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282.1 - Une sortie à Nancy (Meurthe-et-Moselle)
Claire, Céline, Vicky et Geoffrey (Spéléo-club des chiroquois migrateurs)
dimanche 30 janvier 2022, par
Participants :
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SCCM : Claire, Céline, Geoffrey S., Léo, Rami, Véro C., Vicki, Vincent, Xavier M.
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Extérieurs : Sabine, Étienne et son fils Matthéo (Usan), Sébastien (SCO, 57), ainsi que Sandy de Belgique
Ouvrages visités (TPST) : Spéléodrome de Nancy (4 h) & grotte des Sept-Salles (1 h 30)
Haïku du Spéléodrome (Céline, Claire et Vicki) :
Soixante mètres plus bas
Aqueduc pour spéléos,
Calcite à gogo.
Haïku pour la grotte des Sept-Salles :
Ramping et poussières
Crinoïde et chiroptères
La grotte des Sept-Salles
Le SCCM a été invité par Sabine à visiter le Spéléodrome de Nancy, ainsi que des cavités fossiles sur les bords de la Moselle.
La voiture de Xavier part de Villebon le 19 novembre avec l’équipement et la nourriture alors qu’une autre voiture part de Longjumeau ; arrivée chez Sabine qui accueillait tous les membres du SCCM vers 1 h du matin. La nuit fut assez courte, car le départ vers le Spéléodrome est lancé à 8 h.
Le Spéléodrome en question est un ancien aqueduc destiné à l’alimentation en eau potable de la Ville de Nancy. Cet ouvrage datant du début du XXe siècle est aujourd’hui destiné aux visites patrimoniales ainsi qu’à l’entraînement spéléo.
La visite démarre par une descente dans un puits d’accès artificiel de 60 m, équipé en double. Ce regard est ceint par un mur de 2 m de hauteur, qu’il faut escalader pour atteindre la trappe cadenassée. Après la descente, nous atterrissons les pieds dans l’eau. Les premiers arrivants sont allés découvrir l’amont de l’aqueduc.
L’ouvrage est constitué d’une galerie brute, taillée dans un horizon de calcaire et de marnes. Une cunette et des banquettes en béton ont été coulés dans le radier de l’ouvrage pour canaliser le flux. L’aspect nu des parois dévoile des indices de la construction de l’ouvrage, grâce auxquels nous pouvons imaginer comment il a été réalisé. En l’occurrence la roche présente très peu de marque d’outil, ce qui pourrait attester d’un creusement à l’explosif. Des réservations ont été creusées en haut de piédroits tous les quelques mètres. Ils devaient certainement permettre d’installer du boisage en phase de déblaiement.
Dès les premiers pas dans la galerie, nous sommes surpris par l’épaisseur de concrétions calcaires, qui se sont formées au fil des années dans la cunette, au point de quasiment la remplir. Par ailleurs, nous observons un tapis de perles des cavernes, de taille allant de quelques millimètres à plusieurs centimètres. Au cours de la progression nous sommes frappés par la présence de forages en clé de voûtes, concrétionnés avec des formes de méduses, draperies, excentriques.
La visite de l’ouvrage est rendue difficile par toutes ces concrétions au sol. En effet, la calcite a fortement réduit la section, ce qui impose de conserver le dos courbé pendant la marche, alors que les pieds s’enfoncent tantôt dans les amas de perles qui roulent sous les pieds. Régulièrement l’aqueduc comprend des galeries borgnes latérales, vraisemblablement destinées au captage de l’eau. D’autres galeries annexes semblent être d’anciens puits de ventilation et de marinage des déblais d’excavation, vers la surface. Vers la fin de la visite, on trouve aussi d’anciens regards dont la descenderie est presque totalement prise par les concrétions, dévoilant à peine l’acier des échelons. Au milieu du parcours se trouve une porte de sectionnement convexe en acier, de type sous-marin. Le bombement lui donne un style Steam-Punk qui n’a pas échappé à Vicki. La porte n’est plus manœuvrable tant elle est prise par la calcite et la corrosion. De part et d’autre de cette dernière, se trouvent deux chambres de pompage, dont seules subsistent quelques conduites à bride, scellées dans la paroi. Afin de traverser chaque chambre, il faut sauter par-dessus une surprofondeur métrique formant des bassins. L’eau qui s’y trouve piégée est totalement limpide et de couleur légèrement bleutée.
Après quelques kilomètres d’évolution, l’aqueduc s’approfondit d’une dizaine de mètres par l’intermédiaire de deux sauts de ski. Le cheminement est possible grâce à deux volées de gradins situés à gauche. Plus bas nous découvrons que l’ouvrage est ramifié. Nous prenons à droite, dans une galerie « qui respecte le spéléologue », au dire d’un sage finlandais, ce qui nous soulage le dos. Nous notons aussi que le niveau de l’eau a clairement augmenté. Pour ne pas se remplir les bottes, la marche s’y fait alors de préférence sur les banquettes. Il faut parfois sauter d’un côté à l’autre, comme dans le jeu « the floor is lava ».
On peut observer désormais que la roche mère est plus tendre. Ainsi des plaques de marnes très argileuses se sont détachées des parois. Des travaux de consolidation ont été entrepris et de nombreux renforts ont été construits pour soutenir la voûte. Il faut de nouveau courber le dos. Localement des madriers destinés au renforcement jonchent le radier, totalement calcifiés. En aval, la galerie principale est fermée pour cause de risque d’effondrement. Nous devons alors emprunter une galerie secondaire sur les conseils de Sabine, qui en profite pour nous faire découvrir des Niphargus se plaisant à nager dans les gours.
Pour achever l’exploration et en guise de derniers efforts avant de regagner la surface, située 50 m plus haut, il faut passer par les neuf paliers du dernier regard.
Nous regagnons la voiture par la surface au travers d’une petite marche rafraîchissante, dans les bois nancéiens. Nous clôturons la visite par un pique-nique entre amis dans la forêt.
L’après-midi le groupe se rend au centre de Nancy découvrir la ville, et son marché de Noël pour son ouverture. L’occasion de partager un moment convivial et de goûter quelques gobelets de nectar revigorant.
Le dimanche 21, après une bonne nuit de sommeil, Sabine nous amène découvrir le terrain d’entraînement de son club. Il s’agit d’un ensemble de grottes en bord de Moselle, qui se sont formées lors des bouleversements hydrologiques des grands cours d’eau de la Moselle et de la Meurthe. La Moselle ayant abaissé son cours de 10 m au cours des derniers 400 000 ans, les niveaux des grottes explorées sont aujourd’hui fossiles.
La grotte des Sept-Salles, explorée ce jour nous a beaucoup plu. Elle peut s’explorer sans équipement de descente, et elle est parfois très exiguë. Cette étroitesse ne nous a pourtant pas ralenti. Parmi les chiroptères hibernants, nous avons pu pratiquer quelques étirements bénéfiques au travers de passages minuscules.
Merci à Rami et Sabine de nous avoir fait découvrir des fossiles rares d’étoiles de Sion et de crinoïdes.