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10.1 - Écho des profondeurs gondrevilloises
Daniel PREVOT
mercredi 1er janvier 2020
Jeudi 22 avril j’ai été très surpris d’apprendre en lisant mon journal le matin (l’Est-Républicain), ainsi sans doute qu’un bon nombre de spéléos lorrains, qu’ « un coup de pelleteuse a mis au jour une cavité d’environ huit mètres de profondeur, hier matin, à deux mètres de la future bretelle de raccordement de la zone industrielle » à Gondreville.
Quatre pompiers du GRIMP (Groupe de Recherche et d’Intervention en Milieu Périlleux) de Nancy informé par les responsables du chantier, ont effectué le jour même une visite de la cavité sous la direction de sergent Schenk, sous les regards intéressés des médias (presse écrite et télévisée) qui avaient été aussitôt contactés. L’Est-Républicain consacre plus d’un quart de page à l’exploit. L’article de même que le rapport succinct rédigé le jour même par le sergent ne nous apprend que peu de chose, sinon que ladite cavité fait à la base environ neuf mètres sur quatre, que l’eau ruisselle sur l’une de ses parois, et qu’il semble qu’elle puisse avoir des prolongations au nord et au sud. Afin de « décourager d’éventuels spéléologues amateurs », la cavité a été coiffée d’une couverture particulièrement pesante.
Monsieur Marcot du Conseil Général de Meurthe-et-Moselle, directeur du SAM-6 (Service d’AMénagement), que je suis allé contacter lundi matin 26 avril sur le chantier, m’a invité à participer à la visite du chantier prévue l’après-midi. J’y ai rencontré Alain Weber qui y était présent au titre de son travail. Nous avons exprimé notre point de vue : ne pas reboucher (ce qui avait été commencé, plusieurs godets y ayant déjà été jetés) mais recouvrir d’une plaque de béton avec une trappe de visite. Cela a été admis sans difficulté. Quant à nous laisser descendre effectuer une visite du gouffre, cela fut une autre affaire...
Après avoir réussi à vaincre la lourdeur administrative (merci Alain pour ton efficace collaboration) qui entraînait la fermeture de « parapluies » de tout côté..., l’USAN fut enfin autorisée à effectuer mercredi 5 mai après-midi une intervention avec pour mission :
- la reconnaissance précise de la cavité,
- le relevé de la fracturation visible en surface,
- l’évaluation des prolongements cachés de la cavité.
L’équipe était composée de : Sylvie Gobert, Daniel Prevot, Alain et Étienne Weber.
Pendant que Étienne et Sylvie effectuaient un sondage au nord et au sud de la cavité, Alain et Daniel effectuaient les relevés nécessaires à l’établissement des divers plans joints à la fin de ces lignes.
Le gouffre, que j’appellerai désormais GEG (Gouffre de l’Échangeur de Gondreville) et dont les coordonnées Lambert sont (x = 868120 ; y = 116283 ; z = 236), s’ouvre dans l’oolithe miliaire supérieure du bajocien (il y a une erreur dans une des légendes de la carte géologique de Toul situant ce type de terrain dans le bathonien). Il est probablement du à l’effondrement du plafond d’une galerie naturelle orientée approximativement Nord-Sud, suite aux travaux de l’échangeur. Les plans ci-joints le décrivent fort bien. Sur la paroi Est on a pu remarquer, malgré une période de 15 jours de temps sec, un suintement pérenne conséquent, preuve de l’activité de la cavité, en accord avec le pendage géologique d’Est en Ouest.
Dans les rapports non contradictoires que nous avons rédigés séparément Alain (au titre du laboratoire des Ponts et Chaussées) et moi (au titre de l’USAN), nous avons souligné l’importance d’une investigation complémentaire, ultérieure au retrait préalable de l’éboulis de quelques 10 m3 du à l’effondrement. Ce qui nécessite la mise en chantier de moyens mécaniques. Mercredi 12 mai, la décision a été prise de mettre en chantier lesdits moyens demandés afin de retirer l’éboulis obstruant l’éventuelle galerie. La date prévue (mercredi 19 mai) avait été reportée au 26 puis de nouveau reportée à une date indéterminée...
L’affaire est à suivre...