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168.1 - Scialet Neuf - printemps 2012

Stéphane LIPS (G.S. Vulcain)

dimanche 29 juillet 2012

Le dernier épisode de la saga « Scialet Neuf - printemps 2012 » a eu lieu le week-end des 23-24 juin. L’équipe était constituée de 3 Usaniens (David, Lulu et Dom), 1,25 Grenoblois (Dominique Faure et 1/4 Xa ;-) et 5 Lyonnais (Gae, Cécé, Fred JR, Fred Delegue et moi-même).

Quasiment tout le monde dort au bord du trou vendredi soir, sauf Dom et moi qui arrivons samedi matin, ainsi que Xa, qui ne sera avec nous que par la pensée (et par ses messages sur nos répondeurs). Visiblement, la soirée a été dure et le réveil est tardif... Mais la motivation est toujours là. J’accompagne Fred à l’équipement (entrée sous terre vers 11h30), les autres suivent plus ou moins loin derrière. Nous trouvons l’équipement en place vers ‑140 m, plus tôt que prévu. Tant mieux, ça nous fait gagner du temps ; tant pis, nous aurons porté un kit en trop pour rien.

David nous rejoint à ce moment-là et nous enchaînons rapidement les autres puits en modifiant quelque peu l’équipement (pour ceux qui se demandaient où étaient passés les sangles et les amarrages du club, ne vous inquiétez pas, on les a retrouvés : les extrémistes du doublage de frac avaient frappé fort !). Nous ne sommes donc que trois quand nous arrivons au fond... Après avoir fait le tour de la zone, David ne tient plus et il attaque l’escalade des cataphiles : il remonte la grande coulée stalagmite et finit par tomber sur un colmatage de concrétions. Ce n’est pas très engageant...

En redescendant, on repère une autre arrivée parallèle qui semble relativement facile à atteindre. David l’attaque franco et il a le temps de planter deux spits à la main avant que le reste de l’équipe n’arrive avec le perfo. Celui-ci sera tout de même utile pour finir d’équiper la traversée qui donne accès à un petit puits remontant. Un spit d’assurance et quelques mètres plus haut, David s’enfile dans une faille remontante. Fred et moi le rejoignons rapidement. Au sommet, une étroiture défend l’accès à la suite. Vu que c’est boueux et étroit, c’est moi qui m’y colle. Quelques coups de marteaux permettent de déconcrétionner le passage. La suite est une faille verticale de 60 cm de large qui remonte sur 2,5 m. Au sommet, on bute sur un laminoir de 60 cm de haut par 1,2 m de large qui part à gauche et à droite. C’est très « mignon ». À droite, rien à faire, ça se bouche au bout de 4 m ; à gauche, par contre, un courant d’air se fait sentir, mais de l’argile colmate partiellement le passage...

Ouvrons une parenthèse.

Ce type de situation est courant lorsqu’on pratique la spéléologie d’exploration. Quel explorateur ne s’est jamais retrouvé allongé dans un boyau de merde, balayé par un courant d’air frais, mais en grande partie colmatée ? Les copains sont de l’autre côté d’une étroiture et d’une curieuse manière, ils ne semblent pas presser de la franchir. Ils s’étonnent que ledit explorateur ne bouge plus et ne parle plus... En fait, ledit explorateur réfléchit. Oui, il réfléchit. Deux solutions s’offrent à lui :

· La première est de dire « ça queute ! ». Dans ce cas, tout le monde fait demi-tour, on retrouve les potes et on déséquipe l’escalade. On se fait une bonne bouffe pour finir la nourriture tous ensemble dans la bonne humeur et on remonte tranquillement en déséquipant la cavité avec le sentiment du devoir accompli. Les bières nous attendent en surface, c’est parfait !

· La seconde est de dire « ça s’agrandit derrière, y’a du zef, y faut juste creuser un peu ! ». À ce moment-là, tout bascule : la sortie se rallonge de quelques heures, on pourrit complètement le matos et les hommes et on creuse jusqu’à épuisement... tout ça pour gagner quelques mètres car on sait pertinemment que ça va queuter quelques mètres plus loin. Pendant ce temps, les autres personnes se caillent les miches et la remontée va être galère car tout le monde sera crevé... Bref, pas une sinécure.

L’explorateur est alors seul à prendre cette dure décision...

Revenons au récit.

Je suis tenté par la première solution, mais au dernier moment, je me dis que je ne pourrai plus jamais soutenir le regard du Xa si je lui cache la vérité... Je commence donc à désober la glaise à coup de marteau... On n’a rien mangé depuis le petit déjeuner et la faim commence à se faire sentir. David sent le coup foireux venir et se dépêche de se proposer d’aller chercher les cataphiles pour la relève. Fred est toujours là, stoïque. Gaetan et Cécé arrivent peu après, mais le ventre tout aussi vide que le mien. Cécé se dévoue pour me relayer au creusage. Gaetan et Fred commencent à redescendre en faisant la topo. Coup de marteau après coup de marteau, nous avançons doucement. Cécé me laisse franchir l’étroiture (pourquoi toujours moi ?!?), qui donne dans une microscopique galerie de 1,2 m de haut pour 80 cm de large, bien sûr entrecoupée d’une étroiture supplémentaire. J’avance de 4 mètres avant de buter sur un nouveau passage bas à désober. Je tente de forcer le passage sans creuser, mais Cécé me rappelle à la maison « Allez, on se casse d’ici ! ». Je regarde l’étroiture une dernière fois, hume le courant d’air s’enfiler vers l’inconnu et me résigne à faire demi-tour. « Tant pis, on y enverra le Xa équipé d’une massette et d’un piochon ! »

Le retour est rapide. L’ensemble de la première doit bien faire 30 m de développement !

Le reste n’est plus qu’un enchaînement de spéléos remontant le P65. Nous déséquipons l’escalade des cataphiles, Fred rééquipe la nouvelle escalade correctement et nous avons le temps de manger et de boire avant que notre tour de remonter arrive. David ferme la marche en déséquipant. Les puits se suivent et les kits se remplissent. La seule interruption sera vers ‑70 m où Cécé nous fait une blague en remontant la corde dans un puits derrière lui. Après quelques essais, c’est David qui arrivera à la récupérer grâce à un lancer de corde magistral. Les derniers ressortent vers 1 h 30 du matin : ça y est, le scialet Neuf est déséquipé !

Comme d’habitude, on refait le monde jusqu’à 4 heures avant de daigner se coucher. Une grasse mat’ plus tard, nous lavons le matos aux Baraques et rentrons tranquillement dans nos pénates !

T.P.S.T. : 14 heures maxi

Bon, maintenant, il n’y a plus qu’à rééquiper le trou pour aller voir la suite de ce boyau : si le courant d’air passe, on doit pouvoir le suivre !!!

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