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234.1 - Une semaine sur les Causses

Théo PREVOT

samedi 3 février 2018

À la suite d’un précédent stage, Rémy Limagne m’avait demandé si j’étais dispo la première semaine des vacances d’automne car il organisait un stage dans le Gard et cherchait du personnel pour encadrer. Pas de soucis pour moi ; en plus je ne connais pas la région donc ça pourrait donner des idées pour une prochaine fois, qui sait ! Le seul petit problème, qui est d’ailleurs de taille, ce sont les 900 km qui séparent la Lorraine du Gard. Après plusieurs semaines j’apprends que Sabine pense aussi y aller mais qu’elle ne veut pas faire autant de route toute seule. Ça y est, le programme des vacances est fait, une semaine sur les Causses !

Enfin les vacances... Je rentre chez moi et commence à préparer mes affaires pour le lendemain. Bah oui, demain on décolle vers 8 h avec Sabine et son chien avec pour objectif d’être vers 18 h à Lanuéjols, sur le causse Noir. La voiture est chargée à bloc ; petit récapitulatif rapide pour être sûr de n’avoir rien oublié (ça ne nous arrive jamais mais bon, au cas où... C’est toujours mieux de le savoir avant !), je dis au revoir chez moi et let’s go. Une pause pour manger et une pour remettre de l’essence dans la voiture, on n’aura pas chômé pour descendre. Après une demi-heure à zigzaguer le long du plateau nous arrivons enfin au gîte d’Aiguebonne. On est presque les derniers sur place bien que certains soient plus proches que nous. Je retrouve quelques têtes connues dont Laurent Prodeau qui se souvient de moi lors du congrès de Millau en 2013 (paraît que j’ai un peu poussé...) ou encore Jean-Louis Thomaré rencontré sur le congrès de Nantua. Rémy nous montre les différentes parties du gîte qui est réparti en plusieurs bâtiments : dortoirs, local matos et un bâtiment avec une salle commune et la cuisine.

Le temps de mettre mes affaires dans le dortoir et les cadres sont appelés pour parler de cette semaine, des attentes de chacun, et pour définir le planning des jours à venir. De retour dans la salle commune, nous prenons l’apéro et faisons connaissance, à savoir que nous serons une quinzaine venant des quatre coins de la France. Nous nous mettons à manger quand j’entends parler du congrès de Nantua et de spéléologues qui auraient mis de la 8 mm pour fluidifier la remontée de plusieurs puits dans le réseau de la Falconette. Quelle coïncidence de tomber sur un des spéléos croisés par hasard sous terre. Comme d’habitude, ça parle de nœuds, d’équipement, d’expéditions, bref on est à une table de spéléos ! Petit à petit les gens vont se coucher et je ne tarde pas trop car il est environ minuit et le petit déjeuner est servi le matin à 7 h 30.

Aujourd’hui je suis avec Rémy pour l’aven Émilie, les stagiaires s’occupent du matos pendant que je vais chercher mon appareil photo car le trou n’est pas craignos et plutôt joli de ce que j’ai pu entendre la veille. Après 30 minutes de trajet, on arrive sur le parking où nous nous équipons. Une courte descente nécessitant une corde nous mène à l’entrée ; suivent une main courante et une verticale de 20 m dans un puits de belle dimension. La semaine commence plutôt bien. Du bas du P20 on aperçoit la fameuse Dame Blanche qui a l’air assez imposante mais il reste un peu d’équipement avant de l’atteindre. En attendant je commence à flasher avec mon appareil et ce n’est que le début ! On mange un morceau au côté de la Dame Blanche puis nous rebroussons chemin pour revenir au gîte dans les temps car il est prévu de faire les réunions cadres vers 18 h 30 pour manger tôt et pouvoir faire des soirées avec l’ensemble des spéléos. D’ailleurs, ce soir c’est Charles qui nous propose de faire un jeu (Time’s up) en changeant les mots à trouver par des mots en rapport avec la spéléo. Comme il y a eu un peu de décalage nous n’avons fait qu’une manche sur trois (hâte de voir la troisième dans laquelle il faut mimer les mots du genre karst, clinomètre, etc.). Demain je suis prévu à Dargilan, mais nous devons le déséquiper car il est resté équipé.

Aujourd’hui l’équipe est constituée de deux cadres et deux stagiaires. Lorsque nous arrivons au trou nous commençons à sortir les affaires pendant que Charles écoute un message qu’il vient de recevoir : il manque une combinaison qui est apparemment restée au gîte. Heureusement un groupe qui ne passe pas loin nous donne rendez-vous pour la récupérer. Après un café et la combinaison retrouvée, nous sommes enfin prêts pour descendre. L’entrée est un court puits qui donne accès à une petite escalade. La suite est un enchaînement de puits avec de beaux fractionnements plein gaz. Après avoir mangé nous remontons et, comme le déséquipement est un peu large pour Maxence et Nicolas, je déséquipe presque tout. Maxence souhaitant apprendre à déséquiper je lui passe la main sur l’avant-dernier puits. Pas mal pour son âge car il n’a que 12 ans. Je vous passe l’histoire de base dans laquelle nous devions remonter un renard, mort dans le trou (il y a peut-être une première à faire car il est quand même mort après être tombé de deux puits avec entre les deux une escalade d’environ 3 m).

De retour au gîte nous allons en réunion de cadres suivie de l’apéro et du repas et comme il nous reste deux manches à terminer nous finirons la soirée comme la veille. C’est déjà le troisième jour. Eh oui, ça passe vite... Cette fois je serai avec Estelle à l’aven Tabourel sans oublier Lucas et Philippe. Après une bonne demi-heure de recherche puis l’aide d’un homme ayant une carte et une boussole nous trouvons enfin l’entrée. Lucas se lance à l’équipement alors que je le talonne suivi de Philippe et Estelle. Comme d’habitude les puits sont assez beaux et bien taillés. Nous décidons de faire une pause pour manger vers ‑50 m et rapidement nous nous refroidissons et décidons de poursuivre la descente. Au fur et à mesure que nous avançons l’objectif d’aller au fond est revu à la baisse mais Lucas, ayant déjà fait plusieurs fois Tabourel, souhaite aller au fond car il n’y est pas encore allé. Je peux comprendre sa déception quand on lui dit qu’il reste un puits pour aller au fond mais que ça sera pour une prochaine fois car nous venons de perdre du temps sur l’avant-dernier puits. Le temps que le reste de l’équipe arrive je décide de foncer pour équiper ce fameux puits mais manque de bol la corde n’arrive pas au fond ! À croire que ce n’est pas le jour pour y aller ! Heureusement il nous reste encore la corde d’intervention dans un kit qui arrive. Seulement l’horloge continue de tourner et on n’est encore pas au fond... Du coup, nous décidons Philippe et moi de remonter le temps que Lucas fasse un aller-retour pour toucher le fond (‑112 m). Nos deux stagiaires ravis mais un peu fatigués c’est Estelle qui déséquipe jusqu’à la surface et nous sortons rapidement.

Comme à notre habitude et de retour au gîte, après la réunion des cadres nous nous installons à table pour manger et comme tout au long de la semaine, on ne reste pas sur notre faim grâce à nos supers cuistots. Rémy ayant découvert un trou qu’il ne connaissait pas encore quelques jours avant, me demande si je peux y aller pour prendre des photos car c’est vraiment chouette. C’est donc une journée tranquille qui s’annonce. Comme certains veulent faire une journée un peu moins sportive que les autres, nous en profitons donc pour emmener tout ce beau monde à l’aven de la Verrière situé à quelques minutes du gîte. Après une bonne grimpette nous arrivons à l’entrée et entamons notre progression. Surprise, un mur en béton haut d’environ 2 m s’étend sur une bonne vingtaine de mètres (séparation en deux pour des raisons personnelles entre les deux propriétaires). Ils étaient bien déterminés ceux qui l’ont monté... Pour comprendre un peu l’histoire de cet aven il faut revenir à une époque un peu particulière car en effet il ne reste plus une seule concrétion debout. Bien que la raison ne soit pas déterminée avec certitude, on ne peut que constater de nombreux tas de stalagmites et stalactites cassées, et celles encore debout sont recouvertes de noir de fumée. Pour le moment je vous accorde que ça ne vend pas vraiment du rêve mais ce n’est que l’entrée ! Au fur et à mesure que nous avançons la galerie s’élargit et on commence à apercevoir de nouvelles concrétions en formation. En cherchant un peu on peut d’ailleurs en trouver d’assez jolies. Une fois arrivée au bout de la galerie une grosse coulée de calcite stoppe notre progression au grand regret des spéléos locaux car la galerie est quand même de belles dimensions. Nous rebroussons alors chemin afin de manger un peu plus loin. Le ventre plein, nous pouvons repartir en direction de la sortie. Cependant il nous reste un endroit à voir, une salle cachée qui a été préservée du massacre, c’est vrai qu’elle vaut le détour ! C’est donc après un court ramping que nous arrivons dans une imposante salle avec une colonne de plusieurs mètres en son centre et diverses concrétions fort sympathiques. De retour à la surface, nous entamons la descente durant laquelle nous ferons une halte au bord d’une petite entrée aspirante.

Ce soir il est prévu une soirée karstologique car nous avons deux invités du coin qui doivent venir. Mais au final, certains étant déjà au lit il n’y aura rien de particulier...

Aujourd’hui c’est l’avant-dernier jour de stage avant de replier bagages. Au programme pour ma part, l’aven Noir, gouffre assez mythique sur les Causses et remarquable lorsque les rayons du soleil illuminent la magnifique salle d’entrée. Ce matin, le soleil a décidé de jouer à cache-cache avec les nuages nous laissant dubitatifs sur le fait qu’il éclaire cette fameuse salle. Après une marche d’approche dans les nuages nous arrivons face au gouffre. Nous soufflons un coup avant de nous équiper, en attendant que Domi équipe j’en profite pour prendre un peu plus de hauteur et admirer la mer de nuages qui commence petit à petit à disparaître. En effet lors de mon retour au bord du trou nous commençons à apercevoir les rayons du soleil, au loin, arrivés en bas du puits d’une quarantaine de mètres. Nous entamons notre exploration dans l’immense dôme d’effondrement. Notre balade terminée, et n’ayant pas encore mangé nous attaquons la remontée. Le temps de se déséquiper et nous retournons vers la voiture avant de manger un morceau au bord d’un ruisseau.

N’ayant rien fait de spécial la veille, il est donc prévu de se rattraper ce soir avec un exercice point chaud. Le repas fini nous nous dirigeons donc vers le local matos pour voir la mise en place d’un point chaud et le minimum syndical à avoir sur soi en cas de problème. Pour cela nous avons constitué deux équipes qui ont pour objectif de faire un point chaud en utilisant le matériel que nous avons sur nous lorsque nous sommes sous terre (couvertures de survie, ponchos, bougies, ficelles, etc.) en un minimum de temps. Au bout d’une demi-heure on commence à voir deux tentes rafistolées se monter tandis qu’à l’écart deux autres points chaud sont montés en quelques minutes afin de montrer les étapes clés dans la réalisation d’un point chaud. Un rapide tour afin d’analyser les problèmes et points forts des constructions est fait ainsi qu’une démonstration de la technique du « caillou chauffé ». Oui, oui, vous avez bien lu... La technique consiste à chauffer, par le biais de bougies ou réchauds, un morceau de calcaire, ce dernier gardant la chaleur et jouant le rôle de bouillotte il permet de se réchauffer efficacement et pendant un laps de temps relativement important (environ 45 minutes). Pour ceux qui seraient un peu dubitatifs, je vous invite à faire l’expérience chez vous : ça marche vraiment et même avec un caillou mouillé ! L’activité arrivant à sa fin nous retournons dans la salle commune afin d’y terminer la soirée.

Ce matin le réveil commence à piquer un peu. Eh oui, à force de faire des nuits de 6-7 h, on resterait bien encore un peu au lit mais on n’est pas là pour ça ! Un petit dej’ en speed et nous partons pour l’aven du Bateau. Peu confiant d’aller au fond nous prenons quand même le matos qui s’avèrera en effet de trop car nous nous arrêterons à ‑50 m pour faire des exercices de décrochage et de réchappe. Après avoir mangé et content d’avoir fait découvrir de nouvelles techniques à nos deux stagiaires nous décidons de remonter vers la sortie. En arrivant à la base du puits d’entrée nous découvrons un superbe lézard sur un bloc et la scène étant digne d’une pièce de théâtre nous décidons de faire des photos assez drôles avant de sortir définitivement et de rentrer.

À notre retour, certains ont déjà commencé à laver du matos, mais comme la nuit ne tarde pas à tomber il en reste encore un paquet (faut dire qu’il y a un peu plus de 1 500 m de corde).

Aujourd’hui c’est le grand jour, il nous reste encore beaucoup de choses à ranger et à laver sans compter la route du retour. C’est donc une matinée mouvementée qui s’annonce pour la troupe de spéléos. Sachant que nous avons 8 h de route, Sabine me dit de ne pas trop tarder. Un premier groupe charge alors une brouette de matos et part vers la rivière située un peu plus bas dans le bois. Les cordes défilent alors que d’autres s’occupent des amarrages.

Le second groupe, qui est resté au gîte, s’occupe de le vider et de le laver. Vers 10 h 30 je commence à dire au revoir et à remercier tout le monde pour la bonne ambiance de ce stage et nous décollons vers 11 h. Une pause casse-croûte sur l’aire du viaduc de Garabit et nous voilà de nouveau sur la route durant laquelle nous nous remémorons notre semaine sur les Causses.

Un grand merci aux organisateurs et organisatrices de cette semaine, aux cuisiniers qui n’ont pas arrêté une minute, et à toutes les autres personnes présentes avec leur joie et leur bonne humeur. Il me resterait encore beaucoup de chose à raconter mais il fallait y être pour connaître les moindres détails. Eh oui Laurent, tu ne connaîtras pas encore ton jour de gloire... Si jamais vous avez encore besoin d’un coup de main ça sera avec plaisir et si vous êtes amenés à passer en Lorraine il y a quelques trucs à voir.

Toutes les photos que j’ai récupérées (dont j’ai l’autorisation) et faites sont sur la page Facebook de l’USAN : https://www.facebook.com/pg/usannancy/photos/?tab=album&album_id=1933775393613258

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