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257.2 - Un Usanien à La Bourboule

Pascal Admant

jeudi 2 janvier 2020

Nos terrains de jeux habituels et proches ont beau être de grande qualité, ils n’en restent pas moins d’ampleur limitée... C’est pourquoi nous utilisons souvent les grands week-ends et périodes de congés pour aller étancher notre soif de découverte vers les pays de karst de plus grande envergure.

Alors que pour d’autres raisons, je devais passer quelques temps dans la ville thermale de La Bourboule, bien loin de tout calcaire karstifié digne de ce nom, j’avais imaginé quelques plans d’évasion vers Lot, Dordogne ou autre Causse plus à l’ouest ou au sud. En fait, je n’en ai pas eu besoin ; les proches environs des Monts Dore, Sancy, Bourboule… m’ont offert bien des surprises à portée de demi-journée de voiture et de marche.

Pour commencer, j’ai tout simplement randonné sur les volcans du Puy de Dôme et du Sancy. Du haut de ces montagnes en forme de cônes et de puys, le regard porte loin sur 360° ; le sommet du Sancy offre une vue sur 1/6 de la France. Parcs d’accrobranche, via ferrata, sites d’escalade un peu sauvages… permettent d’aérer cordes et mousquetons. Enfin, les descentes depuis le Sancy jusqu’à la vallée en VTT-VTC sur chemins forestiers, avec presque 1 000 m de dénivelé, donnent accès à des vallons sauvages, points de vue, cascades… et sont l’occasion de rencontrer d’autres touristes et des auvergnats pleins d’anecdotes.

Ensuite, je suis parti à la recherche de lieux et sites insolites. L’Auvergne en regorge. Parmi ceux-ci, je vais vous présenter la Roche Branlante de Rochefort-Montagne, le sentier du bitume et la mine de Dallet.

Les livres de Pierre Rich (neveu de Claude) témoignent des beautés des paysages chaotiques et autres champs de blocs de pierre. Nous avons d’ailleurs emmené Pierre Rich à Savonnières-en-Perthois en 2017, pour faire une photo du mur concrétionné du Cornuant.

En plus des blocs statiques, il existe en France de nombreuses pierres mobiles, appelées suivant les régions : pierre tremblante, pierre tournante, pierre qui vire… La pierre branlante de Rochefort-Montagne (ou d’Orcival, suivant le versant par lequel on y arrive) est une énorme pierre en équilibre sur son socle. En poussant juste au bon endroit, d’ailleurs marqué à la peinture, on peut la faire osciller et la mettre en bascule.

Imaginez quelle pourrait être l’efficacité d’une désobstruction si toutes les pierres se mettaient à danser...

Des pierres qui bougent, passons à la pierre liquide ! En bon étudiant en géologie, j’avais déjà visité la région pour étudier volcans et roches volcaniques ; nos enseignants nous avaient bien parlé du pétrole de Limagne mais nous étions restés sur les hauteurs du Puy de Dôme. Alors cette fois, j’ai pris le temps ; oh, la visite n’est pas bien longue, une demi-heure tout au plus.

Presque oublié entre l’extrémité de la piste de l’aéroport de Clermont-Ferrand et la voie rapide, le site du Puy de la Poix a bien du mérite d’exister encore au milieu de nulle part.

Quelques dizaines de mètres de sentier, quelques vestiges de construction, un affleurement de roche volcanique au milieu des terrains sédimentaires de Limagne et… signalée par l’odeur caractéristique de goudron… : une flaque de bitume vivante ! C’est-à-dire présentant à l’air du bitume frais, flanqué de bulles crevant la surface et accompagné d’eau salée. Malheureusement, l’affleurement est peu entretenu, bien encombré par de nombreux débris, entouré de ronces et de saletés.

Une plaque posée par le Conservatoire d’espaces naturels d’Auvergne donne quelques explications : les hydrocarbures nés dans les roches sédimentaires remontent le long d’une cheminée de roche volcanique qui, venant des profondeurs, les a traversés de part en part ; une sorte de mèche en quelque sorte. À la fin du XIXe siècle, cette disposition faisait même supposer à certains scientifiques que le pétrole, en Limagne ou ailleurs, pouvait avoir une origine volcanique.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! Nous avons tous vu passer un jour ou l’autre un camion rouge marqué « SMAC Aciéroid » ! Il ne s’agit pas, comme on pourrait le penser, d’un livreur de bisous. En effet, ces lettres SMAC désignent en fait la « Société des mines d’asphalte du Centre ». La flaque du Puy de la Poix n’est qu’un affleurement un peu miraculeux des hydrocarbures nés et présents dans les calcaires du tertiaire.

Pour en savoir plus, ne pas hésiter à consulter l’article Pierre Thomas (Laboratoire de sciences de la Terre, E.N.S. Lyon ) agrémenté de nombreuses photos, publié le 7 janvier 2008 sur le site Planet Terre de l’E.N.S. de Lyon, intitulé Source et ruisseau d’hydrocarbures, Puy de la Poix, Limagne de Clermont-Ferrand (Puy de Dôme) (https://planet-terre.ens-lyon.fr/image-de-la-semaine/Img220-2008-01-07.xml).

À quelques kilomètres de là, les passionnés des associations Mur Allier Nature et Dallet d’un siècle à l’autre, emmenés par Mme Chris Daval, tentent d’organiser le souvenir des mines de calcaires bitumineux de Dallet et Lempdes. L’exploitation par galerie a commencé au tiers du XIXe siècle pour être arrêtée en 1985. Quarante-quatre kilomètres ont été tracés.

J’ai bien sûr commandé tout de suite le DVD dont on peut aussi trouver une version « légère » sur internet (https://planet-terre.ens-lyon.fr/article/dvd-mine-rois-Dallet.xml) ou un descriptif avec photos de la fameuse mine des Roys (https://www.exxplore.fr/pages/Dallet.php).

Les personnes désireuses d’en savoir plus ou souhaitant approfondir le sujet pourront lire un article conséquent de Pierre Thomas du 10 juin 2008, toujours sur Planet Terre, intitulé Un gisement d’hydrocarbures vu de l’intérieur et un trésor du patrimoine géologique français  : la mine de bitume de Dallet (Puy de Dôme), dite « Mine des Rois » (https://planet-terre.ens-lyon.fr/article/mine-rois-bitume-Dallet.xml).

Pour suivre, la ville de La Bourboule et ses environs immédiats m’ont plongé dans l’actualité et l’histoire du thermalisme en Auvergne et en France en général. Des immeubles en ruine, les bâtiments des thermes Choussy de nos jours fermés, le souvenir du funiculaire (détruit en 1958) et du téléphérique de Charlannes de nos jours fermé… témoignent de la grande époque du thermalisme florissant au début du XIXe siècle. On pourrait presque parler de friches industrielles du tourisme thermal. Aujourd’hui, l’activité thermale est concentrée aux grands thermes. C’est là que l’on peut voir et goûter une eau chaude (captée à 58° C, elle est refroidie pour la rendre consommable au robinet). Le principe actif essentiel, parmi toute la charge minérale, est l’arsenic qui a des propriétés anti-inflammatoires. Tout autour, la Bourboule offre encore la découverte d’objets géologiques étonnants.

Visible du rond-point d’entrée à la ville, le miroir de faille des thermes Choussy raconte l’histoire de l’effondrement de la caldera dans le vide laissé par les magmas éjectés des profondeurs.

En remontant la Dordogne vers le Mont Dore, on peut voir le bâtiment de l’ancienne source RIC ; un peu plus haut on peut même se baigner dans les aménagements sommaires de la source…

Enfin, je terminerai mon inventaire à la Prévert en vous parlant d’un véritable gouffre spéléologique très énigmatique, ouvert dans des roches volcaniques, loin de tout calcaire : le Creux de Soucy.

Situé sur la commune de Besse-et-Saint-Anastaise, à 2 km du lac Pavin, à deux pas du cratère satellite du Puy de Montchal, ce gouffre profond de 33 mètres mérite déjà à lui seul le détour. Son orifice, ouvert au milieu des broussailles, tout près d’une petite route, est solidement protégé par une palissade. Le gouffre a été fort bien décrit par Paul Gautier et Charles Bruyant dans un ouvrage de 17 pages paru en 1893 intitulé Observations scientifiques sur le creux de Soucy (Puy-de-Dôme) (https://gallica.bnf.fr/ark :/12148/bpt6k58020291/f4.image).

À découvrir également au travers d’un documentaire de 5 min 27 s de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes réalisé avec le concours du Groupe spéléologique auvergnat (http://www.gsa63.fr/ ; le site du club présente d’ailleurs plusieurs informations sur le gouffre concernant une légende, la géologie du site, la faune et la flore...) : https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/2013/11/17/decouverte-les-mysterieuses-profondeurs-du-creux-de-soucy-359037.html

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