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274.1 - Exploration canyons secs et barrings : Aïga Ventao
Eric Daveux
mardi 6 juillet 2021
7 h. L’aube ressort chagrine à se lever. Février court ses jours sur le calendrier. La météo maussade s’enlumine grisâtre d’humidité. Le ciel s’ennoblit de nuages. La température imprime sa loi dans les rigueurs de l’hiver.
7 h. L’enthousiasme embrasse notre équipage par la journée découverte d’un nouveau canyon sec dans la vallée de la Tinée (Alpes-Maritimes).
7 h. Un café, un jus d’orange et des viennoiseries réchauffent les corps et les esprits.
7 h 30. Nous rejoignons le parking aval. Nous laissons une voiture. Le matériel circule d’un coffre à l’autre. Le rechange dans la première. Le matériel dans la seconde.
7 h 40. Parking amont. Le point de vue se répand sur la vallée confinée sous une épaisse brume. L’équipement individuel et collectif est distribué. Il alourdit les kits. Poids moyen pour chacun 20 kg.
8 h. La randonnée d’approche, d’un dénivelé modéré, échauffe les muscles. L’excursion absorbe nos foulées plus de soixante minutes. Le panorama azuréen, tout emmitouflé de nuages, est de toute beauté.
9 h 20. Harnachés de l’équipement nous pénétrons dans le canyon ou du moins ce qui y ressemblera sous peu. Des verticalités, des désescalades, sous un couvert forestier, s’enchaînent et viennent épouser nos premiers pas vers le petit bonheur qui nous attend.
10 h. Une C18 dépose la troupe dans les entrailles d’une nature aux contours plus géologiques. Nous pénétrons dans le domaine de ce que certains nomment « la spéléologie à ciel ouvert ».
10 h 25. De cascades en ressauts nous approchons de la Grande Dame. Nous humons ses émanations aériennes vers 12 h 15…
12 h 30. Nous y sommes. Pour rejoindre le départ de sa seigneurie, la pose d’une main-courante est essentielle. On ne tutoie pas les grandes verticales avec la même assurance qu’un petit ressaut.
12 h 55. L’amarrage aménagé, la corde installée se tend sous son propre poids. Le premier s’élance avec l’allégresse de l’enfant qui vient à conquérir son jouet de Noël.
12 h 57. Il est des minutes qui comptent pour des heures quand, à mi-chemin, disparaît le petit d’homme suspendu le long d’une corde telle l’épeire fileuse et conquérante. Et, la corde se ramollie. Le talkie-walkie annonce le mot magique : « LIBRE ». À chacun, dorénavant, d’appréhender ses peurs et ses joies le long de la belle C95.
13 h 40. Tout à « l’enkitement » des cordes ; nos yeux dessillés d’un silence sublimé, savourent la belle verticalité.
13 h 41. Là, dépossédés de la moindre grandeur, nous ressentons la force des différentes contractions terrestres qui allient l’orogenèse à l’érosion.
16 h 30. La clarté vespérale impose son nébuleux et ouaté clair-obscur. Lucioles éphémères ambulants dans un monde minéral, les lampes frontales illuminent les pas lourds mais joyeux de ce bel attelage.
L’équipage :
(Les Usaniens)
Philippe, Christophe, Éric