324.2 - Info CO₂ (juillet 2025)

Arrivé au congrès national de spéléologie aux Eyzies le vendredi 6 juin, je m’autorise une conférence le samedi matin après un tour global sur le site du congrès et un passage chez les exposants (le reste du temps sera consacré à des réunions le samedi après-midi et le lundi matin et à l’assemblée générale fédérale le dimanche).

Il s’agit d’une conférence d’Éric Van Den Broeck (le fabricant des détecteurs de CO₂ que nous avons achetés au niveau du club) intitulée « Le CO₂, l’effet sur le spéléologue et son milieu ».

Éric a abordé la présence et l’augmentation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère liée au réchauffement climatique dû à l’activité humaine (NDLR : selon une information de 2018 du Ministère de la transition écologique et solidaire, le taux de CO₂ dans l’atmosphère est passé de 345 ppm — 0,0345 % — en 1984 à 403 — 0,0403 % — en 2016. Dans un article de 2019, Arnaud Sacleux, journaliste à National Geographic France, indique que le taux de 2019 de 412 ppm correspond à celui d’il y a 3 millions d’années à l’optimum climatique du Pliocène.) puis dans les grottes. Ce n’est pas seulement le CO₂ de l’atmosphère qui vient s’accumuler dans les grottes, mais ce sont plusieurs facteurs qui conduisent à sa présence sous terre.

Parmi les points importants se trouvent :

• L’augmentation globale des températures (moins de jours de gel),
• Le déplacement du point de rosée (modification de la pression partielle de vapeur d’eau),
• La sécheresse (baisse du niveau des nappes phréatiques),
• Les activités racinaires et bactériologiques et le dégagement dû au concrétionnement.

De fait, les cavités se dégazent moins facilement qu’auparavant et ce dégazage s’effectue sur des périodes plus courtes que par le passé, donc les cavités souterraines ne se dégazent plus entièrement, voire plus du tout.

Ensuite la conférence a porté sur l’impact du dioxyde de carbone sur l’être humain en fonction de l’augmentation du taux de CO₂ : essoufflement, fatigue, accélération du rythme cardiaque, hyperventilation, pénibilité motrice, lenteur d’exécution des gestes, maux de tête, vertiges, perte de connaissance, asphyxie et décès. Une exposition de courte durée à des taux élevés peut conduire à des conséquences de longue durée comme des problèmes de vue, décollements de rétine, perte de sensibilité au gaz, accident vasculaire cérébral, etc.

Le conférencier a alors évoqué les divergences entre normes professionnelles, arrêtés préfectoraux et recommandations fédérales ainsi que des exemples de problèmes liés à la présence de CO₂ sous terre (en Ardèche les cavités ont un taux moyen variant de 2,8 à 3,5 % avec des pics de l’ordre de 5 à 6 % : la pratique y devient compliquée, voire impossible, sans mise en œuvre d’une aération ou d’un équipement spécifique de protection...).

En fin de conférence, Éric a proposé les points de réflexions suivants pour progresser sur le sujet du dioxyde de carbone en spéléologie :

• Créer un point de collecte spécifique pour les effets du CO₂ sur des spéléologues ;
• Lancer un appel à témoignage sur des gazages ;
• Créer un fonds documentaire et une base de données sur les taux de CO₂ en cavités.

La fiche prévention 4S (Sport Santé Sécurité Spéléo) « Le gaz carbonique (CO₂) » de la commission médicale fédérale (CoMed) précise qu’« il est très fortement déconseillé de s’exposer à plus de 5 % de CO₂ » car c’est à partir de 5 % de CO₂ que surviennent les premiers symptômes graves. Néanmoins, lors des questions à la conférence d’Éric Van Den Broeck, un médecin fédéral a suggéré d’éviter au maximum les cavités où le taux atteint les 2 % à cause des premiers symptômes qui peuvent apparaître (« un essoufflement important et anormal, une accélération du rythme cardiaque (tachycardie), de la fatigue, une lenteur d’exécution, une motricité pénible, des maux de tête, des nausées », Fiche 4S) qui peuvent poser problème dans le cadre d’une activité physique comme la spéléologie.

Bibliographie :

• Ministère de la transition écologique et solidaire. 2018. Évolution de la concentration en carbone de l’atmosphère (niveau mondial).
• Sacleux A. 2019. Le niveau de CO₂ dans l’atmosphère bat un record vieux de 3 millions d’années. National Geographic. — D’après Willeit M., Ganopolski A., Calov R. et Brovkin V. 2019. Mid-Pleistocene transition in glacial cycles explained by declining CO₂ and regolith removal. Science Advances vol. 5 fasc. 4. American Association for the Advancement of Science’s (AAAS). DOI : 10.1126/sciadv.aav7337.