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195.2 - La spéléo c’est l’Avenir

Olivier GRADOT

jeudi 6 novembre 2014

Dimanche 19 octobre au matin, il est 7 h 45, Marc, Marilyne et moi roulons vers les locaux de l’USAN qui sont situés sur le site de Nancy-Thermal.

Lorsque nous arrivons sur place, d’autres membres de l’association sont déjà là. Je reconnais Théo qui nous a guidés à travers la grotte des Sept Salles lors des journées de la spéléologie, et Nicolas qui lui nous a guidés dans la grotte des Puits.

Il y aussi Jean-Michel qui, le mardi précédent au gymnase, m’a fait répéter plusieurs fois les gestes à réaliser pour passer du mode « montée » au mode « descente » et m’a montré comment me servir d’un descendeur et en vérifier le fonctionnement correct.

Nous saluons tout le monde puis nous rassemblons le matériel pour la sortie du jour au gouffre de l’Avenir à Savonnières-en-Perthois. Nous vérifions les baudriers, les casques, prenons des tenues, des cordes, des kits de secours et l’ensemble du matériel nécessaire pour équiper le gouffre. Nous chargeons les voitures puis roulons en un mini-convoi de trois voitures en direction de la Meuse.

Environ une heure plus tard nous arrivons à destination, les grands-parents de Théo sont déjà sur place. Nous les saluons et commençons à nous équiper ce qui représente une tache bien laborieuse pour des novices comme nous, une demi-heure et quelques erreurs plus tard nous voilà prêts.

Nos cadres préviennent la gendarmerie de notre présence dans la cavité et précise le nombre de personnes constituant le groupe.

Notre équipe prend le chemin menant vers l’entrée de la carrière de calcaire dans laquelle se trouve le gouffre de l’Avenir. C’est un gouffre aveugle, c’est-à-dire qu’il n’a pas de connexion ouverte sur la surface.

Nous apprenons que la pierre de Savonnières a été exploitée dès l’époque gallo-romaine, et que celle extraite de ce site a été utilisée pour la construction de nombreux monuments et qu’elle pourrait constituer les blocs qui sont à la base de la tour Eiffel. Durant la Deuxième Guerre mondiale, le site a été annexé par l’armée allemande qui y avait un projet d’usine d’assemblage de missiles.

Arrivés à l’entrée de la carrière, nous entrons par une grille qui est fermée à l’aide d’un cadenas dont certains membres ont la clé, puis une fois à l’intérieur nous la refermons derrière nous et allumons nos lampes afin de pouvoir avancer dans l’obscurité.

La galerie principale que nous empruntons a été aménagée sur un de ses côtés afin d’y créer une sorte de petit trottoir qui a permis de rendre possible la visite de la carrière à des personnes à mobilité réduite dans le cadre de l’opération fédérale « Spéléo pour tous ». J’apprendrai plus tard dans la journée que l’association avait organisé une descente du gouffre de l’Avenir pour des personnes atteintes de cécité.

Après quelques minutes nous passons devant des champignons poussant à même le sol des galeries, quelques coprins qui prolifèrent ça et là. On peut distinguer le mycélium et ses ramifications. On nous explique qu’une champignonnière a été installée dans les galeries de la carrière, mais cette activité a cessé il y a quelques années.

Parfois nous trouvons des ordures laissées par des « fêtards » ayant utilisé l’endroit comme salle de fête sans prendre le soin de rapporter avec eux les sachets, bouteilles et autres restes de bougies, que pourtant ils n’ont pas eu de mal à emmener avec eux à l’aller. J’apprends que le site a été fortement pollué lors de free-parties qui y avaient lieu. Depuis quelques années la Ligue spéléologique lorraine organise chaque année en mars un nettoyage des galeries auquel la population locale est invitée à prendre part.

Après une dizaine de minutes de marche au travers du dédale de la carrière pendant lesquelles nous croisons d’importants blocs de pierre, nous arrivons à l’entrée du gouffre, l’aspect droit et lisse des parois de la carrière laisse place à un trou entouré de concrétions.

Le gouffre a été découvert pendant la période d’exploitation de la carrière, c’était d’ailleurs plus un souci qu’une bonne surprise pour les exploitants car à cet endroit la pierre était de mauvaise qualité et le gouffre devenait un obstacle qu’il fallait contourner pour continuer l’exploitation. Au grand malheur des spéléologues certains gouffres ont servi de vide-ordure et ont été comblés par des gravats.

Théo et Bertrand sont déjà dans la cavité, c’est Théo qui, sous la supervision de Bertrand, est chargé de l’importante mission d’équiper les parois du gouffre afin de permettre notre progression et assurer notre sécurité.

Autour de nous, nous voyons des graffitis laissés sur les murs pour certains par des carriers et pour d’autres par les spéléologues ayant visité ce gouffre. La fréquentation de l’endroit est importante, sa relative facilité technique étant adaptée à l’initiation des débutants.

Nous profitons du temps que nous avons devant nous pour réviser les gestes qui nous ont été montrés lors des entraînements en salle. Tour à tour, tous les novices se longent sur un bloc de calcaire et installent leur descendeur puis le vérifient.

Ceci fait, Christophe, qui avait ramené une lampe torche à ultraviolet, nous montre les propriétés de phosphorescence de la calcite qui est un constituant de la roche et qui après avoir été excité par un rayonnement UV réémet pendant quelques instants une lumière verdâtre.

On nous signale que le premier puits est équipé et que nous pouvons commencer notre progression dans le gouffre.

Le gouffre de l’Avenir est une succession de petits puits et de ressauts. Dès l’entrée passée on arrive au premier puits qui est entouré de belles concrétions. Nos cadres sont autour de nous et vérifient nos gestes en nous conseillant. En bas l’un d’eux nous assure, c’est-à-dire qu’il se tient prêt à tirer rapidement sur la corde pour arrêter notre descente en cas de problème. C’est plus impressionnant qu’au gymnase, mais aussi bien plus beau. Au final, après le premier pas, tout le monde se fait bien au passage du mode piéton au mode « araignée se promenant au bout de son fil ».

La descente continue, un deuxième puits, un troisième... Je suis content d’avoir tout le temps voulu pour prendre des photos, car vu le nombre de débutants dans l’équipe, notre progression est forcément assez lente. Je peste un peu de n’avoir pas pris d’éclairage supplémentaire pour réaliser des photos plus lumineuses. À partir du troisième puits, l’eau commence à ruisseler en continu des parois et le ruisseau souterrain évolue à nos pieds.

Nous continuons notre descente et passons par de belles salles aux parois sculptées par l’eau et le temps. Le dernier puits et précédé d’un petit méandre. Nous y restons quelques minutes en file indienne le temps que Théo trouve les points d’accroche où installer la corde sur laquelle il nous faut nous longer avant la dernière descente.

Une fois en bas, nous accédons à un superbe puits vertical d’une trentaine de mètres de haut : le puits de l’Avenir, nos lampes arrivent tout juste à en éclairer le haut d’où s’écoule l’eau qui s’écrase au sol dans une petite cuvette. Jean-Michel indique qu’avant l’utilisation de lampes à DEL, l’éclairage fourni par les lampes à carbure n’était pas suffisant pour voir le haut du puits depuis l’endroit où nous nous trouvons. En parlant de lampe à carbure, Bertrand, qui en avait ramené une, allume cette dernière pour nous faire profiter de la lumière plus chaleureuse que ces lampes produisent. On est tenté de s’y réchauffer les doigts car durant l’attente du reste du groupe on a eu le temps de se refroidir un peu. Théo est parti ramper dans le petit boyau qui part du fond du gouffre et en revient couvert de boue, l’endroit où il est allé constitue actuellement le point le plus bas de la cavité.

Sur une paroi est fixée une plaque à la mémoire de Pierre Fugeray. J’apprendrai plus tard que c’était une personne très impliquée dans l’activité spéléo et qu’il était très apprécié de tous ceux qui avaient pu faire sa connaissance (N.D.L.R. : Pierre Fugeray fut président de l’A.S.H.M., club de Saint-Dizier, et un des premiers explorateurs du réseau de l’Avenir).

Le froid nous gagnant, il est temps de se remettre à bouger pour nous réchauffer, Jean-Michel monte en premier pour surveiller d’en haut notre ascension. Nous remontons plus vite que nous sommes descendus et rapidement sommes réchauffés par l’effort. De retour dans les galeries de la carrière, nous attendons l’arrivée des autres membres et j’en profite pour faire quelques photos amusantes des membres sortant du gouffre.

C’est Théo qui monte en dernier et se charge de déséquiper le gouffre. Quand il nous rejoint il porte avec lui un sac sacrément lourd. En tout cas c’était un sans faute pour lui pour l’équipement et le déséquipement de la cavité.

Nous nous reposons encore quelques minutes puis prenons le chemin de la sortie après avoir vérifié qu’aucun matériel ou déchet n’a été laissé. De retour à la lumière du jour nous sommes accueillis par un beau soleil qui nous réchauffe rapidement et par le retour des odeurs végétales.

Nous prenons une photo de groupe, puis enlevons nos bottes et combinaisons pour retrouver le confort d’habits secs.

Tout le monde est content. Au final, entre l’entrée et la sortie de la carrière, il s’est passé presque six heures, il est temps de casser la croûte puis de dire au revoir à Savonnières-en-Perthois pour retourner à Nancy où nous rinçons le matériel avant de le laisser sécher.

Nous remercions ensuite nos cadres pour nous avoir guidés dans cette journée pleine de découvertes et les saluons avant de repartir vers nos foyers respectifs.

Vivement les prochaines sorties et encore Grand Merci à Théo, Christophe, Bertrand, Jean-Michel et Nicolas, nos très sympathiques (et patients !) accompagnateurs.

Reportage photographique d’Olivier Gradot et Christophe Prévot : http://photos.speleo.free.fr/category.php?cat=669&expand=1,483,669

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