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216.1 - Les méandres, c’est fatigant...

Olivier GRADOT

samedi 30 juillet 2016

Vendredi 20 mai, 18 h, Gilles et Théo viennent d’arriver en bas de chez moi. Je les rejoins avec mes quatre grands sachets en plastique pleins d’affaires spéléos qui les font sourire. Direction Montrond-le-Château où nous arrivons à la tombée de la nuit après avoir fait une pause pâtés lorrains au bord de la route. À notre arrivée Sabine, Philippe, Valérie, Jean-Luc et sa moitié (oui je sais Jean-Luc...) sont déjà là. Harko me fait un clin d’œil et ne tarde pas à venir me manifester son amour passionnel en venant me sauter dessus et me couvrir de salive... On discute un peu du programme du week-end. Samedi ce sera le gouffre des Biefs-boussets et dimanche le gouffre des Ordons. Pour le samedi on formera deux équipes. Gilles, Théo et moi descendrons en premier et équiperons la cavité. Notre groupe tentera d’aller rejoindre le Verneau alors que le second s’arrêtera à la salle de Décantation. Sabine nous fait saliver en décrivant les plats qu’elle a préparés pour nous durant la semaine : lasagnes et tartes salées maison. On discute encore un peu, buvons tisanes ou bières, je montre aux autres quelques-uns de mes travaux graphiques puis vers minuit nous sommes tous couchés. À noter, les étranges lectures de Sabine qui retrouve Morphée après quelques pages d’un ouvrage traitant du phénomène des crues...

Samedi 21 mai. Nous nous réveillons vers 7 h 30, prenons notre petit déjeuner, préparons les kits en prenant de quoi équiper jusqu’au fond (malgré la quasi-certitude que toute la partie en amont du méandre aura été équipée par le C.D.S. local). Je demande à Sabine pourquoi nous n’allons pas tous au fond ; elle me répond que le méandre est assez technique et que ça fait une grosse sortie pour les débutants qui étaient avec nous. Sur le coup je me demande de quoi elle parle : j’avais regardé la topo et ça semblait une sinécure de descendre au fond (j’appris plus tard dans la journée qu’il ne faut pas se fier aux topos pour juger du temps nécessaire à passer 150 mètres de méandre avec deux kits...). Après concertation on indique au reste du groupe qu’on le retrouvera dehors à 20 h pétantes (Mouia... là encore on aurait dû prévoir de la marge...).

Nous chargeons la voiture puis Théo, Gilles et moi partons pour Déservillers. On arrive sur place à 9 h 45 et on se change sous un beau soleil. Une camionnette allemande est garée sur le parking et nous indique que nous ne serons pas les seuls dans la cavité. Comme on crève de chaud dans nos tenues on se dépêche de rejoindre l’entrée du gouffre. Cette dernière est superbe et se trouve en bas de grands rochers taillés par l’érosion. Théo commence à équiper et prend plaisir à critiquer à tout va l’équipement installé par les spéléos allemands : c’est vrai qu’il y a de quoi se poser quelques questions... Nous descendons assez rapidement, après le deuxième ressaut nous croisons les deux Allemands en train de remonter. Ils nous demandent où nous allons et lorsque nous répondons que nous allons jusqu’au collecteur ils nous répondent « bonne chance... » Nous continuons notre chemin et rapidement arrivons à la salle de Décantation où nous faisons une pause pour casser la croûte. Nous reprenons notre chemin après avoir jeté un coup d’œil à la topo, dans ma tête on allait mettre à tout casser une heure pour arriver au fond... Théo me dit qu’il ne faut pas rêver et une fois de plus il avait raison... Nous reprenons notre visite et après quelques mètres de ramping arrivons enfin à ce fameux méandre, et en effet on est loin de la sinécure que je m’étais imaginée, la première chose qu’on va maudire (enfin surtout Gilles et moi) c’est ce XXXXXX de kit bien lourd. Autant, quand on le pousse ou qu’on l’a sur le dos ça passe crème, autant, quand il faut manœuvrer avec en opposition en haut du méandre c’est beaucoup moins crème. Tant bien que mal et en suivant les conseils avisés du « Prof de Corde » on arrive (enfin !) au bout du méandre (hourra !). On aura abandonné le kit avant d’en sortir pour équiper un mini-ressaut pour en faciliter la remontée. Le reste du parcours est moins technique et comme prévu il a été équipé en fixe. On passe la salle Machin puis on enchaîne la dernière série de puits, le P17 vaut le détour, j’en prends plein les yeux. Arrivés en bas du dernier puits on a les pieds dans l’eau, une grosse coulée signale l’entrée du dernier passage avant d’arriver aux portes du Verneau. À partir de là c’est aquatique. On passe directement de l’eau aux genoux à l’eau jusqu’au cou : ça pique un peu, mais on est content à fond d’être arrivés là ! « Prof de Corde » est apparemment ravi à voir le large sourire qui lui traverse le visage. Je prends quelques photos, profite de quelques instants de méditation assis dans l’eau fraîche puis nous regardons l’heure : 15 h 30, faut pas traîner !

On croque un Balisto puis on repart : la série de puits à remonter nous réchauffe direct et on oublie vite qu’on est mouillé. On repasse par la salle Machin et c’est reparti pour le méandre en mode retour... sauf que c’est encore moins facile qu’à l’aller, la fatigue commençant à se faire sentir on avance moins vite et on se surveille mutuellement dans les passages en opposition dans lesquels il serait facile de faire un faux-pas et d’aller se casser une jambe au fond du méandre. Pour rajouter du plaisir, le chemin à prendre n’est pas évident à trouver et plusieurs fois il nous arrive de faire demi-tour pour essayer un autre chemin. L’heure passe et on comprend vite qu’on ne va pas être dehors à 20 h. C’est stressant de savoir que les autres vont s’inquiéter mais on décide de ne pas risquer d’accident en se précipitant. Une fois sorti du méandre j’ai l’impression que l’on vient de m’ôter une bonne épine du pied ! Plus d’opposition pour aujourd’hui ! En arrivant à la salle de Décantation nous entendons des appels et retrouvons Sabine et Jean-Luc qui, inquiets pour nous, sont venus à notre rencontre. Il est 21 h et on n’est pas encore dehors ! Théo et Sabine déséquipent ensemble derrière nous à une vitesse assez surprenante, une heure après nous sommes sortis. Il fait nuit noire et la pleine lune éclaire un peu le paysage. Il faut vite aller rassurer les autres qui nous attendent depuis des heures sur le parking. Je suis affamé ! J’aurai bouffé un mulot si j’en avais croisé un sur le chemin.

On retrouve les autres, je m’excuse platement pour le retard et l’attente... On se change puis nous retournons au gîte. Les lasagnes de Sabine vont prendre cher ! Une fois arrivé j’appelle Martine et Miltiade à qui j’avais donné rendez-vous au gîte en fin d’après-midi... Ils sont contents d’avoir des nouvelles mais ne nous rejoindrons pas pour le dîner car ayant trouvé le gîte fermé à leur arrivée et après une longue attente avaient décidé d’aller manger et de s’installer pour la nuit le long du sentier karstique (Miltiade avait eu la bonne intuition de prendre sa tente...).

Sabine va promener Harko et nous faisons réchauffer les lasagnes en buvant une mousse fort appréciée. Comme prévu les lasagnes y passent, mais nous avons la gentillesse d’en laisser pour demain afin que Miltiade et Martine puissent aussi en profiter. Une heure et demie du matin : au lit ! Ça n’a pas été dur de s’endormir aujourd’hui !

Dimanche 22 mai, réveil à 7 h « légèrement » courbaturé... J’ai juste le temps de lancer un café avant que Martine et Miltiade nous rejoignent. Théo et Gilles repartent, au programme pour Théo : plongée en Alsace à la gravière du Fort (courageux le type...). Martine, Miltiade et moi allons chercher du pain et des tartes à la crème pâtissière. On prépare ensuite le matériel. Je vérifie les baudriers de mes deux amis pour qui c’est une première sortie sous terre avec parcours sur corde. Une fois tout préparé, nous nous rendons dans les bois proches de l’entrée du gouffre que nous avons un peu de mal à trouver. Sabine équipe et je la suis pour descendre en premier et assurer les suivants. En descendant je peux profiter du volume de la cavité pour tester de ma nouvelle acquisition : une lampe Elspeleo « la Scurion du pauvre » en mode lumens au taquet. Perso je suis assez content du résultat, l’autonomie est plus que correcte et l’éclairage est bon et constant sur la décharge. Valérie et Philippe suivent et dès la descente comprennent que l’endroit vaut la peine d’être vu ! De même pour Martine et Miltiade qui eux aussi découvrent les Ordons. Une fois l’ensemble de la troupe en bas nous parcourons la cathédrale minérale en mode paparazzis. Miltiade a ramené l’artillerie photographique lourde. Cela nous a permis d’avoir des photos où la cavité montre de sa profondeur grâce à l’utilisation d’un puissant flash déporté. Nous restons une bonne heure à profiter du paysage unique de ce gouffre puis entamons le chemin du retour.

Nous nous régalons des tartes salées et des restes de lasagnes, trouvons encore de la place pour du fromage et un dessert puis c’est l’heure de briquer le matos et de rentrer chez nous sauf pour Martine qui restera un peu dans le Doubs pour randonner.

Merci à Sabine pour l’organisation et la préparation des plats, merci à tous les participants pour la sympathie et encore désolé pour notre retard du samedi, on prévoira plus large la prochaine fois.

Photos des Biefs boussets : https://www.flickr.com/photos/olivier_gradot/sets/72157668694048346/

Et aux Ordons : https://www.flickr.com/photos/olivier_gradot/sets/72157668834578615/

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