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232.1 - Trois jours dans le Doubs

Olivier Gradot

samedi 9 décembre 2017

C’est le jour du départ pour l’escapade estivale 2017 du Rat et du Lynx. Christophe vient déposer le Lynx sur le parking de mon travail et nous partons avec notre roulotte fraîchement équipée en direction de Nans-sous-Saint-Anne. Au départ, nous avions prévu de rejoindre directement les Alpes mais comme la météo y est exécrable et que nous n’aimons pas les orages en montagne, nous avons décidé de commencer notre périple par quelques cavités du Doubs. Pour ce faire, nous avons rajouté à notre matériel de montagne, de quoi équiper jusqu’à minimum -200 m donc la plupart des cavités doubistes.

Nous arrivons à Nans en début de soirée. Grâce à l’hospitalité de Nathalie nous n’aurons pas à dormir avec nos kits dans la roulotte et pourrons profiter du confort de son gîte. Comme le soleil brille encore lors de notre arrivée, nous décidons d’aller faire un tour à la source du Verneau pour prendre quelques photos et rêver d’une traversée prochaine de ce réseau légendaire. Nous complétons notre balade par une visite des porches des cavernes alentours que nous ne pourrons visiter faute d’éclairage. Théo fidèle à ses habitudes fait une trouvaille : un casque rouge de forme étrange... Peut-être bien un casque d’élagueur... (il trouve des trucs à chaque fois qu’on sort... soit il a de la chance, soit ce sont ses yeux de lynx...).

Notre Apéro-Verneau finalisé nous retournons au gîte de Nathalie et préparons les kits pour la sortie du lendemain. Notre objectif est le fond du gouffre de Vauvougier. Je me fais rappeler une fois de plus que je ne tasse pas assez mes kits (oui je sais Théo... un kit : c’est 200 m de corde de 8 mm et 50 amarrages...), quand les trois kits sont prêts nous allons nous restaurer à base de pâtés lorrains et allons nous coucher tôt pour avoir la patate le lendemain.

29 juin 2017

Après un petit déjeuner plutôt léger mais bien caféiné, nous chargeons la roulotte et partons en direction du village de Malbrans. Nous nous garons à côté d’un champ, nous nous équipons sous une petite pluie puis partons vers la doline d’où nous commencerons notre descente. Les nuages sont plutôt menaçants mais pas de risque pour nous, le Lynx a entre autres choisi le gouffre de Vauvougier pour le fait qu’il soit sec.

D’entrée c’est bien sympathique, on commence par un beau P38 aux beaux volumes. Le Lynx équipe en speed et moi je suis avec les deux kits qui me font un peu galérer dans la vire mais moyennant l’aide de ma pédale je me débrouille. Nous continuons ensuite par du méandre pas bien méchant, passons par le puits du pendule (P20), à nouveau un peu de méandre, un P12 (le puits ASCO) puis faisons une petite halte pour manger une barre de céréales et boire un coup de flotte. On attaque ensuite un méandre d’environ 70 mètres où mes kits ont décidé de passer leur temps à se coincer (comme d’hab...) puis nous arrivons à un P11 qui, une fois descendu, nous mène à la seule étroiture que nous aurons à passer. Rien de bien méchant, il suffit de se passer les kits et ça passe crème. Derrière l’étroiture, un petit ressaut de 5 m nous amène dans un nouveau bout de méandre qui nous conduit au ressaut Machpro (3 + 12). Nous suivons ensuite à nouveau un méandre, descendons le puits du Guano (P14) puis nous marchons entre de beaux rochers couverts de fleurs de gypse en direction de la galerie du Bétail qui est pratiquement la seule zone concrétionnée du gouffre. C’est l’occasion pour nous de sortir les appareils photos et de nous lancer dans une petite session de shooting. Une concrétion est particulièrement belle et nous rappelle le tripode du Verneau. Une fois satisfaits de nos clichés, on se dit que l’on pourrait, pour l’honneur, descendre le puits Barbau pour atteindre la cote ‑200. Théo installe une cordelette Dyneema sur ce que j’ai ensuite nommé « l’amarrage naturel le plus rincé de tout l’hémisphère Nord » (je vous rassure c’était que pour le début de la main courante) et part équiper le puits. De mon côté je patiente en coupant ma lampe (j’aime bien ces moments de vide) mais après une bonne dizaine de minutes je commence à me demander pourquoi je n’entends toujours pas « libre », je rallume la lumière puis j’appelle mon binôme qui me répond que pour l’équipement c’est assez le bordel là en bas. Il me demande si on poursuit ou si on remonte, comme l’heure file, on décide de faire chemin vers la surface.

Le retour se fait bien plus rapidement que l’aller. Le Lynx déséquipe en mode « rallye » et vers 20 h nous voilà dehors juste à l’heure pour le crépuscule. On se change sous un beau soleil couchant et retournons au gîte. T.P.S.T. : 11 h. Dans la soirée le Rat essaye de cuisiner (si, si ! c’est vrai ! vous pouvez demander au Lynx) mais il fout plus de pâtes en dehors de la casserole que dedans... décidément la cuisine c’est vraiment pas un truc pour le Rat...

30 juin 2017

On se réveille plus tard que la veille et comme le temps semble correct on se propose d’aller au gouffre de Vau pour y faire une session photo. Petit déjeuner pris et journal de bord rédigé, nous partons d’abord faire une balade autour de la source du Lison. Le soleil est au rendez-vous et c’est plutôt sympa comme spot rando-photo. Ceci fait, nous roulons vers les bois et nous nous garons dans une clairière à la fin d’un chemin forestier. Nous partons d’abord en reconnaissance pour localiser l’entrée du gouffre que nous trouvons facilement. Nous retournons à la roulotte pour nous équiper, y patientons quelques minutes le temps qu’une averse passagère s’arrête puis partons pour notre balade souterraine.

Le gouffre de Vau commence par un sympathique P40 au pied duquel nous croisons le Totem qu’avait fait Céline il y a quelques temps et de beaux spécimens de salamandres apparemment bien nourries. Passé le puits d’entrée, le reste du réseau c’est de la balade dans des galeries bien concrétionnées. Comme le gouffre se prête bien à la photographie nous avons ramené l’artillerie lourde et prenons le temps de réfléchir aux éclairages, aux mises en scènes et faisons des essais avec différentes techniques photographiques. Nous restons une bonne heure et demie à jouer les paparazzis entre les chouettes spéléothèmes du réseau puis décidons de ressortir ce qui sera fait illico-presto.

Pour le soir, comme les talents culinaires du Rat n’ont pas convaincu le Lynx, nous décidons d’aller nous prendre des pizzas à emporter à Salins-les-Bains. Durant notre dîner nous regardons la météo dans les Alpes... C’est toujours orageux et il a neigé au sommet du Grand Aréa (où nous avons prévu de bivouaquer)... Bon, si c’est comme ça on reste une journée de plus dans le Doubs... Le Lynx propose d’aller au fond du gouffre de la Baume des Crêtes pour rejoindre le collecteur et aller faire un coucou au siphon amont (jonction avec le gouffre de Jérusalem) et au siphon aval (jonction avec le gouffre des Biefs Boussets). Le Rat demande si ce n’est pas craignos avec la pluie prévue, le Lynx répond « Nan t’inquiètes ! On a des shorty néoprène, ça passe crème ! ». Adjugé vendu ! On a notre programme pour le lendemain.

1er juillet 2017

Ce matin nous n’avons pas envie de nous lever tôt alors ça n’est que vers 11 h 30 que nous avons fini de préparer le matériel et que nous partons vers Déservillers. Quand on se gare au bord du champ où se trouve l’entrée du gouffre il fait un temps digne d’un mois de novembre, brouillard, pluie et 11°C... Super l’été ! On s’équipe rapidement en prenant garde de ne pas oublier les shorty néoprène et on court se réfugier sous terre. On descend vite fait le super P40 d’entrée, on cavale à travers la première salle sans même prendre le temps de faire une photo, on traverse la salle du Réveillon en se disant que pour nouvel an c’est quand même un sacré bon spot (Big Up pour les sculptures de pierre en équilibre qui y ont été faites par des spéléos, ça rend pas mal !), on passe la trémie, la salle des Dollois, le boyau Boum et on descend le P15 qui nous mène à la salle du Carrefour juste avant la galerie des Chinois. On y fait une petite pause. Le Rat n’a pas faim et malgré les conseils du Lynx qui lui dit de manger il ne mange pas... tant pis pour lui (il est con parfois ce Rat...). On attaque ensuite la galerie des Chinois et à partir de là, la présence d’eau est quasi constante dans le parcours. Dans le passage bas (qui peut parfois siphonner) on commence à bien se mouiller. Après la galerie nous arrivons au niveau du puits qui nous mènera dans le collecteur. C’est le moment tant attendu de devoir se déshabiller pour enfiler sa tenue néoprène trempée et de remettre ensuite sa sous-combi et sa combinaison (toutes deux bien trempées aussi). L’instant est comme toujours jouissif à souhait et comme ça caille on ne reste pas là à philosopher et on part pour le collecteur. On commence par aller vers le siphon aval. De ce côté le niveau d’eau est toujours bas et on escalade de grandes collines de glaise qui feront office de toboggans bien amusants sur notre retour. C’est ensuite parti pour le siphon amont. De ce côté ça devient correctement aquatique, l’eau arrive souvent à mi-cuisse et dans certains bassins c’est plutôt à mi-torse.

Les paysages sont fantastiques, c’est le Rupt-du-Puits en version « méga », nous passons par des cascades tantôt équipées en fixe, tantôt escaladées par Théo qui les équipera ensuite. Dans ces dernières on achève de se tremper jusqu’aux os et à mi-chemin vers le collecteur je commence à sérieusement avoir la tremblote du mouton. Théo me voit en train de grelotter et me demande si on doit continuer ou si on doit faire demi-tour, je lui réponds « jamais de la vie ! » et après avoir fait quelques pompes pour me réchauffer, je lui dis qu’on va finir au pas de course pour que j’évite de me refroidir de trop. Après une quinzaine de minutes de marche aquatique nous arrivons enfin au siphon ! Check ! Le fond de la Baume des Crêtes en duo « Rat-Lynx » : ça c’est fait ! Je me gave de barres de céréales et de carrés de dextrose et après avoir pris nos faces en photo devant le siphon nous faisons machine arrière. Le retour vers la galerie des Chinois fini de me congeler et je bénis le premier puits à remonter car je sais qu’il va m’aider à me réchauffer. Au pied de ce dernier le Lynx fait sa trouvaille du jour, un « résidu » de mousqueton qui est un exemple d’école des ravages que peut engendrer la corrosion sous-tension sur les alliages d’aluminium (il le ramassera bien entendu pour sa collection d’objets typiques). De mon côté la remontée se fait avec prudence, j’ai froid et ça m’a collé les réserves d’énergie au niveau bas. Conscient que je suis fatigué je redouble d’attention pour ne pas risquer de glisser et de me fouler une cheville, ce n’est ni l’endroit ni le moment pour ça ! Et je n’ai pas l’intention de louper l’apéro ! Théo, vaillant comme toujours, déséquipe rapidement et nous arrivons vite au pied du puits d’entrée. Inutile de vous dire que nous avons gardé les néoprènes sur tout le trajet retour et ce n’était pas un luxe ! Il est minuit quand nous sommes tous deux de retour à la surface, les vaches et la pluie font office de comité d’accueil et c’est sous l’averse et le vent que nous avons le plaisir de nous changer. T.P.S.T. : 12 h. 9°C dehors...

Décidément quel début d’été ! Nous roulons au pas vers Nans et la douche chaude y est bénie. Théo sort le matos pour le faire sécher et je prépare l’apéro-dinatoire que le Lynx ne goûtera même pas car il vient de trouver des sachets de nouilles asiatiques et trouve particulièrement gastronomique le fait de les manger crues après les avoir saupoudrées de la poudre hydrosoluble faisant office d’arôme au bouillon dans lequel ces dernières sont censées cuire...

Nous regardons la météo des Alpes : demain c’est nuageux, mais ensuite c’est OK ! C’est donc décidé, demain on nettoie le gîte, on charge la roulotte et direction les Alpes ! (affaire à suivre très bientôt... en bande-dessinée !)

Le Rat dit un grand merci à mon ami et prof de corde Théo, aka Le Lynx, pour m’avoir emmené en duo dans ces sympathiques gouffres ! T’es un chef mec !

Et un énorme merci de la part du Rat et du Lynx à Nathalie pour nous avoir gracieusement offert son hospitalité durant ces sessions spéléo (on te revaudra ça !).

Les photos :

Source du Verneau : https://www.flickr.com/photos/olivier_gradot/albums/72157689351695734

Gouffre de Vauvougier : https://www.flickr.com/photos/olivier_gradot/sets/72157685456288004

Gouffre de Vau et source du Lison : https://www.flickr.com/photos/olivier_gradot/sets/72157687774560445

Gouffre de la Baume des Crêtes : https://www.flickr.com/photos/olivier_gradot/sets/72157686399130976

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