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256.1 - Camp du C.D.S. 54 dans l’Hérault (1re partie)

Olivier Gradot

dimanche 8 décembre 2019

Samedi 13 avril 2019, il est
environ 17 h quand, après une route de 10 h qui nous a
paru bien longue (partir un samedi de départ de vacances couplé à
des manifestations des Gilets Jaunes n’était pas optimal…), Théo
et moi arrivons enfin dans ce qui sera notre « camp de base »
pour notre semaine spéléo dans l’Hérault. Nous allons chercher
les clés de notre gîte « le Salagou » du nom du grand
lac artificiel que nous pourrons contempler depuis notre terrasse.
Sur ce dernier est collé un papier indiquant « Famille Véjux »
.
V’la la gueule de la famille, ah ! Nous commençons à
décharger notre matériel de spéléo et de plongée (ce qui a pour
effet de relever notre roulotte d’au moins 10 cm… c’est
qu’elle était bien chargée avec les blocs et le compresseur plus
tout notre bordel…). Peu de temps après Sabine, Pascal et Harko
nous rejoignent. Nous décidons d’aller faire les courses dans la
foulée et à notre retour Bubu et Paul nous rejoignent au gîte.
Pour ce soir on enclenche direct sur une session barbecue car avec la
température estivale que nous avons c’est de rigueur. On ne fera
cependant pas long feu, la route a été longue et nous voulons
profiter au maximum de notre semaine. Allez, tous au dodo !

Dimanche 14 avril, nous nous réveillons tranquillement vers 8 h et prenons notre petit déjeuner au soleil sur la terrasse. On se concerte pour la cavité du jour. Pour la mise en jambes nous choisissons l’aven du Mas de Rouquet, un petit gouffre descendant à ‑75m qui, d’après Bubu, vaut le coup d’être vu principalement pour ses salles finales joliment concrétionnées. Nous laissons Harko monter la garde au gîte et partons donc avec la roulotte du Rat et du Lynx et la voiture de Bubu en direction de la Pampa locale et trouvons malgré quelques détours (Bubu se dirige à la boussole en voiture… croyez-moi… c’est véridique) la zone du gouffre qui se situe sur un plateau auquel on accède en passant par la propriété de monsieur Lambert un éleveur de vaches que nous remercions d’ailleurs pour sa sympathie. Indice nous aidant pour nous confirmer que nous sommes au bon endroit : des spéléos sont en train de s’équiper. Nous allons les saluer et les suivons jusqu’à l’entrée du gouffre qui est un joli puits grand ouvert sur le soleil par lequel trois accès, dont deux brochés, sont possibles. Pour ne pas bouchonner nous laissons l’autre équipe descendre en premier et allons déjeuner tranquillement (sans pain faute d’avoir pensé à en acheter) avant de nous équiper et de nous diriger vers le gouffre.

Théo équipe le puits d’entrée sur la zone contre-parois et équipera le reste de notre parcours. Sabine préfère la descente plein gaz équipée par l’autre équipe. Le temps que tout le monde soit en bas nous prenons quelques photos et rejoignons ensuite la première salle où les vestiges d’une ancienne fromagerie sont encore présents. Nous continuons notre descente via un P6, un P8, un R3 et un R5, passons quelques jolies salles et après une erreur de trajectoire que nous corrigeons vite, arrivons dans une belle salle très concrétionnée où se trouve une superbe colonne stalagmitique.

Nous en profitons pour faire une séance photo appliquée puis allons ensuite vers la salle finale où nous rejoignons l’autre groupe. Nous y faisons quelques photos autour d’un petit lac (qui a été plongé mais qui s’arrête à la côte ‑3 m à cause d’un « bouchon de concrétions »), de jolis gours et jouons un peu de musique païenne sur des concrétions-xylophones pour patienter, le temps que l’autre groupe prenne de l’avance sur la remontée. Théo et moi déséquipons et nous sommes tous rapidement dehors sous un beau soleil. Bilan de la sortie : un petit trou certes pas très sportif mais qui vaut quand même le coup d’être fait car très joli. Nous rendons à l’autre groupe une plaquette qu’ils ont oublié en remontant et échangeons avec eux des infos sur les trous du coin. Une fois changés, nous regardons l’heure et comme nous ne sommes pas en retard pour l’apéro, Théo et moi décidons d’aller localiser l’entrée de l’évent de Veyrières où nous voulons aller plonger le lendemain sur les conseils de Franck Vasseur (un des plongeurs ayant activement participé à l’exploration de ce réseau depuis 1993) que Théo avait contacté il y a quelques temps. Les autres décident de nous accompagner malgré notre avertissement sur les « 2 km de piste à faire en voiture » avant d’arriver sur le spot. Après une vingtaine de minutes de route nous arrivons sur ladite « piste » près de Lunas et en effet elle relève plus d’une piste pour 4 × 4 que d’un chemin praticable en utilitaire... Je zigzague entre les cailloux coupants, les pneus font voler les caillasses et le bas de caisse de la roulotte prend cher… Nous voyons derrière nous la voiture de Bubu faire demi-tour rapidement. Théo passe devant et écarte les caillasses jugées les plus dangereuses. Après 1,5 km nous trouvons un endroit où faire demi-tour et la piste qu’il faudra encore demain emprunter en voiture, elle, semble encore pire que celle que nous venons de faire. Nous décidons d’y aller d’abord à pied. Nous évacuons les pierres et coupons les branches qui obstruent le passage et arrivons enfin dans la prairie où l’on nous a indiqué de nous garer. Étape suivante : trouver l’entrée du trou qui se trouve dans une « reculée karstique ». Croyant l’avoir vu, nous remontons vers une formation rocheuse, nous fouillons, mais rien. On continue de remonter le vallon, on croit à de nombreuses reprises trouver un indice, on se dit qu’il ne faudrait pas tomber sur des frelons asiatiques (la parano du moment pour le Rat), je pars dans la pampa sur plus de 500 m et reviens bredouille après avoir fait demi-tour quand j’ai entendu le Lynx m’appeler. Je pensais qu’il avait trouvé mais non… sur le coup on se demande si la plongée de demain n’est pas compromise mais c’est en arrivant au niveau de la voiture que Théo reconnaît une buse en béton qu’il a vu sur les photos consultées sur le net. Il me dit : « je me souviens ! c’est de là que les plongeurs partent », et en effet on va jeter un œil pas là-bas et trouvons finalement l’accès au siphon qui est fermé par une grosse trappe en acier qu’il faut soulever et fixer par sécurité quand elle est relevée. Nous jetons un œil au siphon dont le départ est un plan d’eau de 4 × 3m situé dans un porche bas de plafond. La visibilité n’a pas l’air terrible mais on verra bien demain une fois sous l’eau. Comme nous avons pris pas mal de temps à trouver l’entrée du réseau et que nous ne voulons pas rater l’apéro nous retournons à la roulotte et rentrons au gîte. Nous prenons l’apéro avec la troupe, Harko nous regarde avec ses gros yeux pour tenter de nous soustraire un maximum de saucisson (il n’a pas à se faire de soucis, vu la quantité que nous avons achetée il aura sa part…). Théo et moi préparons le matériel pour le lendemain et nous passons ensuite à table, ce soir ce sera pizzas. La soirée durera plus longtemps que la veille, les bières se vident et les récits d’anecdotes diverses et variées coulent à flots. Perso j’ai du mal à penser à autre chose qu’à la plongée de demain et du coup je me répète toutes les choses à faire ou à ne pas faire. Je ne faisais pas le fanfaron, mes collègues pourront le confirmer.

Lundi 15 avril, nous nous réveillons tous à 7 h 30 et prenons le petit déjeuner. Sabine, Pascal, Bubu et Paul choisissent la cavité du jour et se décident pour l’aven de Fouillac. Une fois le petit déjeuner fini Théo redonne un coup de gonflage aux blocs et nous chargeons la roulotte avec notre nécessaire à faire des bulles.

Nous roulons jusqu’à la piste menant à l’évent de Veyrières et grâce aux préparatifs de la veille nous arrivons sans encombre jusqu’au pré où nous nous garons. Nous commençons par installer les détendeurs et ramenons ensuite les blocs et les stabs à l’entrée du S1 après avoir fixé la trappe métallique avec une corde. Nous nous mettons ensuite en combinaisons et nous y voilà : je vais faire ma première plongée souterraine en siphon naturel (la « fausse » première ayant eu lieu au Spéléodrome de Nancy quelques semaines avant), je prends le temps de faire le vide, les yeux fermés durant cinq minutes histoire d’être serein et prêt à bien réagir en cas de problème puis nous nous rendons au siphon.

Forcément je galère à ramper les quelques mètres qui me séparent de l’eau avec mon bi 12 litres dorsal sur le dos. Une fois au bord de l’eau Théo me file un coup de main pour mettre mes palmes car avec ma carapace j’ai une mobilité assez réduite et le temps qu’il s’équipe je vérifie mon matériel. Une fois prêt il me dit « bon on y va ou quoi ? » avec l’intonation d’un type qui propose une balade digestive dans un parc. Bon bah oui alors… on y va !

Je prends le fil d’Ariane dans la main droite et me lance, niveau visibilité j’aurais espéré mieux mais j’y vois à plus d’un mètre alors pas de stress à ce niveau, tant que je peux voir l’état du fil et éviter un éventuel filet de pêche ça me va. Au bout d’une trentaine de mètres le fil s’enfonce dans le sol à un endroit sablonneux. Il a sûrement été recouvert en partie lors d’une récente crue. Théo qui me talonne vient me rejoindre, fouille un peu le sol, retrouve la suite du fil et replace ma main droite sur ce dernier. Nous continuons notre route et arrivons à une cloche d’air. Il me demande si ça va je lui réponds que tout est OK et nous replongeons, le fil indique 60 m, 70 m, 80 m, 90 m et puis ça remonte et nous arrivons dans le premier segment post-siphon. Nous enlevons nos blocs et allons voir la galerie jusqu’au siphon 2. Le chemin est plat, agrémenté d’une petite voûte mouillante ; il n’y a pas une grande distance et ce n’est pas trop accidenté alors nous revenons chercher le matos pour le ramener au S2. Sauf que… comme nous avions planifié de plonger au goul de la Tannerie le prochain weekend et que nous n’avions pas la place dans la roulotte pour prendre des blocs de volume variés, nous avons donc à traîner un bi 12 L et un bi 10 L… 180 mètres ça n’a l’air de rien comme ça mais je peux vous dire qu’on était content d’arriver au S2 (mes genoux se rappellerons d’une certaine glissade…).

Une fois rééquipés nous plongeons rapidement le S2 qui ne fait que 25 m et descend à peine plus profond que le S1 (5 m contre 3 m) et arrivons dans l’inter-siphon S2-S3. D’emblée nous oublions le portage car les volumes et la beauté de la galerie sont superbes. On dépose notre matériel de plongée et commençons notre balade aquatique vers le S3 : belles cascades, concrétions, sapins d’argile, plafonds magnifiques, bref que du bonheur. Nous prenons des photos, observons attentivement les moindres recoins de la galerie en nous disant que nous avons une sacrée chance de pouvoir visiter cette superbe galerie qui n’est qu’accessible qu’en plongée… Ça valait vraiment la peine de prendre tout ce temps en logistique préliminaire.

Une fois arrivés au S3 nous nous y rafraîchissons en nous y baignant puis faisons chemin arrière. Plonger le S3 sera peut-être pour une autre fois et avec des portages plus raisonnables. Autant le chemin entre le S1 et le S2 était faisable avec nos blocs, autant l’inter-siphon S2-S3 avec ses cascades et compagnie aurait pu nous poser de réelles difficultés.

De retour au S2 nous nous équipons et traversons rapidement ce dernier puis c’est reparti pour le portage jusqu’au S1… On fera la chose en deux fois… Ça passe mieux qu’à l’aller mais on est content quand ça se termine. On s’équipe une dernière fois pour la journée et avant de me lancer je me rends compte qu’avec les remous le retour va se faire dans la touille avec une visibilité quasi nulle. Je fais un petit test en allumant le spot de la lampe fixée sur ma main au taquet mais sous l’eau je ne perçois rien à part un point lumineux (c’est toujours ça…). Théo me dit « surtout garde bien le fil en main » et je lui réponds que je n’ai absolument pas l’intention de le lâcher et me mets à l’eau.

C’est une sensation un peu bizarre de nager à l’aveuglette… Je suis doucement le fil et prends bien garde de ne pas m’emmêler dedans et de l’autre main je tâte un peu le terrain devant moi histoire de pas me prendre un rocher dans le masque. On arrive à la cloche d’air, on replonge, je compte les marquages présents sur la corde tous les 10 m et rapidement je refais surface à l’entrée du réseau immédiatement suivi de Théo.

On ressort et il fait beau : chouette ! On trimbale une dernière fois nos blocs vers la roulotte, on se change pour remettre des habits secs et on croque un bout de saucisson. Théo me demande « alors ça t’as plu ? », « et comment l’ami ! Merci beaucoup de m’avoir emmené ! ». Les affaires chargées, nous reprenons la « piste de Xapatan » avec mille précautions et l’aide de Théo qui poussera la roulotte dans un virage où cette dernière aura eu un peu de mal.

Contents de cette belle journée nous rejoignons les autres au gîte. Ils nous aident à ramener notre matériel sur la terrasse et tous ensemble entamons les festivités du soir en faisant ripaille tout en nous racontant nos sorties respectives. Les autres me disent « bah tu vois t’es pas mort… » suite à mes quelques appréhensions de la veille après avoir vu que l’eau du siphon était loin d’être cristalline « dommage c’était l’occasion de nous débarrasser de toi » rajoute Pascal. Nous apprenons que Bubu a fait de la spéléo en lunettes de soleil ce jour suite à l’oubli de ses lunettes de vue  ah, ah sacré Bubu ! Pour demain l’équipe des taupes de l’est est motivée pour l’aven Barnabé. Nous regardons les topos et la liste du matériel qui est nécessaire. La soirée finira tard et pour ma part le duvet sera le bienvenu !

La suite dans le prochain numéro…

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