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204.1 - Visite au Crotot

Olivier GRADOT

samedi 25 juillet 2015

Dans le courant du mois de juin se sont déroulées deux sorties organisées par Daniel pour la découverte de la grotte du Crotot en Franche-Comté. C’est une cavité découverte à la fin des années 70 et qui a été fermée au public afin de protéger son exceptionnelle richesse en spéléothèmes. Elle peut être visitée sur demande par des groupes de dix spéléologues au maximum qui devront être accompagnés d’un guide. Pour ma part j’ai fait partie du premier groupe qui a visité la cavité le dimanche 7 juin, la deuxième visite a elle été organisée le dimanche 21 juin.

Samedi 6 juin, 17 heures. J’arrive sur le parking de Nancy-Thermal où Daniel, Jean-Michel, Bertrand et son fils Rémi m’attendent. Je charge mes affaires dans la voiture de Jean-Michel avec qui je covoiture et nous partons en direction de Villersexel où nous avons rendez-vous avec Christine et Pascal ainsi que leur fils Vincent au camping du Chapeau Chinois. La route nous prend environ deux heures pendant lesquelles nous suivons la voiture de Daniel sous un beau soleil. À notre arrivée nous sommes rejoints par la famille Houlné ; la gérante du camping nous montre les deux chambres où nous passerons la nuit. Nous y déposons nos affaires et allons faire un petit tour dans le terrain de camping avant de passer à table sur la terrasse du gîte. Ce dernier est plus que correct, les sanitaires et les chambres sont bien équipées. Le terrain du camping est bordé par la rivière l’Ognon qui permet aux baigneurs de se rafraichir. Après un petit apéro, on nous sert nos plats : nous avions opté les jours précédents pour le menu « Saint Jacques de Compostelle », à noter que pour les groupes le choix doit être fait au préalable, il est aussi possible d’opter pour un menu franc-comtois ou pour des tartes flambées à volonté. Notre menu était composé de crudités suivies de dinde à la crème accompagnée de coquillettes avec pour dessert une tarte au pommes avec un peu de chantilly, le tout accompagné de quelques bouteilles de vins et d’un peu de liqueur de Génépi que nous avait ramenée Pascal dans une jolie fiole métallique. Peu après la tombée de la nuit nous rejoignons nos chambres pour être en forme le lendemain.

Dimanche 7 juin : nous nous réveillons à 6 h 30, et à 6 h 55 attendons de pied ferme notre petit déjeuner programmé pour 7 h 30. La fraicheur matinale s’estompe vite et on sent que le soleil va taper. Il fera meilleur sous terre aujourd’hui. À 8 h, après quelques bols de café, des céréales et quelques tartines de confiture, nous sommes sur le départ et saluons le couple d’Allemands qui ont petit déjeuné à nos côtés et qui reprennent leur randonnée sur l’un des chemins menant vers Compostelle. Nous parcourons rapidement la quinzaine de kilomètres qui nous sépare du village de Romain dans le Doubs où nous devons rejoindre Jérôme et Delphine ainsi que Roland Brun qui vient depuis Belfort et qui sera notre guide dans la cavité. Il est le frère de Jean-Marie, l’un des spéléologues du G.S.C.B. (groupe spéléologique de Clerval et Baume-les-Dames) qui, en 1978, ont ouvert la grotte du Crotot.

Nous avons rendez-vous au-dessus du village à l’entrée d’une carrière de calcaire ; lors de l’exploitation de cette dernière de nombreuses trouvailles archéologiques y ont été faites. Roland ne tarde pas à nous rejoindre et nous empruntons un chemin forestier tout proche pour rejoindre l’entrée de la grotte. Après une centaine de mètres dans les bois, nous sommes arrêtés par un forestier qui discute avec les passagers des deux premières voitures. Jean-Michel et moi sommes en troisième position et nous nous demandons ce que cet homme peut bien nous vouloir… Ce n’est que quelques centaines de mètres plus loin que nous comprenons… Le son trahissant l’évènement avant que nous puissions le voir : l’endroit où nous comptions nous garer est occupé par de joyeux lurons y ayant organisé une free party. Nous nous garons sous le regard curieux des « teufeurs » pour les nommer selon leurs propres termes et espérons que la gendarmerie ne viendra pas faire enlever nos voitures pendant notre temps sous terre. La tenue spéléo n’étant pas le genre d’uniformes que certains s’attendaient à croiser ce matin, nous attirons quelques curieux qui se demandent bien pourquoi nous nous équipons de la sorte. La curiosité est encore plus marquée lorsque nous devons traverser la fête pour nous rendre à la doline où se situe l’entrée du réseau, c’est l’occasion de faire quelques photos improbables et de devoir refuser les demandes émises par certains fêtards voulant nous accompagner (à l’haleine cela représentait déjà trop de risques, concentrer des vapeurs inflammables dans un endroit confiné n’est pas bon…).

Par bonheur nous ne sommes pas suivis et arrivons à la doline « perte du bois du Crotot » après avoir longé un chemin dont les bordures étaient joliment décorées de fleurs rose en papier toilette…

Après une brève introduction de Roland dans laquelle il nous explique l’historique de la découverte de la grotte et nous laisse imaginer l’excitation des premiers spéléologues y ayant pénétré, nous ouvrons la porte métallique scellant l’entrée et pénétrons dans le sol. Pour des raisons de conservation les lampes à carbure sont interdites dans cette cavité. Après quelques dizaines de mètres parcourus à quatre pattes dans quelques étroitures (pas trop étroites d’ailleurs), nous arrivons dans le collecteur qui constitue la rivière souterraine que nous allons parcourir en aller-retour sur deux kilomètres jusqu’à son actuelle salle terminale.

La météo étant de notre côté, le niveau de l’eau est assez bas, hormis dans certains points bas où le niveau monte à hauteur de cuisse ; nous avançons la plupart du temps avec de l’eau jusqu’aux genoux.

La hauteur de plafond est plus que luxueuse et dès le début du périple nous en prenons plein la vue : la cavité est fantastique ! La quasi-totalité du parcours est superbement concrétionnée et présente des spécimens de tailles hors normes et de formes féériques. Par précaution nous nous efforçons de marcher le plus loin possible des parois afin de prévenir toute casse de ces précieux paysages, autour des plus belles coulées, des rubans et des pancartes sont là pour nous rappeler de ne pas les toucher de façon à conserver leurs couleurs d’origines.

Roland nous indique au fur et à mesure de notre avancée la spécificité de la grotte et nous présente sa faune, nous ne croiserons pas (du moins pour ma part) de crustacés cavernicoles, mais à environ un kilomètre de l’entrée nous pouvons observer une salamandre noire et tachée de jaune immobile sous quelques centimètres d’eau.

Nous continuons notre avancée, je n’arrête pas de faire des photos car il y a de quoi faire : chaque recoin regorge de surprises, stalactites et stalagmites géantes, orgues de concrétions, forêts de fistulines, colonnes de calcite et concrétions inhabituelles en forme de disque ponctuent notre chemin.

Nous arrivons à la salle du Monument, sur quelques mètres nous avançons hors de l’eau et faisons face à la cathédrale qui est une cascade de concrétions blanches s’élevant sur une bonne dizaine de mètres. Un peu plus loin nous constatons dans la salle du saccage la bêtise de certains lorsque Roland nous montre les dégâts qui ont été fait de façon volontaire par certaines personnes mal intentionnées ayant projeté de la peinture sur les concrétions de cette salle… C’est sans commentaire… La tristesse de cette « œuvre d’art » de mauvais goût est rapidement oubliée quand nous arrivons dans la salle Charleroi qui est un dédale de stalactites et stalagmites géantes au milieu desquelles nous évoluons en zigzag. C’est la dernière grande salle avant d’arriver à la salle terminale qui signe pour l’heure actuelle la fin de la partie accessible de la cavité, il nous aura fallu une heure et quarante cinq minutes pour y arriver. Roland nous explique que nous sommes debout sur un effondrement et qu’un jour peut-être un puits ouvert rendra cette salle accessible depuis la surface. Il a de nombreuses fois entrepris des travaux de désobstruction afin d’ouvrir un passage vers la continuité du réseau qui doit d’après lui très certainement rejoindre les grands réseaux voisins. Pour l’instant la gloire d’ouvrir un passage reste encore à prendre et l’enjeu est de taille. Nous faisons une petite pause puis prenons ensuite le chemin inverse qui sera tout aussi agréable pour les yeux (et pour l’objectif de mon appareil photo) que l’aller.

À 14 heures nous sommes sur le point de sortir et comme à chaque sortie de grotte nous retrouvons les odeurs végétales de la surface. Une fois tout le monde dehors nous refermons la porte d’acier et retrouvons dés quelques pas la chaleur du soleil et… la basse hypnotique à souhait de la free party toute proche. Nous retraversons cette dernière et esquissons quelques pas de danse en rigolant, on nous propose de boire un coup mais nous refusons poliment car pressés de retrouver une tenue plus légère et des habits secs. Lors de notre visite qui aura au total duré trois heures trente, Daniel est allé nous chercher du pain tout frais et du vin du Jura. Une fois changés, nous nous éloignons afin de déjeuner sans bruit et avec le chant des oiseaux et c’est à l’ombre des arbres que nous cassons la croûte tranquillement avant de repartir vers nos chez nous respectifs.

Merci à Roland pour la visite de cette grotte « de Luxe » et un grand merci à Daniel pour l’organisation de cette sortie !

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