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246.3 - Le réseau du Verneau : la Baume des Crêtes
Lucas Schaeffer
samedi 9 février 2019
Participants : Marion, Leny, Lucas, Olivier et Théo (USAN) et Sylvain, Arthur, Christian et François (Abimes, 92)
Fraîchement arrivé de Marseille, c’est grâce à Marion que j’ai récemment intégré le club spéléo de Nancy : l’USAN. Lors de mon premier mardi soir au gymnase pour s’entraîner aux manipulations de cordes et accessoirement, à l’escalade, je fais la rencontre de Théo et du Rat ! Ils me proposent avec joie de me faire découvrir leur terrain de jeu avec en guise de première sortie... un trou dans le Doubs ! J’ai nommé la Baume des Crêtes !
Une date est rapidement fixée, il s’agit du week-end du 19 et 20 janvier. Nous serons neuf à descendre sous terre, cinq membres de l’USAN, et quatre membres du club Abimes d’Issy-les-Moulineaux (92), et nous aurons un soutien de surface qui nous attendra bien au chaud au gîte, à savoir Nathalie et Denis (ainsi que le petit Elliot) !
Vendredi 18 : une fois le boulot enfin fini, tout le monde rentre rapidement chez lui boucler son sac et se préparer à partir à l’aventure ! Olivier et Théo partiront les premiers récupérer les clefs du gîte et accueillir le reste du groupe. Arthur, Christian et François partent de Paris en début de soirée. Leny et moi-même partiront directement de Nancy vers 21 h 30. Quant à Sylvain et Marion, ils passeront la nuit à Nancy et partiront le lendemain matin pour arriver au gîte vers 8 heures du matin.
N’ayant pas eu le temps de regarder où se trouve le trou, ni même où nous allons, je me laisse guider par Leny qui m’explique que nous nous rendons à Fertans, à proximité de Besançon, dans le département du Doubs. Entre deux siestes, je guette par la fenêtre les bords de la route car, venant du Sud, je pensais me trouver dans des régions « polaires » où il y a un mètre de neige partout... Cependant... les choses ont l’air de se passer autrement, il n’y a pas de neige ! Nous arrivons finalement vers minuit et demie au refuge, et surprise ! Il y a un peu de blanc sur le sol !
On découvre le gîte fort spacieux et agréable ! Et on retrouve surtout toute la fine équipe, que l’on peut entrevoir parmi la montagne de cadavres de bières ! On se joint à ce rituel et Théo nous explique ce qui nous attend demain. Au programme, une entrée du réseau du Verneau : la Baume des Crêtes. Objectif : atteindre le collecteur de la cavité, et remonter la rivière souterraine jusqu’au siphon amont empêchant la jonction avec le gouffre Jérusalem. Et c’est aux environs de 2 heures du matin, que nous partons nous coucher, pour être d’attaque à 7 heures. L’heure du clairon...
Samedi 19 : c’est à 7 h 30 que François débarque dans les chambres réveiller les fiers soldats des cavernes ! « Il est 7 h 30... vu que personne ne se lève je viens vous réveiller, vous n’avez pas entendu votre réveil ? » demande-t-il, mais Théo lui rétorque « On n’en a surtout pas mis. » Timidement, nous descendons rejoindre la cuisine pour prendre le petit déjeuner copieux avec un grand choix de nourriture et de boissons chaudes. Et en même temps, Marion et Sylvain arrivent, en pleine forme, et trop réveillés pour les ours mal léchés que nous sommes. On prépare quelques sandwichs, chacun prépare son kit personnel, et Olivier remplit les bidons de pâtés lorrains et barres de céréales.
Démarrage des voitures gelées vers 8 h 30 et arrivée sur le parking enneigé à 9 h. On se met en tenue... tous en sous-vêtements dehors avec ‑9° C... c’est vraiment compliqué et on lit la souffrance de tout le monde sur les visages... hormis pour Théo ! D’ailleurs, il se dirige en premier avec Olivier et Sylvain vers le gouffre pour commencer à équiper pendant que le reste de la troupe fini de se changer.
Théo équipe la vire du P39 et la voie principale. Olivier équipe une deuxième voie composée de Spits qui sont tellement neufs que la rouille l’empêche de visser correctement les plaquettes ! Arthur équipera une troisième corde qui permet de descendre à partir du sommet de l’entrée, sous le regard sévère de Sylvain « Ça frotte ! Rajoute une sangle ! » Petit à petit, nous commençons à progresser sur les cordes en place, et on descend ce premier beau puits plein vide pour prendre pied dans une grande salle d’effondrement. Tout le monde s’en sort très bien, et a boudé la voie douteuse d’Olivier qui ne manquera pas de se faire entendre ! Quelques photos, et nous commençons notre descente vers la salle du Réveillon. Théo continue de filer en tête pour équiper, pendant ce temps Sylvain et moi tentons de trouver le « shunt du P10 » en allant nous faufiler dans des méandres et en escaladant quelques ressauts mais en vain.
Quelques ressauts et puits s’enchaînent, et on arrive dans une salle où l’eau commence à devenir très présente. On choisit d’y établir notre « campement », on mange quelques barres, et tout le monde se met en néoprène pour attaquer un méandre parcouru par une rivière. Les premiers partent équiper, et Arthur, François et moi-même restons en arrière, on finit d’ailleurs par perdre de vue les premiers et on peine à trouver le passage... « Il y a de la rubalise, mais ça indique une vasque qui siphonne... » Malheureusement, ça ne siphonne pas... On peut y passer la tête, le passage est bien là... Il est donc temps de se mouiller sérieusement ! Et nous finissons par rattraper le peloton, pour arriver au collecteur.
Cependant, le niveau du collecteur est anormalement haut, la sortie est compromise. Nous ne pourrons pas remonter jusqu’au siphon du Jérusalem à cause d’un courant trop fort, et d’un risque de crue assez important. On décide de nager un peu dans cette rivière et d’aller parcourir les galeries explorables sans risque. Nous bloquons finalement sur la première cascade d’une série de trois. On décide (après débat !) de rebrousser chemin, c’est dommage, mais il n’est pas prudent de continuer. On retourne au collecteur à la nage par équipe de deux, histoire que pendant que deux remontent le P12, les autres peuvent attendre le torse hors de l’eau. Le froid commence à se faire sentir malgré les combinaisons en 5 mm, à l’exception de Théo, qui, avec son petit lycra 1 mm, n’a toujours pas froid... Je pense qu’il n’est pas humain, mais que c’est un robot-spéléo venu d’ailleurs !
Marion, Leny et moi, sommes les premiers à remonter et à nous engouffrer dans le méandre. Et plutôt que de prendre les cordes équipant certains ressauts qui nous élèvent dans le méandre, on décide d’essayer de remonter le courant de la rivière en restant au fond, afin de voir si on peut shunter tous les ressauts en suivant le parcours de l’eau... et on peut ! On arrive à remonter l’intégralité du méandre sans prendre les cordes ou les ressauts.
Toute la troupe arrive finalement assez vite au « camp » pour se changer et manger les pâtés lorrains achetés par Olivier. Tout le monde est surpris par ce plat local et l’apprécie. Puis retour dans des vêtements plus secs, et on débute la remontée jusqu’à la salle du Réveillon. Prenant de l’avance, Sylvain et moi décidons d’aller explorer les boyaux et salles annexes pour « tuer le temps ». Tout le monde finit par arriver dans la salle, et on s’assoit autour d’une table de fortune pour discuter et faire quelques photos de groupe. Le groupe se divise ensuite en deux pour remonter le P39 d’entrée équipé en triple, et l’autre moitié fait un shooting photo autour d’un « lac », Olivier fait appel à son modèle préféré, à savoir Théo.
Tout le monde remonte rapidement, on attend les derniers, il est 18 h, il fait nuit et froid, et nos longes et pédales gèlent pendant l’attente. Retour dans la bonne humeur aux voitures pour se changer et se coller aux buses de sortie de l’air chaud. Certains se vantent même d’avoir des sièges chauffants. Puis retour de tout le monde au gîte pour un apéro bien mérité, à l’exception des genouillères d’Arthur qui, posées sur le toit de la voiture, décident de rester sur place. Au gîte, l’alcool et les chips abondent, on se montre les photos, on regarde la topo pour voir précisément ce qu’on a fait, et on discute de nos projets et de nos rêves d’avenirs en spéléo... Krubera-Voronja pour certains, Jean-Bernard, Félix-Trombe, ou le Berger, que des géants devant lesquels nous rougissons. Certains s’absentent en quête d’un commerce ouvert, d’autres partent en quête de genouillères en fuite, et pendant ce temps, le Rat prépare sa recette secrète de pâtes au pesto.
Quelques assiettes de pâtes, et verres d’alcool d’algues norvégien plus tard, Nat et Denis se joignent à nous. La soirée bat son plein, au son des bouteilles qui s’entrechoquent, et petit à petit, chacun va se coucher. Le gîte retrouve son calme.
Dimanche 20 : réveil difficile pour certains, le manque de sommeil et la feignantise se font ressentir. Durant le petit déjeuner, on discute du programme de la journée, il est décidé que les Parisiens et Marion iront sous terre faire la cavité des Cavottes, pendant que Théo, Olivier, Leny et moi-même iront nous promener, avec la compagnie des jeunes parents et d’Elliot.
L’équipe spéléo décolle vers midi, quant à nous, nous nettoyons et rangeons le matériel ainsi que le gîte. On grignote avec le reste de pâtes et de pain, puis nous décollons aux alentours de 13 heures. On ira finalement voir la grotte Sarrazine et la source du Lison où nous rejoignent Nat et Denis. On prend quelques photos, on parle d’escalade du porche surplombant la grotte Sarrazine, et nous irons même visiter cette dernière sur quelques dizaines de mètres, à l’aide de la lumière éblouissante de nos smartphones.
On décide finalement vers 15 h 30 d’aller voir un « trop plein » du réseau, dont le niveau est très bas, mais avec quelques centimètres d’eau dans le fond du gouffre. Avec mes chaussures « étanches » je décide d’aller m’immerger pour voir le siphon, sous le feu des regards de Théo et Olivier qui s’écrient « mais qu’est-ce que tu fous ??? » Je continue à avancer, rétorquant que mes superbes souliers ne craignent pas l’eau. Ce qu’ils ne savent pas en revanche, c’est que l’eau étant trop profonde, je sens de l’eau passer dans mes chaussettes... mais je ne leur avouerai pas cette erreur !
Nous faisons demi-tour aux voitures, et on décolle du Doubs vers 16 h. Leny et moi arrivons les premiers au local, et, surprise, il a neigé à Nancy. Nous décidons de préparer quelques boules de neige pour accueillir les deux retardataires, désespérés par ce manque de civilité de notre part. On pointe et range le matériel au local, et c’est vers 19 h 40, que nous nous séparons pour regagner nos logis respectifs.
Et c’est ainsi que se conclut ce formidable week-end de spéléo, balades, apéros et boutades à outrance ! J’ai été ravi de vivre ce premier moment sous terre dans l’Est avec l’USAN et Abimes. En espérant que nous retournerons très rapidement faire de belles explorations !