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70.4 - Sur les traces de Poincaré le cataphile

Daniel PREVOT

mercredi 1er janvier 2020

Le monde entier a entendu parler de Henri POINCARÉ né à Nancy en 1854 et décédé à Paris en 1912. Ses talents de mathématicien, physicien, astronome, philosophe... le classent en tête des grands esprits du XXe siècle Le 150e anniversaire de sa naissance a été, est et sera jusqu’à la fin de l’année à Nancy, l’occasion de conférences ou manifestations dont son œuvre considérable est l’objet. Suite à une coïncidence fortuite, cette année est aussi celle en France du bicentenaire des lycées napoléoniens, dont le lycée... Poincaré, qui fut donc fêter à double titre.

Mais quel est le rapport entre POINCARÉ et la spéléo direz-vous ?

Rappelons un aspect de Paris, souvent ignoré des parisiens eux-mêmes et fabuleux pour ceux que les domaines souterrains attirent, à l’aide de cet extrait de l’introduction du livre référencé ci-dessous dans la note* :

« L’aventure du Paris des profondeurs commence avec les carrières. Le calcaire, au sud, le gypse au nord, ont été exploités dés l’antiquité et en souterrain à partir du XIIe s. Ces carrières d’où furent extraites les pierres qui servirent à bâtir la ville, étaient situées à sa périphérie, mais l’extension continue de l’espace bâti abolit rapidement cette distance ; dès le XVIIe s., de vastes périmètres urbains reposaient sur le vide.

Les effondrements de plus en plus fréquents incitèrent la puissance publique à engager à la fin du XVIIIe s. de formidables travaux de consolidation du sous-sol à l’applomb des façades de chaque rue : il en reste près de 300 km de galeries, principalement sous la rive gauche, comme une réplique de la trame urbaine en surface. »

Ces galeries qui reproduisent entre 15 et 20 m sous terre le maillage urbain des rues de la surface, en portent le nom. Cela permet de bien se situer quand on est en dessous. 150 km de ces galeries sont bien accessibles.

Après ces travaux de consolidation commencés sous la direction de Charles Axel GUILLAUMOT, il fut entrepris à partir de 1785 le déménagement des ossements des cimetières de Paris dans un infime partie des carrières, que l’on appela Catacombes en référence aux catacombes de la Rome antique. Plus récemment les spéléos parisiens intéressés par l’exploration de ces carrières prirent (ou furent désignés sous) le nom de cataphiles.

Henri POINCARÉ entré premier en 1873 à l’École Polytechnique fit à partir de 1876 un passage à l’École des Mines de Paris pour obtenir en 1877 son diplôme d’Ingénieur du Corps des Mines. Dans le programme des cours de formation des futurs ingénieurs du corps des Mines figuraient naturellement des cours de topographie. Dès la fin du XIXe siècle l’École utilisait les carrières souterraines sous-jacentes comme site privilégié pour les Travaux Pratiques de topographie. Les élèves étaient groupés en brigades. Ces brigades lors de leurs TP de topo ont généralement laissé trace de leur passage. Il ne pouvait en être autrement de la brigade dirigée par POINCARÉ.

Gilles THOMAS (*), spéléo cataphile parisien bien connu, m’avait signalé cette possibilité vraisemblable de trouver dans les carrières les traces du passage de POINCARÉ, que finalement suite à ses recherches souterraines il a découvertes.

Samedi 17 avril dernier, sous la conduite de Jean-Paul DELACRUZ (*), un autre grand spécialiste cataphile nous avons visité les carrières avec un but pour moi : photographier ladite preuve du passage de POINCARÉ découverte par Gilles avec lequel nous avions rendez-vous sous terre. L’inscription est la suivante :

3ème Brigade 1876
Poincaré - Linget - Lafitte - Jeantet - Sanguinetti - 3ème Brigade épate l’administration

avec une autre présentation que celle ci-dessus.

Gilles m’a remis des copies de lettres qu’Henri POINCARÉ a adressé à sa mère en 1876. Dans l’une d’entre elles (du dimanche 23 juillet 1876) on peut y lire :

« Catacombes et catacombes, tels sont les évènements principaux de ma vie depuis vendredi. Elles ont cela de bon qu’il y fait très frais : j’y passe les heures les plus chaudes de la journée de midi à 5 h et je suis très étonné en remontant de trouver la température des tropiques. Elles n’ont rien de bien curieux par elles mêmes ; cela ressemble à des couloirs de cave ; c’est muraillé presque partout ; dans les environs de la gare de Sceaux en dessous, bien entendu se trouvent réunis les os de tous les cimetières expropriés de Paris. Ils forment une rangée de cinquante stalles environ de 5 mètres cubes chacune à peu près. »

POINCARÉ fut donc bien un précurseur des cataphiles modernes.

Gilles a découvert une autre inscription relative au travail « gigonnaire » (i.e. en plus) de la 3e brigade, Nous devons y retourner samedi 26 juin afin de la photographier.

Ont participé à cette inoubliable sortie : Noëlle ANTOINE, Pascal CUXAC, Christine et Pascal HOULNÉ, Marie MARTIN, Pascal ODINOT, Daniel PREVOT, Cyril WIRTZ avec en surface (exploration du vieux campeur...) : Éliane PREVOT et sa sœur Anne-Marie CHOPPIN. Quand nous parcourrions la rue saint Saint Jacques, celle du dessous bien entendu, on pouvait entendre selon certains, les cliquetis des caisses enregistreuses provenant des niveaux supérieurs...

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