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212.1 - Un week-end de février dans le Doubs

Olivier GRADOT

mardi 5 avril 2016

Vendredi 26 février : mon matériel est chargé, j’ai tout vérifié deux fois : c’est OK, j’ai tout pour faire l’araignée sur une corde. Il est 18 h quand mon prof de corde (aka Théo) m’envoie un texto pour me dire qu’il est sorti de chez le médecin et que je peux passer le chercher (une tique l’ayant attaqué à Pierre-la-Treiche le week-end précédent il fallait vérifier que la sale bestiole avait été correctement extraite). Nous faisons la route vers Montrond-le-Château en trois heures et profitons sur la dernière partie du chemin d’un GPS gratuit et bien pratique : le van de la famille Deck qui vient de nous doubler. Le trajet passe vite, c’est l’occasion pour moi de questionner mon prof sur les cavités prévues pour le week-end et de glaner quelques avis techniques qui me seront comme toujours utiles.

L’ensemble du groupe arrive quasiment en même temps au gîte du G.C.P.M., tout le monde se salue, nous déchargeons le matériel et les vivres et ensuite nous cassons la croûte. Théo et moi mangeons des pâtés lorrains (nous avons décrété il y a peu que c’était la nourriture parfaite pour les activités spéléos). Pour ce soir, chacun a pris de quoi manger.

En parallèle à notre dîner, nous constituons deux groupes et choisissons les cavités où nous descendrons. Les choix sont portés sur le gouffre d’Ouzène à Tarcenay et sur le gouffre de la Baume des Crêtes à Déservillers. Le premier groupe, celui qui commencera par la Baume des Crêtes, est constitué de la famille Deck (Olivier, Caroline, Joseph, Michka, Marius et Renaud), de Pascal et Alexis. Le second groupe est constitué de Sabine, Théo, Benoit, Séverine, Giacomo, Jean-Luc, Valérie et moi-même. Afin de gagner du temps, nous laisserons les cavités équipées pour le dimanche. Une fois rassasiés, nous préparons les kits pour le lendemain puis allons nous coucher.

Samedi 27 février : Sabine, Benoit et moi sommes les premiers à nous lever. Je lance un café et nous sortons tous les trois promener Harko. Il fait encore frais et une fine couche de givre recouvre les champs entourant le village. La journée s’annonce belle. Nous profitons d’un joli lever de soleil et rapidement ses rayons font monter la température. À notre retour au gîte, tout le monde est levé. Jean-Luc, Valérie et Alexis sont partis aux aurores pour nous rejoindre au gîte à 8 h. L’équipe est maintenant au grand complet alors que nous prenons notre petit déjeuner. Une fois avalé, nous chargeons le matériel et les bidons pour le pique-nique que nous prendrons sous terre. Nos deux équipes se séparent. Je monte dans le van de Jean-Luc et Valérie qui m’emmènent vers le gouffre d’Ouzène se trouvant à une dizaine de minutes du gîte en voiture.

Arrivés sur place nous nous équipons. Sabine et Benoit font un rapide retour vers le gîte pour corriger un petit oubli (à force de devoir penser au matériel pour tout le monde, Sabine en arrive à oublier une partie du sien). Un deuxième groupe de spéléos est sur place. Nous craignons de bouchonner à l’entrée de la cavité mais tout s’arrange puisqu’ils vont descendre par le P15 et nous par le P28. Le chemin d’accès à la cavité se trouve à deux minutes de marche de la voiture. Il est prévu d’équiper le P28 en double afin d’accompagner les débutants à la descente, d’installer la grande main courante dans la partie supérieure et d’équiper les derniers puits du fond, de passer par l’étroiture (qui n’est plus sélective) et de remonter le P18 afin de faire une boucle. Théo se lance le premier dans le P28 accompagné de Jean-Luc qui désire se remettre à l’équipement. Arrivés au bas du P28 qui a été fractionné, nous sommes tout de suite accueillis par de beaux spéléothèmes. Ça s’annonce bien pour la suite. Théo équipe le P18 par lequel nous remonterons ultérieurement depuis la salle inférieure à la fin de notre parcours. Une fois le P18 équipé nous partons vers la galerie supérieure. L’avancée se fait dans un paysage bien concrétionné et nous alternons petites montées, passages avec main courante et petite vire verticale. Juste en amont du P6, je profite de la superbe cheminée concrétionnée pour faire quelques photos sympas de Benoit éclairant des concrétions par transparence. Le P6 est suivi d’un P12 qui nous mène dans la galerie inférieure où nous prenons notre casse-croûte assis sur des blocs de pierre. Les sandwichs jambon-fromage sont accueillis avec plaisir et nous faisons bien sûr aussi honneur aux légendaires Pom-potes (partenaire officiel de l’USAN pour les sorties sous terre) et autres barres sucrées. À la fin de notre repas, nous allumons une bougie blanche dans le fond de la salle, juste à côté d’une belle stalagmite. Nous coupons nos éclairages et nous nous recueillons quelques instants en pensant à notre regretté compagnon et président Daniel Prévot qui nous a quitté il y a deux semaines de cela. Je me rappelle de ma première rencontre avec lui et l’USAN en octobre 2014 à Pierre-la-Treiche, du mardi suivant au gymnase Provençal où pour la toute première fois je mettais un baudrier et montais sur une corde spéléo, je repense à la visite du Crotot qu’il a organisée en juin dernier, et à des phrases qui m’ont touché lors de sa cérémonie d’adieu. Au final je me dis qu’il doit nous regarder de près et que son âme nous accompagne dans nos sorties et s’assure que toutes les consignes qu’il nous a transmises sont respectées.

Nous rallumons ensuite nos éclairages et après avoir rangé nos bidons dans nos kits reprenons notre parcours. Nous passons par une très belle galerie où nous évoluons dans un peu d’eau. Les petits bassins de calcite qui s’y trouvent nous font penser à un Spa particulièrement luxueux, un endroit parfait pour un bain de minuit romantique (avis aux couples spéléos qui ne savent pas quoi faire pour la prochaine Saint Valentin). Après ces bassins, nous passons par l’étroiture qui, en 2013, a dû être élargie lors d’un spéléo-secours afin de ressortir un spéléologue coincé dans une faille et fatigué par sa mésaventure. Je me dis que ça ne devait pas être une opération facile d’élargir ce passage. Ça ne devait d’ailleurs pas être très agréable non plus d’y être coincé ! Je penserai donc à faire un régime avant d’aller tenter la traversée de la grotte Jacqueline à Pierre-la-Treiche. Nous passons l’étroiture facilement. Dans son état actuel ce passage ne mérite même plus ce nom : plus besoin d’enlever le matériel ! Une fois de l’autre côté nous arrivons dans le bassin de la salle inférieure, avec là encore un superbe paysage. Nous nous imaginons bien camper sur la petite plage entourant le bassin. Nous profitons de l’endroit le temps que Théo monte au sommet du P18 pour l’équiper en double. Je continue mes travaux photos et nous sommes surpris par la présence d’ossements au sol. Vu la taille des os il devait s’agir d’un animal de bonne taille. Ça ne m’aurait pas surpris si nous les avions vu au pied d’un des puits d’entrée mais de les voir tout en bas de la cavité me laisse un peu plus perplexe... L’animal en question aurait-il survécu à une chute dans l’un des puits d’entrée et serait-il ensuite tombé en bas ? Une fois le P18 équipé en double, nous le remontons sous la surveillance de Théo qui vérifie que le passage de la déviation se fait dans les règles de l’art. Une fois en haut du puits nous retrouvons la salle que nous avions atteinte au début de notre parcours. Il ne reste plus qu’à remonter le P28, ce que nous faisons avec un peu de lenteur suite à quelques « emmêlements de corde ». Nous sortons de terre vers 17 h et sommes accueillis par un joli soleil qui est apprécié pour la session « enlèvement des combinaisons ».

De retour au gîte nous nous empressons de rallumer le poêle et d’étendre nos affaires pour les faire sécher. Nous mettons nos batteries en charge, nous nous douchons puis c’est l’heure de l’apéro.

Pour le dîner de ce soir, c’est lasagnes du traiteur sauf pour Théo qui, n’étant pas fan de fromage fondu, aura droit à des röstis de pommes de terre. Les plats sont bien bons. La soirée se passe dans une bonne ambiance. Nous nous racontons plein d’histoires, regardons les photos prises durant la journée, puis c’est direction le lit afin d’être en forme pour le lendemain.

Dimanche 28 février : je me réveille vers 7 h 30. Nous prenons notre petit déjeuner, Harko est promené et nous préparons nos affaires. Mon groupe part en direction de la commune de Déservillers pour le gouffre de la Baume des Crêtes. La route nous prend une vingtaine de minutes. Nous nous garons sur un chemin de terre entouré par des pâturages. Nous nous équipons rapidement puis rejoignons un petit bosquet situé à une centaine de mètres. C’est de cet endroit que nous allons pénétrer dans le gouffre et pas n’importe comment ! L’entrée se fait par un magnifique P40. Une main courante nous mène vers une vire verticale agrémentée de trois petits échelons qui s’avéreront bien pratique pour la passer sans devoir décrocher sa pédale. Théo passe en premier et double l’équipement du puits pour accélérer notre remontée. Durant la descente, nous pouvons déjà imaginer les volumes de la cavité. Nous ne nous sentons pas à l’étroit ! À mon arrivée au pied du puits je n’ai que quelques mètres à faire pour tomber sur de belles parois concrétionnées en pleine activité que je photographie le temps que le reste de l’équipe nous rejoigne. Notre parcours commence par une descente de la grande salle d’entrée. Nous suivons le lit (ce jour-là à sec) d’un petit torrent éphémère qui doit sacrément raviner lors de grosses pluies. La hauteur sous plafond est impressionnante. Sur la paroi en face de nous s’écoule une énorme cascade de concrétions jaunes qui me fait penser à un immense orgue accroché à la paroi d’une cathédrale gothique. Au sol autour de nous pousse une forêt de stalagmites atypiques car recouvertes de « branches » poussant à l’horizontale. Sur la droite de la salle, une seconde cascade de concrétions descend de la paroi, au fond un petit lac, partout des formes et des couleurs qui régalent les yeux. Notre descente nous mène vers la salle du Réveillon où le terrain est propice à l’établissement d’un camp ou à une pause repas. Le plafond est constitué d’une grande dalle inclinée. Le sol est relativement plat et sec, une table et des tabourets constitués de blocs de pierre ont été installés au milieu de la salle. Après la salle du Réveillon, nous passons au-dessus d’un éboulis et allons jusqu’à l’entrée de la salle des Suisses qui est une salle où se trouvent en général des chauves-souris en bon nombre. D’ailleurs, juste à côté de l’entrée de cette salle, nous en croisons trois (des grands rhinolophes si j’ai bien retenu la leçon), accrochées tout près les unes des autres. Pour ne pas déranger nos amies ailées nous ne pénétrons pas dans la salle des Suisses, seul Giacomo y entre pour réaliser un comptage. Il nous indique que les observations réalisées sur différents sites cet hiver indiquent que les chauves-souris se sont installées dans des parties plus hautes qu’à l’accoutumée à cause de la douceur que nous avons eu cet hiver (aux dernières nouvelles le plus chaud depuis 1900). La suite de notre visite nous fait passer entre les rochers de l’éboulis, un petit ressaut de cinq mètres et un petit boyau plus tard et nous voilà dans la salle des Dolois. Là encore ça concrétionne bien et nous en prenons plein les yeux. Nous passons un petit boyau en ramping puis descendons un dernier puits qui nous mène au pied d’une belle cascade. Notre visite va s’arrêter ici. L’heure passe et nous ne sommes pas vraiment en avance ! Je prends le temps de boire une gorgée d’eau à la cascade car je suis assoiffé et nos bouteilles sont au pied du P40 d’entrée... (je n’ai pas eu la chiasse !). Je monte en premier, suivi de Giacomo et Séverine. Nous faisons le retour ensemble. Sabine monte avec Jean-Luc et Valérie. Pour le déséquipement c’est Théo et Benoit qui s’y collent. La montée réchauffe, comme d’habitude. Arrivés au pied du P40 on déguste quelques gorgées de « la cuvée Karstique » : l’eau courante de Montrond qui, à son gout de calcaire, doit être capable de causer des calculs rénaux et de flinguer des chauffe-eau à une vitesse record. Nous pensons manger un bout avant d’entamer la dernière remontée, mais nous constatons que le bidon de vivres a été laissé en surface, voire au gîte... Nous ferons donc sans. La dernière verticale est sportive. Arrivés en haut nous sommes tous bien rincés par cette sortie mais nous avons des souvenirs « de luxe » plein la tête. Théo et Benoit ressortent en dernier en mode « charrue à corde » et nous retournons tous aux voitures pour nous changer avant de reprendre la route vers le gîte. Il est 15 h 30 passées et nous sommes affamés.

Heureusement nos collègues sont rentrés plus tôt que nous du gouffre d’Ouzène et la table est déjà mise quand nous arrivons. Nous déchargeons rapidement le matériel et passons à table. Nous dévorons avec plaisir nos assiettes de charcuteries, salades gourmandes, fromages et baguettes de pain. Ce repas est bien mérité. Une fois repus, il est l’heure pour nous de ranger le gîte, de nettoyer une partie du matériel et de nous séparer.
Giacomo, Théo et moi faisons la route ensemble vers Nancy et passons au local pour rapporter le matériel et finir de le nettoyer. Retour chez nous pour 23 h. Le lundi va être rock’n’roll mais nous sommes tous ravis du week-end passé.

Un grand merci à Madame la Présidente (aka Sabine) pour l’organisation de ce week-end, aux personnes ayant équipé / déséquipé, à la pluie pour nous avoir épargné, et à tous pour la bonne humeur et les tranches de rires.

P.S. : Suite à de nombreuses doléances émises par certains dont je tairai le nom, je demande officiellement à Sabine de nous préparer du gâteau au chocolat pour la (les) prochaine(s) sortie(s).
 Photos d’Ouzène : https://www.flickr.com/photos/olivier_gradot/sets/72157665335444565/
 Et celles de la Baume : https://www.flickr.com/photos/olivier_gradot/sets/72157665166575341/

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