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245.2 - Traversée Litorne – Fitoja Express (2e partie)
Olivier Gradot ; clichés : Yann Gardère
samedi 5 janvier 2019
ou comment comme une mini sortie planifiée se transforme par magie en vraie sortie à l’improviste.
Lire la 1re partie
Yann me demande si j’ai encore la patate pour aller traverser la salle, je réponds que même si je ne l’avais pas je l’aurai trouvée ! Je ne vais quand même pas passer à côté de ça ! On fait quand même un point horaire sachant que rien que visiter la salle d’environ 300 mètres de long va nous prendre une bonne heure et qu’ensuite il faudra encore une bonne heure et demi pour remonter les 160 mètres qui nous séparent de l’entrée FE. On n’est pas en avance mais c’est encore jouable sans risquer de tomber sur les secours en sortant.
Nous pénétrons donc dans le palais de la salle Fitoja et, comme prévu j’en prends plein la vue. Prenant en compte la richesse de la salle en spéléothèmes variés il serait méchant de dire que j’arrivais dans la quatrième ambiance « visuelle » de la traversée car la salle présente de nombreuses zones ayant toutes une ambiance propre.
Nous passons par une tranquille plage de sable bordant un petit cours d’eau mais qui ne doit pas être bas souvent vu qu’une tyrolienne installée à plus de cinq mètres de hauteur est présente au-dessus de nous pour permettre l’accès à la salle en période moins sèche. Nous remontons un éboulis collé à un superbe miroir de faille bombé.
On grimpe sur la rive gauche du cours d’eau dans un éboulement et à côté de nous se trouve une gigantesque coulée stalagmitique à la façon cathédrale, la calcite est tellement blanche que par endroits on croirait de la neige fraîche.
Plus on avance et plus tout est concrétionné de partout, forêts de fistuleuses géantes (parfois longues de plusieurs mètres !) à perte de vue, arches et colonnes de calcite, gours aux eaux colorées, formes sorties de l’imaginaire de Jérôme Bosch et de Giger... C’est à ne plus savoir où poser les yeux... la réputation de la salle n’est pas une erreur... c’est simplement merveilleux et les mots ne peuvent pas aisément décrire l’effet que l’on ressent quand on voit ça pour la première fois.
Après un parcours qui ne semble jamais finir nous arrivons enfin vers la dernière partie de la salle qui correspond à la zone où un ancien lac souterrain s’étendait autrefois. C’est là que Yann finira sa session de photos souterraines en arrivant avec talent à rendre l’effet d’immensité de la salle en utilisant un certain rat comme figurant sur l’image (sur la photo le sujet et tellement petit par rapport à la salle que ça parle bien… et dire que ce n’est qu’une infirme partie de cette dernière...)
La photo « finale » réussie, nous avalons une barre de céréales et faisons machine arrière pour retourner à la méduse d’où nous entamons notre remontée par le FE.
Ça commence par un P11, un R4 suivi d’un P10 puis une remontée menant à la première des quatre étroitures de la remontée « l’étroiture de la jonction » où mon guide a quelques années plus tôt vu des traces de pas indiquant que la jonction FE était faite et que la longue désobstruction était arrivée à sa fin.
Pas de problème pour cette étroiture elle se passe facilement et ne mérite d’ailleurs pas ce qualificatif. S’ensuit un P15 qui mène à l’étroiture de la douche, moins large que la première mais toujours soft. À la sortie de cette dernière on arrive au puits de la Disconcorde un beau P41 au beau volume, on en sort par l’entonnoir de l’espoir une petite étroiture plutôt rafraîchissante où le vent souffle fort.
On passe par un P5 et on arrive à la fameuse étroiture remontante « du petit branleur de paille », Yann la passe en deux-deux et bien entendu moi je galère pendant 10 minutes avant d’enfin réussir à donner le coup de dos adéquat pour passer ce mètre qui aura fini ma réserve d’énergie de la journée. « Il est temps que je sorte de ce trou... » dis-je à Yann une fois passé cette étroiture, je commence en effet à faiblir et mon épaule a besoin que j’arrête de lui demander des efforts. Heureusement pour le rat la sortie est toute proche ! Il n’y a plus qu’à monter deux petits ressauts en traversant la salle aux insectes et de remonter le P16 d’entrée.
L’odeur de la forêt est accueillie avec plaisir et je m’assois tranquillement la clope au bec le temps que Yann déséquipe le puits d’entrée. À son arrivée on se prend en photo et on marche vers les voitures pour se changer.
Il est 19 h 30... On sera resté 11 heures et demi sous terre et dans 30 minutes nos collègues vont commencer à s’inquiéter sérieusement, on commence donc par les prévenir de notre sortie de terre puis une fois changés nous partageons une bière bien méritée agrémentée de fromage local. On discute encore une vingtaine de minutes puis c’est l’heure de se séparer.
Je remercie une dernière fois Yann pour m’avoir permis de faire cette superbe sortie que je ne suis pas près d’oublier et prend la route pour me diriger vers mon camp de base en Haute-Savoie pendant que mon collègue retourne sur Albertville.
En roulant je repense à cette sacrée journée et au fait qu’il y a 24 h de cela je ne me doutais pas du tout qu’elle allait se dérouler comme ça ! Vivement les prochaines virées dans les Bauges... car c’est sûr le rat va repointer son museau par là !
Et comme les travaux de Yann (autant photographiques que spéléos) méritent d’être vus voici quelques liens pour vous régaler les yeux et en apprendre sur ses cavités de prédilection :