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200.2 - À la découverte du Spéléodrome

Olivier GRADOT

samedi 4 avril 2015

Le dimanche 15 février 2015, une sortie organisée par François Nus et Jean-Michel Guyot m’a permis de faire la découverte et la traversée partielle du site nancéien du Spéléodrome.

Il est huit heures du matin quand je sors de Villers en direction de Maron pour rejoindre notre site de rendez-vous au parking de la Haute-Borne. Le temps est nuageux et la température proche de 0°C. C’est un temps parfait pour aller se réchauffer sous terre.

Quand j’arrive sur place François est déjà là avec l’un des quatre « novices-visiteurs » dont je fais partie. Je les salue et pendant qu’ils vont déposer du matériel au puits que nous emprunterons pour descendre, je me mets en tenue (cette dernière étant encore pleine de boue, un « cadeau souvenir » de la grotte Sainte-Reine de Pierre-la-Treiche, je me suis dis qu’une sortie en environnement aquatique ne lui ferait que du bien).

Peu de temps après, l’équipe est au complet et nous sommes rejoints par Daniel qui nous informe qu’une équipe alsacienne sera aussi dans les galeries du site ce dimanche.

À 8 h 30 nous sommes à l’entrée du puits de la Vierge. Ce dernier tient son nom d’une petite statuette chrétienne se trouvant à proximité. C’est un puits de faible diamètre, environ 1,5 m à l’œil, mais qui est d’une profondeur intéressante pour s’entraîner sur corde : 63 mètres.

Le puits est équipé et François se charge de faire descendre Giacomo, Michel et Ugur, c’est ensuite Jean-Michel qui descend pour m’assurer et puis c’est à mon tour de descendre (en faisant râler Jean-Michel qui m’indique que je descends bien trop lentement à son goût). François descend en dernier et referme le puits derrière lui.

Il fait meilleur en bas qu’en haut ! On m’expliquera plus tard que la température de l’intérieur des cavités souterraines est environ égale à la moyenne annuelle des températures extérieures sur le site. Pour notre balade je pense qu’on a pu profiter d’un bon 10-12 °C.

Le temps que François nous rejoigne, nous avons déjà fait quelques pas le long du cours d’eau claire qui s’écoule à nos pieds et contemplons les concrétions de calcite formées par un orifice de captage d’eau au plafond de la galerie.

La première chose qui me marque est la blancheur de la calcite, pour ma part c’est la première fois que j’en vois d’une couleur aussi « propre ». La deuxième chose frappante et l’étonnante rapidité avec laquelle ces concrétions se sont formées (en environ un siècle seulement). Au pied de ces concrétions (au niveau du plancher horizontal) on remarque des formes qui rappellent en miniature celles des fontaines de calcaires en Turquie. Le fond du cours d’eau parcourant la galerie est parsemé de petits minéraux ronds, blancs et brillants. Il s’agit de pisolithes aussi appelés « Perles des Cavernes » et qui sont la résultante de la précipitation du carbonate de calcium dissout par l’eau autour d’un petit corps ayant servi de catalyseur pour la nucléation de la calcite.

Notre traversée commence par un récit qui nous relate l’historique du site. Nous apprenons son mode de réalisation par une centaine d’ouvriers, sa mission d’origine (un approvisionnement plus important en eau potable rendu nécessaire par la forte croissance démographique qu’a connue Nancy après l’annexion de l’Alsace-Moselle par l’Allemagne en 1871), le faible laps de temps pendant lequel il a été utilisé (1906-1932) car remplacé par une installation industrielle de purification de l’eau de la Moselle grâce à l’ozone et son « acquisition » par les spéléologues nancéiens dans la deuxième partie du vingtième siècle après que ces derniers aient réalisé le fort potentiel de ce site présentant beaucoup de similitudes avec un site naturel où se pratique la spéléologie (présence de puits permettant des exercices d’ascensions et de descentes sur cordes, présence d’une rivière souterraine, présence de différents spéléothèmes, présence de bassins submergés permettant l’entrainement à la plongée... Et tout cela aux portes de Nancy).

Nous avançons les pieds dans l’eau le long de la galerie principale, à chaque orifice de captage d’eau se sont formées des concrétions de calcite dont les couleurs sont différentes suivant la charge minérale de ces dernières, nous en voyons des foncées qui sont la résultante de la présence de manganèse, des rouges qui sont elles chargées en fer. Certaines ressemblent à des fleurs minérales dont les pistils seraient de l’eau jaillissante en leurs centres.

La couche de roche dans laquelle a été creusée la galerie renferme de nombreux fossiles de rostres de bélemnites et d’ammonites.

Par endroits, nous croisons des cascades de calcite qui sont le reste des escaliers menant à une des galeries supérieures. Plus loin, ce sont des barreaux d’échelles qui, entièrement recouverts de concrétions, offrent à la vue une formation géologique inhabituelle. On peut imaginer ce que sera ce site dans quelques siècles : les galeries seront bien plus étroites et basses (le « plancher » ayant déjà « gagné » une bonne dizaine de centimètres), les parois recouvertes par des concrétions naturelles effaçant petit à petit les traces de la main de l’homme.

À environ mi-parcours nous passons par une solide porte métallique semblable à celles qui ferment les sous-marins ou encore les secteurs de la coque des navires. On nous explique qu’à l’origine cette porte devait permettre d’isoler une partie du réseau afin de l’immerger et créer ainsi une réserve d’eau plus importante. La porte est aujourd’hui ouverte à « perpétuité » car coincée dans sa position actuelle par les précipitations minérales, nous l’enjambons pour passer ce petit passage où la profondeur de l’eau est plus importante que dans le reste de la galerie. La scène me rappelle quelques films de catastrophes maritimes et je me dis que l’endroit serait adapté à quelques prises de vues cinématographiques.

Après avoir passé cette porte nous arrivons à un endroit où la galerie s’élargit, on nous indique que cet élargissement a été réalisé de façon à permettre un recouvrement des voies ferrées qui équipaient les galeries. Nous continuons notre chemin, descendons un « escalier de calcite » sur lequel l’eau s’écoule en nous donnant l’impression de descendre une petite cascade. Au fur et à mesure que nous avançons le plafond se fait plus bas par endroits et le niveau d’eau montant nous devons marcher les pieds écartés pour ne pas que l’eau pénètre dans nos bottes.

Nous croisons un puits actuellement en cours de déblaiement suite à son obstruction par des gravats, ces travaux sont réalisés par l’USAN et je me porte volontaire si besoin (ça y est, c’est écrit je ne peux pas revenir en arrière).

Nous arrivons à un moment à une patte d’oie et empruntons un passage où la concentration en concrétions est plus importante, elles recouvrent la totalité de la paroi sur notre droite et l’ensemble du sol. C’est à cet endroit que nous faisons une agréable rencontre, dans une petite « piscine de calcite » nous pouvons observer quelques membres d’une espèce de crustacé local des Niphargus, ils n’ont pas l’air très actifs car en phase hivernale. Nous en prenons quelques photos puis laissons nos compagnons souterrains en paix.

Nos guides nous amènent ensuite vers un puits plus large que celui que nous avons emprunté pour descendre, nous y montons sur une vingtaine de mètres en utilisant les échelles métalliques qui y sont installées. Nous découvrons une galerie sèche et les abords du puits sont équipés de spits permanents afin de pouvoir équiper le puits pour des évolutions sur corde.

Notre parcours est presque arrivé à sa fin, nous rejoignons un puits dans lequel des réseaux de tuyauteries récentes sont installés et empruntons une série d’échelles qui nous mènent à la surface en lisière du bois.

Une fois tout le monde dehors nous prenons la traditionnelle « photo de groupe » avec la trappe du puits ouverte puis entamons le chemin retour à travers les bois. Arrivés à notre point de départ nous recherchons le matériel laissé au puits de la Vierge et Jean-Michel se charge avec concentration de la tâche « délicate » de fermeture du cadenas verrouillant le puits.

La fermeture du cadenas se fait sous la trappe afin d’empêcher l’utilisation d’une pince monseigneur pour le couper, c’est sécurisant pour le cadenas mais il s’agit de ne pas le laisser tomber faute de quoi c’est parti pour un aller retour 2 ´ 63 m pour aller le rechercher au fond (les moitiés de nos cadres ayant déjà souligné notre retard par téléphone nous éviterons de perdre du temps). Le matériel rangé et les bottes enlevées, nous reprenons la route. C’est l’heure d’une bonne douche chaude pour ma part.

Un grand merci à François et Jean-Michel pour nous avoir permis de découvrir cet ouvrage hors du commun qui représente une sacrée aubaine pour les spéléos nancéiens.

Toutes les photos sur : http://photos.speleo.free.fr/category.php?cat=699&expand=1,483,699

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