquent les prises de pieds. Une fois dans la salle du Cairn nous buvons un coup laissant ainsi le temps pour les autres de nous rejoindre. Nous regagnons en vitesse la base du puits Ruiz, Jean-Luc est en haut et demande s’il doit redescendre pour prendre un kit. Bon, demandé si gentiment on ne va pas dire non ! Il me rejoint donc et récupère un de mes kits et je reconnais que ce n’est d’ailleurs pas désagréable. La partie pour arriver aux trois ressauts Holidays étant équipée en double, mais par des cheminements différents, je demande à Pascal de déséquiper une partie à son niveau pour que je puisse remonter la corde et finir de l’enlever. Après un peu de tricot la corde est enfin retirée. Dernière ligne droite avant la sortie et me voilà de retour sur le lapiaz. Cinq minutes plus tard c’est bon on l’a fait.

Olivier arrive dans la doline, je lui prends son kit pour lui faciliter la fin du déséquipement et on peut enfin crier victoire ! Il nous aura fallu trois jours mais au moins on pourra dire qu’on a déséquipé le Berger ! Au passage on peut même dire que l’USAN a joué un bon rôle sur le camp Berger 2018 puisque c’est David qui l’a équipé et c’est nous qui l’avons déséquipé. Cependant la victoire n’est encore pas complètement acquise, il reste neuf kits pour quatre et une heure de marche...

- Moi : Allez, on a une claie alors on met déjà quatre kits pas trop lourds dessus ça passe.

- Fabien : Les gars vous êtes malades...

- Olivier : Bon ben je prends la claie, mais rajoute des kits dessus pour la photo.

La photo prise, Olivier commence à partir devant avec Fabien qui a, quant à lui, deux bons kits. Je me retrouve alors avec deux kits et Pascal aussi car il a récupéré mes affaires en plus des siennes. La claie étant vraiment lourde Olivier la passe à Fabien à environ un tiers du trajet mais Fabien aussi en a marre à environ un autre tiers. Je leur avais dit de la lâcher s’ils en avaient marre que je la reprendrais, on avait beau avancer mais personne... Bizarre quand même mais c’est aussi bien qu’ils y soient arrivés. Bon après coup c’est en fait un marcheur qui a bien voulu porter un kit pour les aider et heureusement car la claie pèse un peu ! Cette fois on dit au revoir à cette foutue marche d’approche, parking et route complètement défoncée même s’il y a de fortes chances de nous y revoir rapidement car c’était vraiment cool.

La nuit n’étant pas près de tomber et étant rentrés, nous prenons de l’avance en sortant les cordes des kits, en triant mousquetons et Dyneemas. Le temps de souffler un coup en prenant l’apéro et voici déjà que l’on pense à notre sortie de demain. David nous a conseillé un ‑400 sur lequel les Furets jaunes de Seyssins ont fait pas mal d’explos et qui est toujours équipé. Ah, bonne nouvelle ! Si on n’a rien à faire pour le dernier jour ça peut être assez sympas. Nous partirons donc sur le Delta 35 (D35 pour les intimes). Après avoir repris vaguement la topo sur une feuille Olivier nous explique un peu ce que lui a envoyé David et nous indique qu’ils mettent trois quart d’heure pour arriver au fond. Bon comme pour le Berger on a vu ce que ça donnait on va partir sur le triple pour nous. C’est alors que la petite équipe s’en va après un bon repas se coucher (petite car nous ne sommes plus que 5, Fabien étant parti durant l’après-midi).

Au réveil Jean-Luc nous dit qu’il ne sera pas de la partie car il a malheureusement mal aux cervicales. On se prépare et partons bien motivés pour découvrir ce fameux D35. Le chemin est de plus en plus endommagé et nous décidons de laisser la voiture ici tant qu’il y a de la place. Nous arrivons au bout d’une bonne heure de marche dans une pente bien raide à l’entrée du trou : premier bon point on l’a trouvé ! Maintenant il ne reste plus qu’à se changer et descendre quand j’entends alors une voix : « heu... les gars, je n’ai pas mon descendeur. » Bah pas grave, écoute, on y est donc on a plus trop le choix maintenant, je vais te filer le mien et je vais descendre au demi cab. De toute façon s’ils mettent trois quart d’heure il doit y avoir pas mal de passages qu’on peut désescalader. Je me lance donc en premier dans le trou. Jusque-là pas besoin de la corde mais par contre il y a un courant d’air de fou, je comprends mieux l’utilité de la Texair... Ça descend bien mais par contre je commence à avoir des doutes sur la recommandation de David. Les passages ne sont pas hyper larges et on commence à devenir un peu dégueu... Ah, il semblerait que les puits commencent à devenir un peu plus larges ! Je décide donc de faire une pause et de manger un bout pour laisser les kits ici car j’ai vraiment des doutes sur le fait que nous puissions aller au fond sachant que d’après la topo que nous avons on serait vers ‑150 et il reste encore un méandre un peu chiant à passer. Pas besoin de trop insister auprès des autres pour laisser tout ici et voir un peu comment est la suite avant de faire demi-tour, même si Olivier est bien chaud pour le fond. N’étant pas trop au courant de comment est la suite nous avançons un peu à reculons parce qu’on aurait franchement pu voir mieux dans la région. Après un joli puits nous arrivons sur un semblant de méandre qui donne sur une petite salle où se trouve une corde à 15‑20 cm du sol, tient... Étrange... elles sont bien basses les mains courantes ! Olivier passe en premier et s’enfonce alors jusqu’aux genoux ! Pas si bête, en fait, c’est une sorte de pont de singe pour justement éviter la boue. Olivier continue alors et s’enfile dans la diaclase devant lui.

- Olivier : Ce n’est pas franchement engageant là-dedans !

- Moi : Honnêtement je sens bien que ça va être ça tout le long donc je rebrousserais bien chemin avant d’être vraiment dégueu surtout qu’il n’y pas d’intérêt derrière.

- Sabine et Pascal : D’accord avec Théo le trou n’est vraiment pas ouf...

Bon ben demi-tour les gars, Pascal ne voulant pas venir jusque dans la salle je l’entends qui en chie à faire marche arrière au fond de la diaclase car il cherche à éviter la boue mais sortira pire que s’il était venu. Comme nous ne sommes pas sous terre depuis longtemps j’en profite pour prendre quelques photos en essayant de faire des effets à contre-jour. On remonte doucement mais sûrement car les têtes de puits ne sont pas toujours évidentes. En attendant un peu sur un éboulis de gravats je repère un fossile (plus précisément un oursin) comme quoi il n’est pas si pourri ce trou. Les revoilà, on ne devrait plus tarder à voir la sortie. Fait est dit, nous sortons après moins d’une demi-heure et en plus il fait soleil, que demande le peuple. Allez, on se change et on repart, ah non... j’entends de nouveau une voix ! Est-ce que je ne commencerais pas à devenir fou ?

- Mon petit Théo tu ne voudrais pas redescendre dans le trou ?

- Heu ça dépend, pourquoi ?

- Ben en fait j’avais posé mes genouillères par terre sauf qu’il y en a une qui vient de rouler dans le trou.

Par chance elle s’est raccrochée après une petite arête juste à la tête du puits (elle était tout de même bien descendue). Une fois dehors j’indique donc que le kit n’est pas loin non plus de dégringoler dans le trou donc qu’il n’est pas très judicieux de se changer à un mètre mais bon ça a le mérite de nous faire bien rire et d’avoir des histoires à raconter mais au moins pour une fois ce n’est pas moi (vous savez ce qu’il y a après la blatte ? eh ben moi oui).

De retour au camping Olivier passe un bref coup de fil à David qui doit récupérer tous les mousquetons et Dyneemas le lendemain avant notre départ. Au final c’est nous qui allons les lui apporter ce soir car il nous a invités. Après une heure de route nous voici enfin arrivés. Sur place on retrouve Florian et bien entendu David. Maintenant que nous sommes bien installés dans le canapé on va pouvoir parler D35… Comme nous le supposions, il nous explique que nous nous sommes arrêtés juste avant que ça devienne beau et grand, mouais ! Bon après tout c’est vrai que ça jonctionne avec la Fromagère et par conséquent avec le Berger donc c’est vrai que le collecteur ne doit pas être trop dégueu mais on verra ça une prochaine fois car pour nous la semaine s’achève demain. Un nouvel invité arrive alors, c’est Olivier Gente qui revient depuis peu d’une explo en Ouzbékistan. La soirée suit son rythme et les histoires du périple d’Olivier nous laisse bouche bée. Il est déjà minuit et comme demain nous avons de la route à faire nous ne tardons pas à plier bagage direction notre lit. Eh oui ça fait déjà une semaine que nous sommes dans le Vercors, c’est triste mais on doit déjà retourner sur Nancy mais c’est certain on reviendra !

Je suis bien déterminé à faire un jour Gournier car c’est maintenant la deuxième occasion que je rate et je suis encore loin d’avoir tout vu. Merci à tous ceux qui ont permis de pouvoir faire cette semaine qui fut bien chargée et à l’équipe des branques qui au final se sera tout de même bien débrouillée.

Veni, Vidi, Vici !

Les photos de Théo : https://www.facebook.com/pg/usannancy/photos/?tab=album&album_id=2143812649276197

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