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318.1 - Vauvougier, 4 janvier 2025

Théo Prévot

mardi 4 février 2025, par Bertrand Maujean

Participants : Marius, Hugo et moi (Théo)

Comme d’habitude ce ne sont pas les objectifs qui manquent pour s’occuper dans le gouffre, ou plutôt comme je le dénomme désormais, le réseau de Vauvougier. Je suis intimement convaincu qu’il existe au moins une autre entrée naturelle d’autant plus que depuis quelques temps nous sommes plusieurs à avoir fait le constat d’un courant d’air dans la cavité.

Ayant vu récemment Marius dans un 7c à Climb Up (salle d’escalade privée) et Olivier (son père) m’ayant sollicité pour lui faire une petite sortie sportive je nous concocte quelque chose digne de ce nom ! Au programme, sécurisation du sommet du puits Coucou où un beau bloc reste encore à évacuer à la suite de nos travaux de désobstruction. Ce point marque un sacré tournant, la jonction avec le réseau Fournier nous permettant un accès plus direct à la zone du bivouac et par conséquent un gain de temps pour travailler dans les zones lointaines des réseaux AGA et des Cracs Badaboums. Une étroiture sera à élargir sur le trajet dans le réseau Fournier puis nous viserons une escalade d’une trentaine de mètres qui nous fait de l’œil depuis un moment dans l’amont du réseau AGA.

Tout le monde est ok et chaud patate, le réveil initialement prévu pour 6 h se fera un peu en retard pour ma part, les courtes nuits de la semaine commencent à se faire sentir (c’est ça qu’est boooooon !).

Ici il fait froid, les ‑9° C à l’extérieur nous forcent à ne pas trop traîner.

Nous entrons sous terre à 8 h, la descente jusqu’à la Grande Galerie se fait sans encombre. Le tir effectué quelques jours auparavant au sommet de la série P4/P11 (on peut considérer que c’est un P15 franchement) est plus qu’appréciable, nous laissons le réseau des Photographes dans notre dos et poursuivons jusqu’au puits Coucou. Hugo s’installe tranquillement pendant que Marius file voir le chantier, je le rejoins et l’initie à l’usage des pailles. Trois tirs plus tard et nous voici en bas du Coucou, alors les gars, ça fait quoi d’être les troisième et quatrième à atteindre ce point en passant par là ? Personnellement je suis quand même satisfait du travail que nous avons abattu en si peu de temps… et voir cette belle verticale face à nous alors qu’il y a encore quelques mois nous arrivions du bas en nous disant : putain ça serait classe et plus rapide d’arriver par le méandre du haut. C’est désormais chose faite !

La progression dans la galerie Fournier est d’abord un peu grasse puis l’arrivée à l’étroiture du R2 nous contraint à retirer le baudrier sans quoi il n’est pas possible de la franchir. Deux tirs plus tard le passage passe beaucoup plus aisément et avec le harnais cette fois ! Nous désescaladons le ressaut, poursuivons dans le méandre (à noter la présence d’un beau miroir de faille) avant d’arriver sur un premier passage qui nécessiterait une corde, il faudra l’équiper prochainement. La progression évolue et se fait en opposition, les parois s’assèchent pour laisser place à de beaux plaquages de gypse. Nous prenons de la hauteur, Hugo ne prend pas trop son pied avec les 5-6 m qui nous séparent du « fond » du méandre. Marius, lui, court devant. Ce passage sera également à équiper, il ne faudrait pas se prendre une boîte ici ! Le dernier point permettant de rejoindre la galerie des Dos d’Ânes se fait en rampant et se contorsionnant. Les rôles s’inversent, Hugo préfèrent largement, Marius, lui, un peu moins, il ne manque pas de nous le faire savoir. Nous rejoignons le bivouac pour effectuer une pause bouffe et reprendre un peu de matos avant de reprendre la route direction le réseau AGA.

Nous y voici, les mousquetons zicral laissés en fixe sont bien dégueulasses il faudra les changer à la descente par des maillons rapides acier (apprentissage par l’échec ou par l’expérience… à l’époque nous étions encore jeunots eheh). La coulée de calcite tant attendue s’offre enfin à nous, nous faisons le point sur l’itinéraire le plus pertinent pour atteindre l’objectif du jour (à savoir : le sommet de la coulée). Je montre l’usage des Pulses à Marius et c’est parti ! Les quinze premiers mètres se font à bon rythme pour une première en artif. Un frac est équipé pour limiter le tirage. Je monte, puis Marius poursuit son ascension, d’ici nous découvrons le départ d’un puits que nous ne pouvions voir du bas. La configuration du lieu est surprenante et je ne serais pas étonné que sa descente donne sur un secteur non connu car il ne semble, à vue d’œil, pas correspondre aux galeries connues en dessous. Un nouvel objectif, mais finissons déjà le nôtre !

Après une seconde tirée de même longueur Marius prend pied sur une margelle, il se sécurise et met en place un frac pour que nous le rejoignons. Une dernière petite montée en libre le long de la coulée lui permet d’arriver dans une salle ; ce n’est pas énorme nous dit-il mais ça a l’air de continuer, il va jeter un œil. Après plusieurs minutes le revoilà : « arrêt sur étroiture, mais en retirant le harnais il y aurait peut-être moyen de passer tu veux aller voir Théo ? » Et comment que je veux aller voir ça ! Retirer le baudrier ici ne serait pas forcément l’idée du siècle, je le rejoins je verrai en haut pour le retirer.

Je me lance à mon tour le long de la coulée, ça grimpe bien même si ce n’est pas bien large, j’ai bien fait de garder le harnais, se la coller ici ne serait pas le truc le plus joyeux d’autant que la probabilité de rater la margelle et finir 30 m plus bas n’est pas non plus à exclure. Je retire le baudrier puis poursuis, un premier rétrécissement nécessitant déjà un peu de réflexion pour passer et enfin le second évoqué par Marius. Pour moi ce n’est clairement pas franchissable en l’état, mais tentons quand même. Après deux tentatives en vain je me convaincs qu’il faudra revenir effectuer des petits trous. La suite semble s’élargir et un truc m’interpelle, je sens comme un léger courant d’air frais. Venons-nous de trouver le passage qui permettrait enfin de remonter davantage ? Rappelons que nous sommes autour des ‑110 m actuellement. Je redescends, sécurise proprement la corde puis laisse la place à Hugo qui confirme à son tour le léger courant d’air frais. Ça sent boooooon les copains !

L’heure a bien tourné, nous hésitons à jeter un œil au puits découvert lors de notre ascension mais concluons que la journée est déjà bien amortie et regagnons la base de l’escalade baptisée l’escalade du Filou. Je rééquipe le ressaut entre le puits Pépette et le puits de la Plateforme pendant que les autres mangent un bout. Nous redescendons en renouvelant les mousquetons par des maillons rapides (ce n’est pas du luxe !). ‑185 m, maintenant direction la surface ! Nous retrouvons la sortie pour 23 h portant notre temps passé sous terre à 15 h. Je crois que nous sommes tous d’accord pour dire que nous sommes bien cassés, je ne connais pas exactement le dénivelé parcouru mais avec toutes ces montées/descentes on doit bien être équivalent à un ‑350 m.

Encore une belle sortie pleine de surprises, l’année 2025 s’annonce prometteuse. Nous approchons le kilomètre de cordes déployées dans le réseau et si je ne m’abuse nous venons dépasser les 200 m cumulés d’artif. Un peu de nostalgie quand je repense à ce que nous avons pu faire dans ce trou qui continue encore à nous laisser de petites découvertes… Ce n’est pas de la grosse explo me direz-vous, mais nous avons tout de même bien progressé en quelques années et nous continuerons à le faire en formant et initiant des gens dans ce projet qui, je l’espère, aboutira un jour à une belle publication !

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