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220.3 - Milieux limites d’accueil pour des stygobies : l’exemple des auges et des bassins de réception des eaux souterraines

Bernard Hamon, CPEPESC nationale (extrait de S.S.B. n°456, oct. 2015, CPEPESC nationale, Besançon)

mercredi 14 décembre 2016

Villers-lès-Nancy (54) : Galerie de Hardeval. Le bassin de réception à la base du puits de Clairlieu

Lors d’une visite de l’USAN au Spéléodrome le 6 septembre 2015, C. Prévot a procédé entre autres à une série de 11 photographies relatives à la faune stygobie au niveau du puits de Clairlieu tant à l’étage de la galerie haute que dans le bassin-auge situé à la base du puits, dans la galerie principale. D. Prévot (USAN-LISPEL) nous a fait parvenir ces clichés qui livrent à l’observation et à l’analyse des données intéressantes et précises pour certaines d’entre elles sur Niphargus virei et sur Cæcosphæroma burgundum, en particulier les effectifs que présente le tableau qui suit :

Localisation et biotopes concernés

Niphargus virei

Cæcosphæroma burgundum

Effectif total

dont femelles ovigères

dont juvéniles

Effectif total

dont juvéniles

Niveau haut : galerie supérieure

Biotope : sol/calcite

14

3

5

-

-

Niveau bas : base du puits, bassin

Biotope : bassin, fond sable et limons

7

-

-

100 ± 5

³ 34

Le puits de Clairlieu confirme son rôle permettant la communication entre les aquifères présents dans le massif, ce qui facilite la « migration » (la dérive) des crustacés de biotope à biotope. Pour Niphargus virei, dont documents et observations actuelles montrent une communauté visible de 1 à 33 individus au moins (mâles, femelles ovigères, adultes, juvéniles...) sur l’ensemble du site, les dénombrements du 6 septembre 2015 attestent que nous sommes dans le quota moyen. Cette fourchette ne manquera pas d’évoluer (S.S.B. n° 418-424-426).

Pour Cæcosphæroma burgundum, jusqu’à présent toutes les données rassemblées donnaient une fourchette de population comprise entre 1 et au moins 30 individus sur la totalité du réseau. Les données du 6 septembre proposent un autre schéma quantitatif : au moins 100 individus (dont 34 juvéniles) reconnus dans un très petit biotope qui laisse désormais envisager l’existence d’une importante communauté sur l’ensemble du massif (S.S.B. n° 324-325-413).

Dans les deux cas, ce sont de nouvelles perspectives qu’il conviendra d’envisager dans le futur.

Brauvilliers (55). Carrière souterraine de Rinval : nouvelles données sur Niphargus

Le 10 septembre 2006, M. Gaillard, de la CPEPESC Lorraine, découvre, dans une mare d’eau, une station de Niphargus. Il y prélève un spécimen, lequel Mme M.-J. Olivier, de l’université de Lyon I, identifie comme Niphargus schellenbergi (in litt. M.-J. Olivier du 10/7/2008). Depuis 2006, la carrière souterraine de Rinval est régulièrement visitée pour le dénombrement hivernal des populations de chiroptères (dont Rhinolophus hipposideros) sans que soient observés de crustacés stygobies (S.S.B. n° 318-324-325-328-346-359).

Le 9 septembre 2015, J.-M. Goutorbe (GERSM), accompagné de M. Gérard, J. Tournois et R. Rotigni, découvrent une nouvelle station qui accueille une quinzaine de Niphargus, dont l’espèce reste à confirmer, dans la carrière, non loin de l’entrée IV A (in litt. J.-M. G. des 9/9/2015 et 6/10/2015). Le milieu est constitué, d’une part d’une auge au fond couvert de cristaux de calcite, de 6,02 m de longueur pour 0,83 à 1,15 de largeur et pour une profondeur moyenne de 0,65 m, où vivent au moins 15 individus et, d’autre part, d’une mare au sol sur fond limoneux où est observé un individu. L’eau provient de la paroi à partir d’une fissure située presqu’au niveau de la voûte d’où elle s’écoule en un mince filet vers l’auge.

L’aquifère originel des Amphipodes est une nappe de hauteur à l’aplomb des calcaires oolithiques vacuolaires, le contexte géologique étant le même que celui de Savonnières-en-Perthois.

La température de l’eau relevée dans l’auge est de 11,4 °C et celle de la flaque de 10,8 °C (la température du sol de la carrière est comprise entre 10,8 et 11 °C). Le pH de l’eau est de 7,89 et le taux d’oxygène dissous est de 9,8 mg/L.

Quatre spécimens ont été prélevés pour étude. Nous sommes en présence d’habitats limites qui constituent d’utiles témoins de la biorépartition de Niphargus. Le fond concrétionné de l’auge, dépourvu de limon selon les observations faites, constitue un milieu de vie peu ordinaire pour ces crustacés. Mais ce n’est toutefois pas un cas rare en Lorraine. Nous retrouvons ce genre de biotope dans la galerie de Hardeval à Villers-lès-Nancy (Niphargus virei), dans des secteurs d’anciennes concessions minières de fer entre Nancy et le Grand-Duché du Luxembourg (Niphargus schellenbergi, Niphargus virei), ou encore dans des zones spécifiques des carrières de Welferding à Sarreguemines (57) (Niphargus schellenbergi). Nous aurons certainement l’occasion de revenir sur cette intéressante carrière meusienne.

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