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207.3 - Traversée de Débain

Jean-Michel GUYOT

dimanche 1er novembre 2015

En ce samedi 26 septembre, par une belle journée, je passe chercher François puis Bertrand pour aller faire le réseau de Débain à Sans-Vallois. Nous faisons halte à Mirecourt pour un café croissant. À 9 h 30 nous retrouvons deux spéléos à la « perte », Fabian et Guy. Les courriels ne sont certainement jamais assez clairs, car l’autre partie des acteurs attendent à l’autre bout. Nous pratiquons un échauffement musculaire, et les retrouvons en traversant le bois à pied, il y a Jean-Jacques, Éric, Benoit, Francis et Gérard. Certains voudraient faire dans un sens, les autres dans l’autre. Naturellement, les groupes se forment et restent comme à l’arrivée.

Pour ma part, pourquoi cette préférence, tout simplement parce qu’il y a un an, le trou prenait naissance, et voici comment :

Dimanche 10 août 2014, réseau de Débain sur les communes de Sans-Vallois et Pont-lès-Bonfays avec Benoit Gaffiot, Xavier Grandcolas et Bertrand Maujean

À bord d’un véhicule, Xavier au volant, Bertrand en copilote, et moi derrière, sur l’autoroute, nous voyons des panneaux triangulaires jaunes « trou en formation ». Qui aurait pu penser qu’autour de Nancy on informerait déjà de notre occupation de la journée dans un coin perdu. Puis, après la grande route, les petites routes indiquées par le G.P.S. de notre chauffeur. Confiant, nous sillonnons les champs de maïs, pas vraiment en ligne droite. Lorsque, soudainement, nous tombons sur une déviation. La seule route nous est barrée pour laisser place à un rallye de vieilles voitures de sport, toutes sans plaque d’immatriculation. Quelle idée, au fin fond de la campagne vosgienne, cela nous provoquant un gros détour et par conséquent un retard à l’arrivée. Enfin, au bout d’un champ, en lisière de bois, nous trouvons Benoit déjà en pleine action, et constatons l’énorme travail réalisé depuis un an. C’est un véritable chantier minier, et un trou béant s’ouvre à nos pieds sur huit mètres de profondeur taillé dans le roc. La balançoire des gosses a été réquisitionnée pour faire office de portique et lancée en travers du puits pour suspendre l’échelle spéléo et la « poulie remonte seau ». Une autre échelle rigide en bois prend le relais à moins quatre mètres. Une fumerolle de poussière s’élève du trou à chaque coup de vent. On distingue à peine celui qui travaille en bas, enrobé d’un nuage blanchâtre. Nous commençons par une pause-café. Lorsque l’ouvrier remonte du fond, il en ressort tout blanc de craie et en nage. Benoit s’active sans relâche, Bertrand et Xavier iront aussi aider à percer. On se tient dans le ring, délimité par des cordes réformées fixées à des arbres aux quatre coins formant un périmètre de sécurité pour les visiteurs. 13 h, on s’accorde une pause déjeuner. Brigitte m’a fait un croque-madame et un gâteau aux mirabelles au même format. C’est-à-dire aux dimensions de son nouveau moule plutôt taille familiale, que je partage avec les participants. Tous les quatre en train de manger le dessert autour de la petite table de camping, une branche tombe venue du ciel, ou du moins de son arbre, en plein milieu de nos assiettes. Une journée de plein air, un beau soleil, nous incite à forcer la cadence. On sait que l’aboutissement est proche, quelques dizaines de centimètre restent à faire. Gérard et sa femme passent trop tôt dans l’après-midi pour profiter de la découverte. Coûte que coûte, il faut y arriver. On s’arrache les seaux pour aller les vider sur le tas à proximité, façon de s’occuper. Au son du groupe électrogène, et des cris de joie, à 14 h 50 percement dans la cavité et libération des premiers moustiques. Il faut encore élargir le trou pour bien sentir le courant d’air froid, qui par magie, chasse à présent toute la poussière. À 16 h 15, on descend tous voir le sommet de la diaclase, où coule la rivière tout en bas rejoignant le Madon. C’est la première traversée souterraine des Vosges à graver dans l’Histoire. Pile à l’emplacement déterminé par géolocalisation avec le système de Bertrand et matérialisé par deux ficelles en croix sur quatre piquets. Cet accès pourra servir d’issue de secours, car la cavité se met totalement en charge en cas de précipitations abondantes et que l’autre entrée se situe à 800 mètres à vol d’oiseau. Félicitations à l’équipe vosgienne pour cet ouvrage.

Mais reprenons, là où on en était. J’ai oublié mes genouillères. Le casse-croûte est resté dans l’auto. Après de longues palabres, il est 11 h 30 lorsqu’avec un bout de nouille de 15 m, nous descendons le puits des moustiques dans la buse nouvellement installée. Nous bifurquons vers la salle terminale dans un premier temps. Retour vers le puits et poursuivons dans le reste du réseau. Je coince ma botte dans une cassure et je dois retirer le pied pour la récupérer. Au-dessus de nos têtes, un plafond en dalles immenses et parfaitement plat laisserait penser qu’il a été fait par la main de l’homme. De l’eau arpente plus ou moins avec nous le défilé, par endroits lisse par d’autres très ciselé, mais avec de l’argile en abondance. Et de constater qu’il y a mise en charge complète du réseau, en témoignent les traces au plafond. On fait une pause au début du laminoir en attendant de croiser l’autre équipe. J’accuse un coup de mou. Fabian et Guy sont mes sauveurs et me donnent deux barres de céréale. Gérard sort du laminoir, et on peut le féliciter de faire un pareil exercice à 74 ans. On fait un échange de genouillères et Jean-Jacques me prête les siennes. Un grand merci à toi, car 300 m sur les rotules à vouloir user les cupules, je n’aurai pas aimé m’affliger autant de souffrance. Et cependant j’ai eu des bleuets sur les genoux le lendemain. Dans un sens comme dans l’autre, on ressort mouillé, tout sale, et bien collant. Nous les premiers, à 14 h 30, et nous n’attendons pas les seconds pour manger (sans commentaire). À 15 h, on aperçoit leurs lampes briller au bout du champ. Ils se mettent à table après un brin de toilette.

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