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264.1 - Sorties au Val de Fer

Pascal Admant dit Bubu

lundi 3 août 2020

Depuis janvier 2019, j’ai eu le grand plaisir de participer aux sorties Val de Fer proposées par Pascal Houlné.

J’ai été très content d’y avoir emmené Paul, qui approche les 16 ans et d’y avoir vu aussi Nolwenn et William, fils de Gilbert. Entre eux et les « creuseurs » de ces galeries, il peut y avoir quatre générations ! À la grande époque de la mine, la Lorraine était riche et prospère.

De mes visites en 1970 à ma famille, qui habitait alors à Bainville-sur-Madon, je me souviens des ciels rougeoyants et d’une population nombreuse autant qu’industrieuse, qui s’affairait dans et autour des usines.

Quand je suis arrivé à Nancy en 1974 comme étudiant, je me souviens des paysages industriels et des installations encore en place ; un monde de poutrelles de fer, comme dans les temps modernes de Charly Chaplin.

Dans les années 1986-87 alors maître auxiliaire au SIUAPS, je menais déjà des randonnées pour les étudiants dans le secteur de la carrière Nanquette et au Val de Fer. Nous pouvions alors approcher le bâtiment accumulateur de minerais appelé Züblin, du nom de son architecte, et le traverser par les passerelles.

En 1991, dès l’ouverture de la galerie par les passionnés de l’A.M.O. (Atelier mémoire ouvrière) j’y ai emmené des groupes d’étudiants. Je me souviens de l’accueil toujours chaleureux et enthousiaste de Joelle et Michel Raoult. Je vois encore Michel, dans son inoxydable pull noir, été comme hiver. Je le vois encore manipuler le groupe électrogène, qui nous assurait alors la lumière à l’intérieur de la galerie. Nous y croisions alors M. Pretot, surnommé Mètre-Cube, MM. Discours, L’huilier, Henriet…

Aujourd’hui, l’A.P.C.I. (Agence du patrimoine et de la culture et des industries néodomiennes) s’engage au développement d’un vaste projet de mise en valeur du site du Val de Fer, dont un des points majeurs est la restauration du Züblin. Nous y sommes accueillis par Loriane et Vincent Ferry, entourés d’une nouvelle équipe de bénévoles.

Le but de ces randonnées est de reprendre contact avec la mine, signaler les signes d’évolution (éboulements, affaissements), la localisation d’objets et surveiller les circulations d’eau. À chaque passage, nous évoluons entre monotonie et émerveillement ; monotonie de la marche dans ces longs couloirs sombres et interminables (comme quand il faut revenir de Maron Nord) ou émerveillement face à des trésors souterrains connus ou redécouverts : trésors naturels, comme ces fistuleuses mobiles oscillant dans le courant d’air (voir L.P.U. 257) ou trésors patrimoniaux, témoins du travail de hommes, comme les piquetages d’observation des couches successives ou cette émouvante inscription des derniers travaux d’extraction à la fermeture de la mine en 1968.

En ce qui concerne les écoulements d’eau, nous avons suivi des canalisations posées par l’équipe de Fr. Boyette, inspecté des travaux de nettoyage de rigoles ; nous nous sommes questionnés à propos des sens de circulation de l’eau ; rien n’est simple dans ce dédale souterrain sur trois niveaux.

Dans les galeries du Nord-Est, celles qui sont curieusement proches de la galerie du Spéléodrome – Ouvrage de Hardeval, nous avons pu voir les mêmes manifestations des écoulements : dans les fissures et diaclases (parfois sèches ou animées par des petites sources) et dans les limites de couches.

Et à chaque pas, je me récite le sonnet que j’avais composé à la suite du WEI (week-end d’intégration) des élèves de première année de l’École des mines de Nancy en 1996. C’était alors une grande émotion de mettre de jeunes étudiants frais émoulus des classes préparatoires face aux anciens mineurs et leurs corps usés par le travail.

Au Val de Fer

Vallon du haut de côte, aux deux flancs entrouverts,

Tu offrais le passage de l’ombre à la lumière,

À l’ogre dévorant tes entrailles de fer.

La Lorraine en ce temps était riche et prospère.

Des hommes s’affairaient là sur des feux de Satan

À s’arracher les ongles sur des rochers tranchants,

À fondre la pierraille en fleuves d’opulence

Où de leur savoir-faire l’acier prenait naissance.

Aujourd’hui le fer dort et si la mine noire

Ténébreuse et suintante après ses heures de gloire

Veut cacher en son for le mystère et l’oubli,

Le témoignage est là quand les vestiges crient :

Conservatoire en herbe, grincement de métal,

Réveillez la mémoire du promeneur du Val.

Chaque terme est pesé et l’on y trouve les traces de Rimbaud et Lavilliers.

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