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259.1 - Stage C.D.S. 54 Hérault 2019, dernière partie

Olivier Gradot

samedi 28 mars 2020

Pour les deux premières parties, consulter LPU n° 256 et LPU n° 258

Jeudi 14 avril 2019 : vers 7 h nous préparons les kits pour la sortie du jour à l’aven de la Leicasse qui sera sûrement la plus belle sortie de la semaine au vu de la réputation du trou. Nous avons bouquiné le livre dédié à la cavité que Bubu avait ramené et il est vrai que ça donne envie. Nous chargeons la voiture de Sabine et notre pilote se charge de nous maintenir attentifs à coup d’adrénaline et de détours parfois nécessaires et parfois involontaires. La fin de la route s’effectue sur une piste caillouteuse le long de laquelle les passagers sortiront à maintes reprises afin de dégager des blocs rocheux et pousser la voiture dans des passages « olé-olé ». Nous arrivons enfin au parking annoncé sur le descriptif, des ânes curieux nous regardent. Nous allons d’abord repérer l’entrée A’ de la cavité qui permet d’éviter un boyau réputé pénible par lequel il faut passer si on veut passer par l’entrée historique A. Nous la trouvons facilement mais prenons garde en marchant, la zone peut être sujette à la présence de vipères. Nous retournons aux voitures nous équiper, j’hésite entre sous-combinaison ou simple short / T-shirt. Je choisis la sous-combinaison (choix que je vais sévèrement regretter plus tard), les ânes nous rejoignent et attirés par l’odeur essayent de manger notre kit de nourriture. Je donne « le kit surprise » à Pascal mais malheureusement ce dernier sent qu’il y a anguille sous roche et l’ouvre pour en sortir le cubi de 5 L de vin que Théo et moi lui avions glissé dedans en douce… Dommage on aurait adoré voir sa tête après quelques heures à se trimballer un cubi pour rien… Bon, trêve de plaisanteries, direction le trou !

Théo équipe le forage de l’entrée A’, nous accédons à une petite salle d’où nous équipons (par confort dirait le Lynx) un ressaut ; la C8 de la topo est un peu juste (une C15 aurait été plus appropriée) alors une fois en bas de celle-ci il faut se balancer un peu pour atteindre le petit bout de méandre suivi d’un autre petit puits et d’un ressaut menant au départ du puits du Robot. Ce dernier est coupé en deux parties une première tirée de 35 m contre paroi puis une superbe descente plein gaz de 35 m elle aussi mais dans un volume géant ! Le puits du Robot descend à ‑109 m mais il faut s’arrêter vers ‑70 m pour rejoindre une large margelle d’où nous continuerons notre progression. Nous décidons de faire notre pause déjeuner ici, à côté de nous s’élève un grand château fort fait de briques et de personnages de glaise. Nous avions lu dans le livre dédié à la cavité que cet édifice avait été commencé à l’époque des explorations de la cavité afin d’aider à patienter ceux qui attendaient que la corde du puits soit libre, depuis les spéléologues de passage y apportent régulièrement des ajouts.

Restaurés nous commençons notre visite. Nous descendons une grande coulée de calcite qui est équipée en fixe et rejoignons la galerie des Meulières où nous croisons de superbes cristallisations blanches et de grandes stalagmites que nous prenons en photo. Nous cherchons ensuite dans une trémie le « shunt » qui nous permet de rejoindre rapidement la galerie des Gours sur pattes. Une fois arrivé là-bas je suis littéralement en nage… On crève de chaud dans ce gouffre ! Je m’arrête pour boire un coup et me ventiler quelques minutes. Nous repartons mais après avoir fait 100 m je suis de nouveau en train de fondre… Bon pas le choix : j’enlève la sous-combi et ferai toute la sortie en caleçon et combinaison, on a vu plus confortable mais c’est ça ou cuire.

Nous arrivons ensuite dans une salle gigantesque de la superficie d’un stade de foot je dirais, pause photo obligatoire puis nous continuons vers la galerie des Dalles qui, comme son nom l’indique, nous fait évoluer sur de grandes dalles plates et très nettes s’étant décrochées du plafond. Nous passons à coté d’un bivouac qui est signalé par avance à l’aide d’un panneau « Chut ! On dort ! ». Par précaution nous nous taisons le temps de notre passage puis arrivons à la galerie de la Nuit blanche et ses belles stalactites. De cette galerie nous accédons à la l’immense salle Edmond-Millau qui doit son nom au berger local qui a découvert l’aven et a fait partie des premières équipes d’explorateurs de ce dernier. Un panneau commémoratif et une cloche (de brebis ?) ont été installés à l’entrée par un membre de la descendance du berger (sa filleule si je me rappelle bien). Nous passons une bonne heure à explorer cette salle d’un rare volume, le grand pierrier qui fait office de plancher à la salle est parsemé de gros blocs de calcite blanche ; il suffit de les frapper sur une roche plus dure pour obtenir des jolis morceaux caractéristiques d’un système cristallin cubique.

Nous partons vers les hauteurs de la salle pour tenter de voir le plafond. Sabine et moi nous arrêtons dans un « nid de cristaux » et Théo et Pascal escaladent au plus haut. Théo croisera une belle géode et Pascal, après une petite peur, remerciera sa main pour avoir eu le réflexe de dévier une pierre qui lui arrivait droit dans la tronche. Une fois la troupe réunie nous faisons chemin arrière jusqu’à arriver à la bifurcation qui nous permettra d’atteindre la « conduite forcée ». Nous faisons une pause-café puis continuons dans une superbe galerie constituée de marmites de géants et où les plafonds sont recouverts de cercles concentriques qui nous font une fois de plus dégainer les appareils photos. Au bout de la galerie nous empruntons une vire en fixe qui mène à un puits à remonter, lui aussi équipé en fixe. Théo propose alors l’opération « shunter le shunt » ! OK, sauf que nous avons laissé les kits à l’entrée de la galerie... Pas grave Pascal et Théo vont les chercher en vitesse. À leur retour Théo monte en premier et part en reconnaissance, suivi de Pascal qui, il faut le dire, a « vraiment » confiance dans les amarrages périmés sur lequel la corde est attachée… Il se jette littéralement dans le vide sans le moindre tact en justifiant que de toute façon il y a plein d’autres points pour reprendre celui ou ceux qui lâcheront… Je n’ai pas le temps de commencer à tester les amarrages que Théo et de retour et nous dit de faire demi-tour car, à moins d’avoir envie d’aller nager ou de faire de l’opposition en mode grand écart (ce que je déteste tout le monde le sait), ça ne passe pas… L’opération « shunter le shunt » tombe donc à l’eau, c’est le cas de le dire… Nous retournons donc à la galerie des Gours sur pattes où nous suçons vivement la paille filtrante de Pascal (ouais, c’est bon les jeux de mots hein !) afin de nous désaltérer dans l’eau des gours. Théo remplit deux bouteilles et y rajoutent des pastilles purificatrices afin que nous ayons de quoi boire sur le reste de la remontée. Nous prenons le shunt en version remontante et finalement il passe bien plus crème que ce que l’on pensait… Vouloir le shunter aurait été une erreur.

Nous rejoignons rapidement les Meulières, remontons la coulée de calcite et arrivons à la margelle du puits du Robot. Pascal remonte en premier pour tester la solidité des amarrages et Sabine le suit. Théo et moi profitons de ce temps d’attente pour rajouter un rat et lynx « USAN » à la troupe des personnages du château fort en glaise. Y seront-ils encore si nous repassons par là un jour ? Suspense… Quand Sabine me crie « libre » je mets ma capuche, car le puits arrose un peu, et me lance dans la remontée. Une fois en haut je suis rapidement suivi de Théo qui aura passé le temps en comptant le nombre de « flexions-extensions » nécessaires à faire 35 m ; score : 75… Ce n’est pas mal. On enquille rapidement la deuxième partie du puits et le restant nous séparant de la surface. Juste avant de sortir Pascal essaye de se venger sur moi en m’envoyant (soi-disant involontairement...) quelques caillasses que j’évite de peu.

Une fois tous dehors nous sommes accueillis par une belle lune qui éclairera notre chemin jusqu’à la voiture. Nous nous changeons et, pour ne pas dire qu’il a été emmené pour rien, Pascal se sert une rasade de pinard directement tirée au cubi.

La descente de la piste est tout aussi épique que la montée. Théo et moi sortons régulièrement pour casser des branches épineuses et enlever des cailloux de la piste. Les amortisseurs et Sabine sont contents quand nous arrivons enfin sur quelque chose de plus carrossable. Nous rentrons au gîte où nous arrivons vers 2 h du matin. Harko est content de nous retrouver, en nous attendant il a brassé de la bière que nous nous empressons de goûter. Théo nous coupe du jambon, nous regardons les photos prises et en partageons quelques-unes sur la page Facebook de l’USAN. Les meilleures nous les gardons pour plus tard après quelques retouches. Il est 3 h 30 du matin quand les derniers vont se coucher, bercés par les bruits étranges que fait Harko quand il rêve, et tous satisfaits de cette belle cavité que nous ne pouvons que conseiller à tous ceux qui ne la connaissent pas !

Vendredi 15 avril, comme la troupe ne s’était couchée que vers 3 h 30 elle ne se réveille qu’à 10 h 45. Nous prenons notre petit déjeuner au soleil et réfléchissons au programme de la journée. Nous devons rendre le gîte samedi matin alors nous décidons de commencer par laver tout notre matériel et ensuite d’aller faire un coucou à la mer et un peu de shopping spéléo-plongée à Montpellier.

Nous trouvons un coin lavage juste à côté de Le Puech et nous nous installons comme des rois sur les bords d’une petite rivière à l’eau chaude bordée de superbes rochers rouges. Je crois que c’était la plus sympathique session « vaisselle cordes-baudards » qu’il m’ait été donnée de faire à ce jour… Les pieds dans l’eau chaude, sur du sable fin, les rochers rouges brûlants, un gros soleil : le top ! Une petite peur quand même quand nous avons eu la visite inopinée d’un nuage mouvant et bruyant d’insectes qui s’est mis à tournoyer au-dessus de nous. « Courez ! » ai-je crié à mes compagnons qui tous (sauf Pascal qui se fout décidément de tout) se sont rapidement éloignés du « nuage ». Heureusement pour nous ce n’était qu’un essaim d’abeilles inoffensives et pas ces satanés frelons ! Nous finissons notre lavage et en moins d’un quart d’heure à dorer au soleil notre matériel est sec : parfait ! Nous posons tout ça au gîte, croquons un bout de saucisson (encore…) puis faisons route vers Montpellier, shopping chez Expé où nous prenons de la corde à longe et un joli sac à main pour Pascal (un kit de portage qui lui va à ravir) et dans un magasin de nautisme où je me prends une petite lampe de plongée bon marché et validée par Martial en guise de lampe de secours. Nos emplettes faites nous nous rendons à Palavas-les-Flots pour faire un coucou à la mer et boire un verre. Pascal nous raconte ses vacances d’enfance ici et plus particulièrement l’histoire de son doudou « blanc-blanc » qui, à l’époque, avait tenté de s’enfuir par la fenêtre de la voiture (on vous rassure, Pascal a pu récupérer son doudou et le garde précieusement dans son coffre à trésor même si maintenant il est plutôt « gris-gris » que « blanc-blanc »). Nous rentrons ensuite au gîte, commençons à ranger quelques affaires. Ce soir ce sera spaghettis bolognaise sauce pompette pour certains (non Théo tu n’es pas visé, t’inquiète !) avec quelques spécialités asiatiques achetées au traiteur de Palavas.

Samedi 16 avril 2019, jour du départ de l’Hérault. Une fois caféinés nous rangeons nos affaires dans nos voitures respectives et passons un coup de nettoyage dans le gîte. Pascal et Sabine partent les premiers car ils rentrent directement sur Nancy. Théo et moi voulons profiter de la proximité de l’Ardèche pour aller plonger au goul de la Tannerie à Bourg-Saint-Andéol. Nous regonflons toutes nos bouteilles au taquet, chargeons lourdement la roulotte qui commence à sérieusement ressembler à un magasin de plongée puis, une fois avoir vérifié que le gîte est OK et que rien n’est oublié dedans, nous allons rendre les clés à l’accueil et disons au revoir au lac Salagou que nous espérons revoir un jour. Nous repassons la jolie petite rivière rouge et faisons route vers Vallon-Pont-d’Arc où nous avons décidé de faire étape ce soir. Nous n’empruntons que des routes de campagne, faisons une pause pizza et, une fois arrivés, allons nous promener un peu autour de la grande arche et ses alentours. Théo croise des connaissances qui sont en train de faire une Co-J dans le coin. Ils viennent de faire la traversée de Saint-Marcel et nous proposent de venir passer la soirée avec eux mais comme ça sentait le piège et qu’il fallait être frais pour la plongée du lendemain nous refusons poliment la proposition et allons nous installer sur les hauteurs pour passer la soirée tranquille et nous coucher tôt après nous être rappelés le chouette stage spéléo que nous avions passé ici au printemps 2017.

Dimanche 17 avril 2020. Pour ma deuxième plongée souterraine en siphon naturel, Théo m’a proposé d’utiliser le dernier jour de notre semaine dans le Sud pour aller plonger au goul de la Tannerie à Bourg-Saint-Andéol en Ardèche. Le jour de notre départ de l’Hérault nous avons donc gonflé nos blocs. Je plongerai avec un bi-12 L en dorsal et un relais de 7 L et Théo avec un bi-10 L en configuration sidemount et un relais de 7 L.

Au matin nous nous réveillons à l’aube dans notre tente, prenons un café puis roulons vers le site des gouls. À notre arrivée plusieurs plongeurs sont en train de se préparer. Certains vont à la Tannerie, d’autres au goul du Pont tout proche. Tous sont équipés bien plus lourdement que nous : scooters, recycleurs et mélanges de gaz, ils ont bien sûr pour but de plonger plus loin et plus profond que ce que nous pourrons nous permettre en circuit ouvert à l’air. Pour nous l’objectif est de continuer à ce que je me familiarise avec le milieu naturel souterrain et bien sûr que je puisse découvrir ce site exceptionnel tant connu dans le milieu. Nous prendrons donc le chemin classique et peu profond qui mène jusqu’au départ du puits descendant à plus de 200 m de profondeur. Cette galerie presque horizontale fait près de 700 m de long aussi nous savons bien qu’avec ma consommation d’air encore très perfectible nous n’atteindrons pas le puits. Ce n’est rien de grave, ce n’est que ma deuxième plongée souterraine et donc nous verrons jusqu’où la règle des quarts nous permettra d’aller.

Nous installons nos Cyclons 5000 sur nos blocs, les ramenons dans l’eau à l’entrée du goul, nous nous mettons en combis néoprènes puis allons finir de nous équiper dans l’eau. Je fais quelques tests sous l’eau puis me lance vers le goul suivi de mon prof qui me suit de près. Comme je pouvais m’y attendre l’eau est claire et la visibilité très bonne ce qui me change de ma première plongée à l’évent de Veyrières le lundi précédent (jour où j’ai compris l’expression « marron-chocolat » de Julien sur le retour du S1) ; aucun sédiment au sol, que de la roche belle et lisse, la température de l’eau est suffisante pour que nous n’ayons pas froids en néo 7 mm, la hauteur de plafond n’est pas toujours très importante aussi comme je suis en dorsal et que ça ne peut pas touiller je me rapproche du sol et préfère m’aider de mes bras plutôt que de faire frotter mes protèges robinets (la configuration sidemount est clairement avantageuse entre autres pour cette raison). Nous déposons les bouteilles relais un peu avant la cloche d’air et nous laissons passer un groupe de plongeurs à scooter devant nous pour ne pas les ralentir. Théo me dit d’essayer de me concentrer pour respirer plus lentement et de remplir mes poumons de façon moins ample qu’en surface. Nous continuons notre plongée et arrivons au canyon ou la profondeur augmente un tout petit peu pour atteindre les 11 mètres environ, en bas du canyon nous arrivons à l’étroiture. En plongée, le terme d’étroiture est relatif car il est lié au type d’équipement utilisé et à la configuration de ce dernier (dorsal, ventral, sidemount…). D’ailleurs nous retrouvons à l’étroiture le groupe de plongeurs nous ayant doublé à la cloche d’air, l’un d’eux ne semble pas à l’aise devant le passage bas et le groupe s’écarte et fera finalement demi-tour. Je m’essaye à mon tour, avec mes bras je fais glisser sur le côté quelques gros galets, vide l’air de ma stab pour me plaquer au sol et avance lentement pour ne pas trop faire frotter les protections de mes robinets au plafond, finalement je passe très facilement et suis immédiatement suivi de Théo. Nous continuons notre progression dans cette superbe galerie, nous croisons des fragments de roche présentant de belles cristallisations de calcite, nous avançons jusqu’au environ 450 m du départ de la galerie, moment où je fais signe à Théo que je suis arrivé à un quart de consommation sur chacun de mes deux blocs. Il me demande si tout est OK, je lui réponds que oui et il me dit de prendre le chemin du retour. Ce dernier se passe un peu plus rapidement qu’à l’aller, « l’étroiture » se passe bien, nous récupérons nos bouteilles relais et arrivons vite à l’entrée du goul où nous faisons un palier de sécurité de 3 min à 3 m. Notre plongée aura duré une heure pile et c’était une heure de plaisir. C’est très satisfait de cette découverte que je ramène mon matériel à notre véhicule, nous discutons un peu avec un des plongeurs ayant fait partie du groupe que nous avions croisé puis après avoir cassé la croûte nous reprenons la route vers Nancy avec des beaux souvenirs plein la tête, nous ferons une petite étape pour couper la route en deux et passerons une chouette dernière soirée en roulotte, garés à côté de cépages.

Ce fût vraiment une belle semaine, un grand merci à Sabine, au C.D.S. 54, à Théo mon prof de corde et maintenant de bulles et à tous les participants pour tous ces très bons souvenirs !

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