176.4 - Cæcosphæroma burgundum (Dollfus, 1896) : les stations découvertes dans le Bajocien lorrain

(extrait de Scories Spécial Biospéologie n° 410 janvier 2013 ; manuscrit publié par l’auteur pour la commission Biospéologie de la CPEPESC Lorraine)

En Lorraine, l’isopode stygobie Cæcosphæroma burgundum, Dollfus, 1896, a été reconnu dans treize stations différentes, selon les données que nous avons pu rassembler à ce jour sur une période qui part de 1940, année de sa découverte à Gorze (57), à 2012 (Fig. 1 ; SSB n° 311, 312 et 314).

Le Bajocien et le Toarco - aalénien accueillent neuf de ces stations (1, 2, 4, 5, 6, 7, 11, et 13). Le Bajocien est formé d’une séquence alternée d’étages calcaires et d’écrans imperméables déterminant ainsi une succession d’aquifères dont les plus anciens jusqu’aux plus récents sont les suivants : les calcaires ferrifères de l’Aaléno – toarcien, les calcaires à Polypiers, les calcaires oolithiques, (de Jaumont, au nord, de Miliaire au sud), les calcaires de Doncourt.

Sur ces neuf stations, cinq sont implantées dans des habitats naturels qui se développent dans le karst souterrain tandis que quatre stations ont été découvertes dans des espaces résultant du travail de l’homme dans ces mêmes horizons : travaux hydrauliques (sources / fontaines – galeries drainantes de captage d’eau...), concessions minières (mines de fer souterraines).

Pour sept de ces stations, mieux connues que les autres (1, 2, 4, 5, 6, 7, et 13), il est possible de porter une appréciation plus précise et plus technique sur la nature des habitats où a été observé Cæcosphæroma burgundum ainsi que sur la position d’origine des stations dans ces habitats.

Nous noterons d’emblée que cet isopode n’a pas été observé (encore !) dans des étages géologiques antérieurs au Toarco – aalénien.

Un certain nombre d’observations s’imposent d’ores et déjà sur les stations de Cæcosphæroma burgundum dans le Bajocien lorrain :

· Les stations demeurent peu nombreuses par rapport à l’étendue du territoire étudié et ce, malgré les prospections nombreuses dont il a fait l’objet.

· Si la répartition des stations à toute la Lorraine bajocienne depuis Bazoilles-sur-Meuse (88) au sud jusqu’à Mont-Saint-Martin (54), au nord, le tissu est très discontinu ; les stations sont éparses (par exemple, près de 40 km séparent Gorze (57) de Villers-lès-Nancy (54).

· La Lorraine demeure la limite de répartition géographique septentrionale de Cæcosphæroma avec la station de Mont-Saint-Martin (54) : à notre connaissance, l’espèce est absente du Benelux.

· Des stations ont été découvertes dans tous les aquifères du Bajocien.

· C’est toutefois dans l’aquifère des calcaires de l’Aalénien qu’elles sont les plus nombreuses (trois) mais en l’état des données nous ignorons si l’espèce occupe un habitat originel ou s’il s’agit d’un nouveau milieu de conquête résultant du travail de l’homme : cette remarque est particulièrement vraie pour les anciennes mines de fer (n° 5 et 6). Le captage de Gorze (n° 1), a contrario, montrerait qu’une population de Cæcosphæroma occupait naturellement cet aquifère. Nous remarquons enfin, qu’à Villers-lès-Nancy (n° 13), l’espèce occupe, à la fois les aquifères de l’Oolithe miliaire et des calcaires à Polypiers.