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193.1 - Les crustacés stygobies du réseau de l’Avenir

Bernard HAMON (extrait de Scories Spécial Biospéologie n° 432, mai 2014, revue de la CPEPESC Lorraine)

mardi 2 septembre 2014

(extrait de Scories Spécial Biospéologie n° 432, mai 2014, revue de la CPEPESC Lorraine)

Volet I : Présentation générale

Le réseau de l’Avenir (carrières souterraines de Savonnières-en-Perthois, Meuse) se développe dans le karst du Barrois (calcaires du Jurassique supérieur) à Savonnières-en-Perthois dans le département de la Meuse (voir extrait de carte I.G.N. Bar-le-Duc n° 5619 ci-contre).

C’est au cours du creusement de carrières souterraines que le réseau fut découvert. Les publications relatives au réseau concernent principalement la spéléologie et la géologie. De nombreuses topographies avec remises à jour ont été réalisées depuis une cinquantaine d’années et publiées par les instances spéléologiques.

Ce n’est qu’au commencement des années 60 que des biospéologues se sont, à leur tour, penchés sur la faune cavernicole, en particulier aquatique, de ce milieu souterrain. Parmi ces intervenants il convient de citer : M. Bourguin, F. Descaves (1926 – 2006), F. Devaux, le professeur R. Ginet (1927 – 2014), F. Herriot et plus récemment D. Prévot et J.-M. Goutorbe. Nous présenterons le rôle de chacun dans ces découvertes et observations ultérieurement.

Nous notons, d’emblée, qu’au niveau biologique les informations recueillies depuis 1960 demeurent modestes (faune, environnement, habitat, climat,...) dans cette cavité.

Le réseau souterrain est au contact d’aquifères de hauteur et de profondeur de l’endokarst, alimentés par les précipitations météoriques sur le large bassin versant qui surplombe le massif calcaire. La zone profonde termine sur un siphon d’eau à -45 m. Les réseaux supérieurs sont parcourus par des ruisseaux avec présence de sources, suintement et mares.

La Grande Viaille supérieure est un exemple d’une partie de ce réseau modelé et traversé par une petite rivière souterraine pérenne et active. C’est dans cet habitat aquatique qu’ont été reconnus trois espèces différentes de crustacés, à savoir :

  • deux isopodes :
    • Cæcosphæroma burgundum, DOLLFUS, 1896
    • Proasellus species, probablement P. cf cavaticus ;
  • un amphipode :
    • Niphargus schellenbergi, J. KARAMAN, 1932

L’isopode Cæcosphæroma burgundum est certainement le crustacé le plus représentatif de l’Avenir et nous lui consacrerons un article spécial dans un futur numéro.

L’amphipode Niphargus a été découvert en 1962 par F. Herriot alors membre du Spéléo-club de Metz. Les spécimens collectés avaient été adressés au professeur R. Ginet qui avait alors diagnostiqué Niphargus aquilex (in litt., du 3/3/1965). Depuis, le complexe aquilex a été taxonomiquement reconsidéré consécutivement aux décisions prises en 1969 lors du premier Colloque international consacré au genre Niphargus qui s’est tenu à Verone en Italie. Des descriptions plus précises ont été réalisées, notamment par le britannique Gledhill en 1980. De même des recherches moléculaires (A.D.N.) ont permis d’obtenir des résultats très précis. Ainsi en 2003 le professeur R. Ginet a procédé à une révision des Niphargus de Savonnières-en-Perthois collectés 40 ans plus tôt. Il a conclu qu’en définitif les amphipodes étudiés en 1965 appartenaient à l’espèce Niphargus schellenbergi. Il nous l’a confirmé dans un courrier daté du 15 mai 2003 qu’il nous a adressé. Cette espèce est très répandue en Lorraine où elle est reconnue dans plus de 120 stations alors que Niphargus aquilex n’est présent que dans une douzaine de sites.

Niphargus schellenbergi, BALAZUC, 1954 (in : Ginet, 1996)

Le 21 août 2013, J.-M. Goutorbe, spéléologue et président du GERSM, prenait des clichés de Cæcosphæroma à la Grande Viaille. Sur l’une des photos nous y reconnaissions l’isopode Proasellus (S.S.B. n° 421 d’octobre 2013). Le stygobie n’a pas été collecté : il n’a pu être authentifié et il n’a pas été revu depuis lors. Il pourrait appartenir à l’espèce Proasellus cavaticus, la plus fréquemment observée en Lorraine et dont la présence serait parfaitement dans ce genre d’habitat. En l’état, nous retiendrons la présence d’un Proasellus cavernicole dans le réseau de l’Avenir qui restera à déterminer et qui constituerait ailleurs la première observation de cet isopode dans le département de la Meuse.

Proasellus, à gauche du cliché (J.-M. Goutorbe)

Isopode Cæcosphæroma burgundum (J.-M. Goutorbe)

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