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223.1 - Les sessions meusiennes du Rat et du Lynx – Volume 3

Olivier GRADOT

dimanche 12 mars 2017

Samedi 24 septembre 2016 : « Objectif Tunnel plus Dorma »

Depuis notre dernière session meusienne nos amis crustacés ont péri d’un coma éthylique dans l’alcool à 95 % et ont été photographiés sous toutes les coutures avant d’être envoyés chez B. Hamon, un spécialiste lorrain des crustacés troglobies, ainsi qu’à l’université de Lyon où une équipe nous aidera à les identifier précisément (nous avons appris plus tard qu’il s’agissait de Niphargus virei). Paix à leurs âmes.

9 h : ma boîte de pâtés et moi arrivons chez Théo. On charge son matériel, on passe prendre de la corde au local puis direction la Meuse. Le temps est correct une fois de plus, nous aurons eu une belle fin d’été cette année. Notre premier objectif du jour est d’aller voir le gouffre du Tunnel dont l’entrée, comme son nom l’indique, est située dans un ancien tunnel ferroviaire abandonné. Nous nous garons sur un chemin forestier, puis, nous rappelant de l’aventure de la Belle Épine (et des heures à roder en pleine jungle avec combinaisons et baudriers sous un soleil de plomb) nous partons localiser l’entrée avant de nous équiper. Nous trouvons le tunnel facilement et, rassurés, nous nous équipons et mangeons des pâtés (trop fades car sans sel ni épices, note de l’institut Rat-Lynx : 3/10, c’est dommage la farce et la croûte étaient bonnes...).

Une fois dans le tunnel la première chose qui me surprend agréablement c’est que l’endroit pourtant à l’abandon ne présente aucune dégradation volontaire (je parle des graffiti faits à la va-vite qui recouvrent la plupart des friches industrielles qui, sans cela, seraient superbes à visiter et à photographier). L’ambiance est assez lugubre : j’aime ! Après quelques dizaines de mètres nous remarquons une grille sur le sol à notre gauche, voilà l’entrée !

Nous soulevons la grille et commençons par reposer un Spit, car les anciens pas de vis ne nous inspirent pas trop confiance. Pour le petit puits, pas de problème c’est broché. D’ailleurs c’est vraiment un petit puits (j’ai du mal à croire que c’est un P17, ça doit être une erreur P7 semble plus vraisemblable), seule particularité de ce dernier : il est de forme carrée quasiment tout du long. Ça donne l’impression de descendre dans une mine. Quelques mètres plus bas nous voilà dans le petit gouffre qui n’est autre qu’un petit ruisseau que l’on peut suivre en se baissant sur environ 70 mètres.

On fait l’aller-retour, verdict : trou sans grand intérêt sinon la présence de Cæcosphæromas. Des traces dans la glaise et un seau indiquent qu’une équipe est venue creuser un peu. Après quelques photos nous ressortons. Théo m’offre une canette de bière vide trouvée au fond du puits en guise de souvenir. Arrivés à la voiture on ne veut pas perdre de temps alors on garde nos combis mouillées et on prend la voiture après avoir vite fait posé des sachets plastiques sur le sièges. Arrivés dans le bois d’où part le ruisseau souterrain de la Dorma on jette un coup d’œil sur la carte localisant les entrées possibles. Je prends la topo en photo puis on part dans les bois à la recherche de la Dorma (j’aurai dû également prendre la carte en photo... on n’apprend jamais assez de ses erreurs passées).

Pour ne pas changer nos bonnes habitudes, on se perd, on suit tous les alignements de dolines qu’on trouve et je me maudis de n’avoir pris que la fameuse carte en photo... Sur le descriptif que je regarde sur l’écran de mon appareil photo je lis qu’il faut suivre un talweg... Et sinon, c’est quoi un talweg ? Comme on ne savait pas, on a suivi d’instinct le court d’un ruisseau qui formait une sorte de mini-canyon (j’appris plus tard qu’un talweg est le point le plus bas de l’écoulement d’un ruisseau, on n’avait pas trop faux au final), au bout de celui-ci nous tombons sur une buse ! Hourra ! Après une brève joie nous nous rendons compte qu’il ne peut pas s’agir d’une des entrées de la Dorma, ça ne colle pas avec la topo et on se demande bien devant quel trou on est. Théo me dit que ça lui dit quelque chose et qu’il se rappelle être déjà venu ici en promenade avec Éliane. Il rode un peu autour de la buse, remonte un peu puis tombe sur un panneau manuscrit qui indique que nous sommes à l’entrée de la rivière souterraine de la Haute Lonne. On se concerte et rapidement on se dit que vu qu’on est là autant aller visiter la cavité. On cherche à s’amarrer mais étrangement nous ne trouvons ni broche ni Spit dans la périphérie de la buse et les arbustes les plus proches sont soit trop chétifs soit trop éloignés. Le fond n’est qu’à trois mètres mais comme on ne sait pas comment ça continue derrière on préfère la jouer sécurité et on entreprend de poser deux Spits dans le béton de la buse. Une fois en bas nous commençons notre progression, la cavité alterne entre petits boyaux qui partent un peu dans tous les sens et salles, l’une d’entre elles présentant un éboulis a une belle hauteur sous plafond. C’est de celle-ci que part un étroit laminoir dans lequel s’engouffre le ruisseau. Théo y pénètre en rampant dans la flotte et la boue. Je le perds de vue puis après quelques minutes il me dit texto « quand je te dis que c’est étroit c’est que c’est étroit ». Bon si Théo ne passe pas ce n’est même pas la peine que j’essaye, je reste donc au sec et prends une vidéo amusante de Théo en train de faire marche arrière sur le ventre les pieds en premier sans pouvoir savoir vers où il allait. Il en ressort tout de même moins sale que je l’aurais pensé. Après cet interlude bouillasse nous faisons quelques crochets pour aller voir les galeries boueuses qui montent vers le plafond, empruntons un boyau horizontal où on voit qu’un gros travail de désobstruction a été mené puis décidons de sortir car comme toujours l’heure tourne vite sous terre.

Une fois dehors on se dit qu’il n’est pas trop mal ce petit trou non indiqué dans l’ouvrage en notre possession. On n’aura pas trouvé la Dorma mais ce n’est que partie remise ! De retour à la voiture on se change, on finit les pâtés qui nous restent puis on part dire bonjour aux spéléos présents à la M.L.S. et on profite au passage de la baignoire extérieure pour décrasser un peu notre matériel. Après avoir salué mon prof de corde qui reste en Meuse et le reste des taupes présentes je suis rentré vers la cité des ducs de Lorraine en me disant que se faire la totale des trous meusiens est un projet bien sympa... À suivre...

Photos du gouffre du Tunnel : https://www.flickr.com/photos/olivier_gradot/albums/72157671184665534

Et de la Haute Lonne : https://www.flickr.com/photos/olivier_gradot/albums/72157674615861476

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