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282.2 - Session Vercors novembre 2021

Olivier Gradot

dimanche 30 janvier 2022, par Bertrand Maujean

Participants : Théo, Charles, Pascal O. et moi-même

Après plusieurs week-ends consécutifs d’encadrement de stages nous avons envie de nous    faire plaisir et nous nous planifions le long week-end du 11 novembre dans le Vercors avec pour objectif principal de finaliser le rééquipement du gouffre de la Laitière Mutante (l’un des onze accès au réseau du gouffre Berger) qui avait été commencé en août dernier et qui restait à finaliser à la suite de la chute malheureuse du perfo au fond d’un puits (voir Prévot Th. (2021) - « La laitière Mutante », Le P’tit Usania n° 279, Usan, Nancy, p. 1‑3). En complément il est décidé de nous programmer une balade dans la superbe rivière souterraine de Gournier.

Jeudi 11 novembre. Je me réveille d’une soirée expérimentale passée chez Benoît et Maud qui m’ont proposé un diner constitué de plats ayant tous un point commun : être principalement à base de choux-fleurs ! Et tout ça à la suite d’une connerie que j’avais imaginée l’hiver dernier en préparant la sortie au gouffre Jean-Bernard : calculer le poids que représenterait une course du genre en ne basant l’apport calorique uniquement que sur ledit légume…

Calcul rapide : Choux-fleurs environ 20 kcal pour 100 g, soit 200 kcal / kg ; besoin de 4 000 kcal par jour et donc par tête ça fait un chargement de 20 kg de choux-fleurs… un aliment optimal pour la spéléo !

Je bois un café (sans chou-fleur), charge mes affaires et vais chercher Théo puis nous allons au local où nous sommes rejoints par Charles et Pascal. Nous partirons à deux voitures car sinon ça serait trop compliqué niveau place. On finalise la préparation du matériel, on prend des néoprènes et le canot gonflable puis nous partons en direction du Vercors. La route nous prendra environ 6 h avec une pause déjeuner dans un Burger King et une pause courses à Sassenage. Nous arrivons à Villard-de-Lans, où nous avons réservé un gîte, dans la fin d’après-midi. Nous déchargeons nos affaires et prenons l’apéro bières-chips-saucisson en planifiant notre lendemain. Quelques pizzas fraîches sont dévorées et nous nous couchons vers minuit afin de garder un peu de patate pour le lendemain.

Vendredi 12 novembre : je me lève en premier et m’occupe de nous faire du café. Nous petit-déjeunons, il fait beau fixe, il n’y a pas de neige, les conditions sont parfaites ! Nous partons en direction du célèbre parking de la Molière, la route nous prend 40 minutes, nous nous équipons, je fais le pari (parfois risqué) de partir tout équipé pour gagner du poids et c’est parti pour une marche d’approche d’une heure qui commence par une superbe vue sur les Alpes et les sommets enneigés. Dans ce sens-là, cela descend doucement et avec la motivation d’un matin elle passe agréablement pour tout le monde. Arrivé à un lapiaz Théo reconnaît le spot et après quelques minutes de recherches nous trouvons l’entrée de la Laitière-Mutante.

Les autres se changent et moi je prends le premier kit de matos. Je vais équiper jusqu’en bas du beau P108, le puits Ramone, qui, cet été, a reçu des beaux amarrages tous neufs, puis, pour la suite, il faudra poser de nouveaux amarrages (le perfo s’étant pris un bon vol l’été dernier, la mission rééquipement estivale avait été avortée). Je commence donc à équiper. Après un mini-passage sans trop de volume j’arrive directement dans le superbe puits, c’est large, la roche est propre et parfaite pour y coller des « spits ». Cependant ça parpine ! Il faut bien penser à purger et les cris « attention cailloux » seront répétés par l’équipe à maintes reprises malgré nos efforts pour tout nettoyer à la descente. Quand c’est possible, le choix est de passer par des amarrages forés, c’est nettement plus durable et discret que d’autres méthodes, je suis assez partisan de cette technique. Pour le reste ce sont de belles chevilles inox qui sont installées.

Le puits Ramone se descend par une succession de tirées principalement contre paroi qui mènent à des margelles successives. Au total ce sont 9 fractionnements et 2 déviations qui sont installés. À la dernière margelle il y a plein de gros blocs prêts à se casser la gueule, c’est là qu’il faut bien purger et dire aux autres de bien faire attention. J’entreprends une bonne purge et comprends vite ce que mon comparse, aka Théo, voulait exprimer comme sentiment dans son compte rendu : c’est à la fois jouissant et flippant d’envoyer valser de gros blocs qui s’écrasent plus bas dans un fracas du tonnerre amplifié par la résonnance dans le puits !

Arrivé en bas du P108 je m’écarte vite pour me mettre en sécurité et suis rejoint par les autres rapidement. Théo déballe alors son matériel (un vrai Leroy Merlin sur pattes le type !) et c’est parti pour continuer la pose d’amarrages dans le puits suivant : un beau P74 dénommé puits du Bernard-l’ermite. Je suis Théo alors que Pascal et Charles viennent derrière. Le bas du P74 nous offre des parois incrustées de fossiles de coquillages énormes, dont les dimensions dépassent souvent celles de nos mains, c’est super beau. Quelques fractionnements et déviations fraîchement posés et nous voici tous en bas du puits. Nous décidons d’y faire la pause déjeuner qui consiste en de la pâte de potiron (prenez de la crème de potiron et mettez-y un quart du volume d’eau nécessaire, remuez avec un doigt sale : c’est prêt !) et du chocolat. Rassasiés nous continuons par l’équipement du puits Snactum, un P27 en haut duquel Théo essaye à plusieurs reprises de faire tomber un énorme rocher qui bouge… qui bouge… mais qui refuse de tomber ce coup-ci (il ne paye rien pour attendre… on est têtu !), ce n’est pas bien grave car Théo fait passer le parcours de corde du côté opposé au caillou. Équipement toujours confort, rien à redire (comme d’habitude me direz-vous). Arrivé au P12, le puits de Péripatéticiennes, je reprends la pose des amarrages sous la supervision de Théo et idem pour le P31. On se retrouve tous au bas du puits : mission accomplie ! La « Milf Mutante » est prête à accueillir de nouveaux visiteurs !

Nous nous posons la question de continuer vers la galerie de la Boue, voire la salle des treize (!), ou de faire demi-tour. Sachant que nous ne sommes pas encore dehors et que nous voulons aller à Gournier demain nous décidons de faire demi-tour. De là où nous sommes nous entendons un cours d’eau souterrain couler, Théo va voir vite fait un peu dans le méandre, il descend un P4 qui peut se désescalader puis nous rejoint. Nous mangeons une barre, faisons chauffer un café et agrémentons ce dernier d’un liquide alcoolisé tout droit sorti de la topette de Pascalou ; on s’en met tous un peu dans nos verres de café et savourons ça en trinquant à notre cher Doctor Jones (aka Arnaud) qui malheureusement n’a pas pu se joindre à nous. Apparemment la topette n’est pas vide et Pascalou ne veut pas remonter inutilement cette énorme charge ! Il nous en repropose, Charles et moi disons non… les deux autres crevards se regardent du coup avec les yeux qui pétillent et veulent dire « t’as vu mec ? On peut s’enfiler le reste rien que toi et moi ! ». Notre pause faite nous commençons la remontée. Je passe en premier après avoir donné ma lampe back-up aux autres car je compte faire quelques clichés en technique L (Smartphone mode IA nuit en contre-jour). C’est Charles qui commence par me servir de modèle, puis Théo qui se chargera de déséquiper. Moi je décide de faire le sherpa, ça commence avec deux bons kits et à partir du bas du P108 ça continuera avec trois gros kits, putain ça met du temps à décoller en bas des puits tout ce bordel ! Charles galère avec son croll qui a décidé de bloquer un peu quand il veut, du coup je lui tiens la corde pour que ça coulisse mieux. « Verticalise ! » lui gueule Pascalou. Ça me fait bien rire, du coup je finirai la sortie en raillant l’ami Charles avec ce conseil bien de chez nous. Il est bien deux heures du matin quand j’arrive à la surface et que Pascal me déleste de mes kits (que je ne suis pas peu fier d’avoir remontés !). Les autres se changent, moi comme j’avais décidé de ne pas prendre de change je me les caille et les regardant se mettre dans des fringues sèches et des chaussures confortables… On décolle ! Allez, dans une heure on est au chaud dans les voitures ! C’était sans compter que je m’apercevrai plus tard avoir oublié mes lunettes à l’entrée du trou (et hop un petit aller-retour et bien 10 minutes sur place pour retrouver le trou…mais ouf, personne n’a marché dessus) et que l’on allait un chouia dériver du bon chemin. En tout cas la marche retour semblera à tous plus longue que celle de l’aller. Il est 3 h quand nous arrivons aux voitures, je me change, Pascal propose de boire une bière mais Théo l’envoie chier car oui depuis quelques dizaines de minutes la « Beyte » n’est pas trop capable de réfléchir… elle est obsédée par l’idée de manger un poulet curry… Bon ben rentrons au gîte alors !

4 h 20 : Théo n’a même pas voulu ouvrir une bière… Charles, Pascal et moi trinquons en regardant Théo cuisiner pour nous (c’est bien tu as compris… continue comme ça), je profite de ce temps pour retoucher et partager sur FB les photos du jour (le luxe inouï de la technique L couplée à la 4G !), il s’ouvrira quand même une Rince Cochon une fois le plat préparé et nous le dévorons avec grand appétit. On se couche vers 5 h 15 avec pour objectif d’être debout pour 10 h car ce n’est pas tout, Gournier nous attend !

Samedi 13 novembre : on se lève pour les 10 h 30, café, préparatif des affaires, Charles va nous choper de quoi nous faire des sandwichs et nous décollons pour le parking des grottes de Choranche en passant par les magnifiques gorges de la Bourne. Avec Théo nous nous rappelons nos sessions spéléo et plongée ici en automne 2019. Une fois garés nous nous équipons, Théo gonfle puis rafistole le canot avec du gros ruban adhésif puis nous partons vers le lac de Gournier en faisant rire les touristes (un type équipé spéléo avec un kit, un canot gonflable et un masque chirurgical sur la tronche ça n’est pas commun !).

Arrivé au lac Théo part en premier équiper la vire. Nous ramenons le canot à l’aide d’une corde. Par un miracle céleste je traverse sans me mettre à l’eau et il en sera de même pour Charles et Pascal. Allez, c’est parti pour la partie fossile avant la rivière. De Gournier je ne connaissais que le lac d’entrée où nous avions plongé avec Théo en 2019, on m’avait vendu la partie fossile comme « bof » mais vache, dès le début c’est super beau ! Gros volumes, concrétions en veux-tu en voilà, superbes fontaines et gours… Bref, j’ai envie de sortir le Smartphone mais on me dit que l’on fera ça sur le retour. Après environ 40 minutes dans la partie fossile il est temps de nous mettre en néoprène, l’instant que tout le monde adore… C’est chiant à mettre et on crève de chaud, heureusement l’eau n’est pas loin et c’est avec plaisir que Pascal et moi nous y jetons pour nous rafraichir. Nous nous lançons dans notre parcours dans la rivière… C’est juste splendide… De loin la plus belle rivière souterraine que j’ai vue à ce jour… Et c’est toujours une surprise à chaque virage : du beau, du beau et encore du beau ! Nous arrêtons notre parcours un peu avant la grande cascade (mais je reviendrai voir plus loin ça c’est sûr ! car il y a de quoi faire) et je profite du retour pour faire quelques jolies photos de mes collègues (eh oui les Smartphones sont étanches !). Toujours par miracle je ne me mets pas à l’eau en traversant le lac et nous faisons notre bonne action du jour en ramenant à bon port le canot qu’une équipe de spéléo avait, à l’évidence, mal attaché et qui flottait au milieu du lac. De retour aux voitures nous croisons des spéléos qui s’inquiètent de ne pas voir revenir le groupe du canot « mal attaché ». Nous leur demandons l’objectif et l’heure de départ puis les rassurons : rien d’anormal ! Nous rentrons tranquillement au gîte puis en gros cakes que nous sommes nous festoyons jusqu’à 1 h 30 du matin en écoutant des musiques improbables puis allons nous coucher tous un peu éméchés (en nous promettant d’être tous debout à 6 h car nous devons nettoyer et rendre le gîte pour 8 h 30…).

Dimanche 14 novembre : … Sauf que... Quand la « Beyte » se réveille parce qu’elle entend du bruit il regarde sa montre : Putain !!! Il est 7 h 42 !!! On doit rendre le gîte dans 50 minutes !!! Alerte rouge ! Branlebas de combat ! Un bon réveil bien spartiate comme on les aime ! Comme par l’effet d’un coup de pied dans une fourmilière tout le monde s’agite et court dans tous les sens… 15 minutes plus tard une voiture arrive avec les proprios du gîte : « nous avions dit 8 h et pas 8 h 30 » nous disent-ils alors que nous les regardons les yeux encore à moitié collés. Bon ils vont faire le marché le temps qu’on finisse. Du coup pour 8 h 30, après un bon coup de speed, tout est OK, nous rendons les clés et avons le droit de revenir ! On prend la route et la première pause se fait vite pour prendre un café. Nous roulons ensuite bon train sans pause jusqu’au local où nous arriverons pour 14 h, on déjeune McDo (ça passe crème sur le coup), on range et on se salue mutuellement en nous félicitant tous pour ce week-end on ne peut plus efficace ! Vive le Vercors ! Et merci les amis pour ces bons moments !

PS : « Putain Charles !!! Verticalise bordel !!!

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