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292.1 - Spéléo en Lozère du 20 au 27 août 2022

François Schott & Olivier Deck

mardi 6 décembre 2022, par Bertrand Maujean

Avec la participation de Alain Arnoux (AERE), Anaëlle Dubourg, Marius et Olivier Deck, Sabine Véjux-Martin (Usan), Séverine Chanot (GS Le Graoully), Sylvie Remiatte (SC Metz), François Schott (ASHM) et Harko (Usan)

20 août, arrivée au gîte

Ce séjour en Lozère a été organisé de longue date, et le moment du départ est à présent arrivé. Anaëlle, Marius, Olivier et Séverine partent de Nancy par l’autoroute alors qu’Alain, François, Harko et Sabine prennent le chemin des écoliers.

Selon le type de convoi et pauses de rigueur, Olivier est le premier arrivé avec son équipage, en fin d’après-midi, au gîte du col de Montmirat, au nord d’Ispagnac. Le deuxième groupe arrive une bonne heure plus tard. Faute d’approvisionnement, nous allons prendre l’apéro à l’auberge voisine en attendant l’arrivée de Sylvie, qui vient de son côté avec l’intendance. Elle ne tarde pas. Nous prenons possession des lieux. Le gîte est spacieux et dispose d’un petit parc agréable, avec un garage pour stocker le matériel. Nous avons prévu un partage pour la préparation des dîners. La logistique pour le reste s’organise spontanément. Dans la soirée, nous définissons le programme du lendemain. Le col domine les gorges du Tarn et est situé en face du causse Méjean où se trouvent toutes les cavités qui seront explorées. Nous avons avec nous un ensemble de topographies que nous ont fourni les spéléos du coin (Laurent Chalvet, responsable SSF de Lozère, et Lalou, BE spéléo).

Une première sortie facile aura lieu pour commencer. Sabine et François avaient prévu à l’avance une visite au magasin Cévennes Évasion, spécialiste de l’équipement, tout proche, dont acte.

21 août, aven de la Barelle (TPST : 4 h 30)

Lever à 7 heures, petit déjeuner, préparation des kits. Sabine, François et Anaëlle se rendent d’abord à Florac, au magasin Cévennes Évasion. Le reste du groupe part directement vers la Barelle. Côté boutique, nous sommes accueillis par Odile, la couturière. Sabine a apporté plusieurs combinaisons à réparer. Tandis qu’elles étudient la question, François en essaie une vert-pomme de son côté. Mensurations standards, il en faut peu et la cotte est vendue. Sabine conclut la réparation d’une combi et en commande une neuve de même couleur à son tour. Pendant ce temps, Anaëlle a les yeux partout. Elle ne trouve pas sa taille sur une paire de chaussures qui l’intéresse, ce qui lui procure un grand stress ! Les affaires réglées, le trio part rejoindre la Barelle.

Le col de Montmirat est situé au nord-est des causses. Durant tout le séjour, nous évoluerons entre le causse Méjean et les gorges du Tarn, avec des trajets d’une heure environ vers les cavités. Les paysages vallonnés des plateaux karstiques sont sauvages et arides, ponctués de quelques petits villages ou hameaux. Il y a une vie particulière, quelques gros élevages de moutons, les bâtisses sont souvent entreprises par la restauration.

Nous stationnons dans un bosquet de grands arbres au milieu du désert. La cavité est située au fond d’une grande doline à cent mètres de la route. Séverine a commencé à équiper en avant du premier groupe. Ils ont pris une route détournée et n’ont finalement pas beaucoup d’avance. Marius double l’équipement des puits. Il n’est pas prévu de faire des exploits en cette première journée. Nous déroulons les premiers puits jusqu’à la cote de ‑40 m, puis déjeunons une fois tous rassemblés, près d’une collection de cairns. Quelques outils de désobstruction témoignent de l’activité. Nous remontons à la surface. Séverine est toujours à la manœuvre. À l’extérieur, le soleil et la chaleur sont bien de la partie. Nous revenons aux voitures vers 15 h 30, et convenons de repasser tous ensemble chez Cévennes Évasion. Auparavant, nous faisons une visite de repérage à l’entrée de l’aven de Hures et, sur le chemin, rencontrons un ancien berger et sa compagne, pour un échange de quelques instants.

Retour au magasin donc. Chacun y va de ses emplettes. Anaëlle, dont le stress de consommation n’est pas tombé, se console avec une lampe. Une discussion s’ensuit avec les vendeurs, qui nous recommandent la visite de l’aven de Hures. Ce sera pour le lendemain.

Nous retrouvons notre ami à quatre pattes. La vie au gîte s’organise : apéritif dans le parc, préparation des kits, chacun a été appelé à proposer un menu du soir. C’est aujourd’hui le tour de Sabine. Harko fait le tour de la table pendant le repas… pour les croquettes, on verra plus tard. La soirée passe vite. Les kits sont préparés pour le lendemain.

22 août, aven de Hures (TPST : 7 h)

Réveil à 7 h. Après le déjeuner, nous reprenons l’itinéraire de la veille pour aller retrouver le hameau de Hures. Itinéraire que nous emprunterons souvent, en redescendant vers Florac et le Tarn, pour remonter les falaises vers le causse de Méjean. Sylvie préfère aller faire du tourisme, avec Harko.

Hures est une classique du causse Méjean. L’entrée elliptique est assez jolie. La cavité enchaîne puits, vires parfois un peu aériennes et quelques passages plus étroits (rien de méchant). La descente se passe bien et nous nous retrouvons pour manger en bas du puits de l’Écho après trois bonnes heures de progression. Une équipe (Marius, François, Anaëlle et Olivier) poussera jusqu’au P12 (‑240 m environ) après le repas pendant que l’autre partie du groupe commence la remontée. L’équipe émerge progressivement sans trop d’attente. Retour aux véhicules après une collation bienvenue. Nous retrouvons le gîte et Sylvie aux fourneaux.

La grotte de la Clujade est au programme du lendemain, cavité plus facile et plutôt horizontale à priori.

23 août, grotte de la Clujade (TPST  : 6 h)

Nous empruntons cette fois les gorges du Tarn. Le circuit est une sortie en soi : vue sur les gorges, falaises, à pic sur la rivière, avec des passages routiers parfois étriqués. Beaucoup de services de canoë ou autres activités aquatiques. Le parcours emprunte le superbe (et très touristique) village médiéval de Sainte-Enimie, où nous n’avons pas trop le temps de nous arrêter. Nous stationnons peu de temps après. En tentant une pause pipi pour le coup plutôt malvenue, Anaëlle se fait agresser par une propriétaire autochtone, irritée par les touristes qui piétinent, ou autre, son espace.

L’entrée de la grotte est au bord de la route, deux mètres sous l’accotement. Après un passage relativement bas, la rivière souterraine débute. Le lit est creusé profondément dans la roche et la progression et très escarpée. Chacun y va de sa technique plus ou moins assurée, en rampant sur les margelles supérieures, en opposition parfois acrobatique, grands écarts à la Jean-Claude Van Damme comme dirait Sabine, avec le spectre du plongeon en eaux profondes, ou carrément dans l’eau, si possible. La topo n’indiquait aucun équipement. Nous avons quand même pris nos baudriers et un bout de corde. Nous avons eu raison car cette cavité horizontale est en réalité équipée en fixe (mains courantes et cordes d’assurances pour des petites escalades). La cavité passe par trois siphons vides en période d’étiage. Cette cavité est jolie avec un courant d’air impressionnant dans le boyau d’entrée qui est au bord de la route. Peu de concrétions, mais beaucoup de très jolies formes d’érosion (marmites en particulier). Après deux heures de progression (900 m de l’entrée après le S3), le groupe se sépare. L’une rebrousse chemin et en profite pour faire une séance photo. L’autre équipe pousse un peu plus loin en espérant trouver le lac. Après une escalade de 10 m, débute une zone très érodée, déchiquetée, où nous avons du mal à trouver la suite et le chemin du lac annoncé. Retour. Passage inverse de la rivière acrobatique. Le deuxième groupe est encore là et nous sortons tous ensemble de la cavité. Nous retrouvons Harko et notre rituel de fin de journée, apéro, nous apprécions les spätzles alsaciens maison d’Alain pour cette soirée.

Après le repas, pendant l’intermède tisane qui s’est installé pendant le séjour, Anaëlle initie les garçons au jeu de cartes Kijo qui amuse bien la troupe.

24 août, aven du Pic d’Usclat n° 7 (TPST : 5 h 30) ou Canoë

La journée est prévue en principe en détente. Sabine, Sylvie, Séverine, Anaëlle et Alain, avec Harko, ont prévu canoë sur le Tarn, et randonnée parmi les menhirs l’après-midi. Olivier, Marius et François ont préféré de leur côté poursuivre sous terre et ont retenu l’aven du Pic d’Usclat n° 7.

La cavité est jolie à partir de ‑50 jusque ‑200. Après une petite marche d’approche de 30 minutes, on arrive au lieu correspondant aux coordonnées GPS. Il y a manifestement une erreur. Il nous faudra une heure pour trouver l’entrée à coté de laquelle nous étions passés sans nous en rendre compte. Il faut, en fait, bien suivre le creux de la ligne de thalweg après la lisière, sans aller sur les flancs. Environ au milieu de la montée, l’entrée est masquée entre deux buissons. En tout cas la cavité ne semble pas très parcourue : un vieux sapin bouche l’entrée et ça sent un peu la charogne dans les premières galeries. Le Pic d’Usclat ne sera probablement jamais une classique du causse Méjean. Sabine qui ne souhaite pas faire d’étroitures a eu bien raison de ne pas venir ! L’aven a fait l’objet d’une publication qui précise qu’il a fallu une quinzaine de sorties et plus de 200 tirs pour passer — il ne faut donc pas s’attendre à ce que les passages soient très larges. Nous nous arrêterons à ‑200 au bas du puits de l’Apérikit. François profite d’un méandre plutôt étroit en trou de serrure, pour y perdre son Samsung. Mais Marius fait l’aller-retour dans le boyau et retrouve l’appareil. Cela aurait été dommage pour les photos du séjour ! Au final, la sortie se révèle sportive avec de beaux paysages souterrains. Marius trouve quand même que c’est « chiant » les étroitures. François était un peu inquiet pour la remontée qui s’avère finalement plus facile que prévue.

PM : Concernant l’équipement, prévoir 15 m pour équiper l’entrée (désescalade facile) et 5 m pour une petite aide dans un ressaut avant le premier équipement officiel.

Tout le monde se retrouve en fin de journée. Au retour, le groupe s’arrête chez Cévennes Évasion pour récupérer les commandes de Sabine.

Nous préparons soigneusement les kits pour le lendemain. Grosse sortie en perspective et il y a beaucoup de corde à prévoir. Nous visiterons l’aven de Banicous et descendrons à environ 300 m.

François a pris son tour aux fourneaux. La soirée se prolonge après un tour de cartes.

25 août, aven de Banicous (TPST : 9 h 30)

Banicous est « La classique » du causse Méjean. Après une vingtaine de minutes de marche d’approche, nous arrivons devant une entrée majestueuse. Dans Banicous, on quitte rarement la corde. Les puits s’enchaînent dans un paysage assez varié fait de grands puits, un joli lac qu’on admire depuis une vire, des concrétions, un méandre et un très gros puits au fond. La cavité est à 50 % brochée. Il faut ajuster avec de nombreux amarrages naturels, et il y a du boulot niveau équipement pour arriver au fond. Olivier a la dextérité nécessaire pour ne pas nous faire perdre trop de temps. Cela dit, Sabine ronchonne un peu d’être lâchée par l’avant du groupe, alors qu’elle doit rester seule pour contrôler l’arrière-garde. Banicous ne craint pas trop l’eau. Malgré les risques d’orage, notre contact du SSF nous a confirmé qu’il n’y a pas de danger à faire la cavité à condition d’équiper hors crue le grand puits (par la rive gauche — il ne faut pas suivre les broches). Par contre cet équipement prend plus de corde et s’achève par une grande verticale plein gaz d’une soixantaine de mètre. Difficile de s’en contenter à 7 dans la cavité. François fait balancer Olivier depuis la tête de puits, pour qu’il puisse atteindre une broche qui ne semble plus dans la goulotte du puits (en cas d’orage). La corde est trop courte pour atteindre le fond et on utilise la suivante qui était plus grande que la longueur requise. On ne fait que repousser le problème au puits suivant et pour atteindre le fond, on n’échappera pas à un petit passage de nœud à une dizaine de mètres du fond. Bon exercice de rappel ou première pour certain.e.s ! Tout le monde y arrive avec plus ou moins de rapidité…

Nous prenons un bon repas au fond, et profitons avec réconfort de points chauds, ponchos et bougies, avant la remontée, car nous avons tout de même un peu pris l’eau à la descente, et le froid dans ce cas gagne vite. Séverine est la seule à pousser un peu plus loin dans le dernier ressaut.

C’est le moment de la remontée. Marius et Alain partent les premiers et Marius a tôt fait de partir en échappée. Le reste de la troupe prend son mal en patience et remonte tranquillement. Les sections de corde sont longues, il faut attendre son tour et prendre le temps pour remonter les grands puits. Nous ressortons tous heureux vers 21 h, un peu fatigués de cette très belle cavité. Nous rentrons un peu tard, Harko a failli appeler les secours. Olivier et Marius, puisque c’est leur tour, réalisent manu militari le repas. Ils avaient pris de l’avance la veille. Encore une traditionnelle partie de cartes avant l’extension des feux. Le lendemain sera plus tranquille car c’est le dernier jour et il faut aussi penser au nettoyage du matériel.

26 août, aven de Baume Rousse (TPST : 7 h)

C’est le dernier jour et nous nous levons un peu plus tard. L’aven de Baume Rousse que nous avons retenu est une cavité facile d’accès. Cela dit, la route reste longue et, arrivés sur place, nous décidons, vu l’heure, de déjeuner avant de descendre. Nous entrons dans la cavité après 12 h. C’est Marius qui équipe. Sabine nous a vendu « une forêt de concrétions » au fond de Baume Rousse. Séverine, qui l’a déjà fait 4 mois plus tôt, n’en a pas souvenir… Ça sent l’arnaque ! Surtout que Sabine ne reconnaît pas l’entrée. Après la descente et un cheminement dans une partie très argileuse, nous découvrons en effet une salle très sympa avec quelques belles concrétions. Nous y restons un long moment, Olivier installe le matériel lourd pour une séance de photos. Puis nous ressortons de la grotte. Il est convenu que nous nous arrêtions au retour pour le lavage du matériel au bord du Tarn. Sabine et François s’arrêtent à Sainte-Enimie pour quelques courses en vue de l’apéro puis passent au gîte chercher Harko. Dont acte. Le reste du groupe se rend directement à Montbrun, sur le chemin.

Quand Sabine et François arrivent, le nettoyage est quasiment terminé ! Nous prenons l’apéro au bord de l’eau alors que le crépuscule commence déjà à tomber. On tranche du saucisson à 30 cm de la truffe de Harko, qui est tout de même bien sage en la circonstance. Nous retournons au gîte pour la crêpe-partie d’Anaëlle.

27 août, retour

C’est la fin du séjour. Branle-bas de combat pour le nettoyage du gîte et nous reprenons la route vers 9 h 30 avec les mêmes convois. Olivier, par l’autoroute, arrive à Nancy avec plus de deux heures d’avance. De l’autre côté, nous frôlons la catastrophe en voulant nous écarter sur un petit chemin, pour la pause. En marche arrière, la voiture est malencontreusement enquillée dans un fossé et il nous faut l’aide d’autochtones sympathiques pour nous « sortir de l’ornière », c’est le cas de le dire.

Un superbe séjour au final, auquel nous promettons une suite, nous sommes loin d’avoir fait le tour des cavités du coin.

Photos de François du séjour : aven de la Barelle ; aven de Hures ; grotte de la Clujade ; aven du Pic d’Usclat n° 7 ; aven de Banicous ; Baume Rousse.

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