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93.6 - in memoriam : François Descaves
Daniel Prévot
dimanche 7 mai 2006
Le père de la spéléologie meusienne, le père du Rupt-du-Puits, s’est éteint dans sa 80e année à la maison de retraite de Ligny-en-Barois (?) où il résidait depuis quelque temps. Lors de ses obsèques qui se sont déroulées en l’église de Robert-Espagne son village, en présence d’une nombreuse assemblée, j’ai prononcé l’allocution d’adieu suivante :
Nous sommes réunis aujourd’hui en cette église de Robert-Espagne, parents et amis, spéléos et non spéléos, autour de la dépouille de François afin de lui rendre un dernier hommage. La vie et la mort sont intimement liées et la fin de la vie est inéluctable. Mais c’est toujours avec une profonde affliction qu’on apprend le départ d’un être cher, quelque soit son âge.
François nous a quitté et c’est avec émotion que je voudrais évoquer rapidement quelques temps forts de sa vie très active de spéléologue.
Dès la fin de la guerre, âgé d’une vingtaine d’année, François s’éprend de cette activité totalement inconnue du grand public qui en ignore généralement même le nom, et qu’on appelle : spéléologie.
Inlassablement, il parcourt la campagne et les bois à la recherche de réseaux souterrains à explorer, à étudier. Il fonde rapidement, entre 1945 et 1950, le premier club de spéléologie du département pour l’aider dans ses recherches :
Il y avait à Robert-Espagne, un phénomène naturel connu depuis toujours mais qui restait un grand mystère. Je veux parler du trou d’eau situé sous la ligne de chemin de fer qui donne naissance à un ruisseau capricieux appelé Rupt-du-Puits. Ce rupt qui dégueulait parfois de l’eau avec abondance et dont on ignorait l’origine, ne pouvait manquer d’aiguiser l’intérêt d’un esprit aussi curieux que celui de François. C’est ainsi que dans les années 70, il fait discrètement appel à Bertrand LEGER, un plongeur spéléo parisien. L’intérêt spéléologique de ce nouveau réseau étant reconnu, les plongeurs parisiens contribuèrent à la formation d’une équipe locale. De nombreuses photos furent remontées et émerveillèrent François qui rêva alors d’un Padirac meusien. Suite à ses démarches, l’administration fit forer un puits donnant accès à l’extrémité du siphon directement dans la galerie principale. Désormais le RUPT-DU-PUITS figurait au catalogue des cavités lorraines dont il occupe la première place... de très loin ! Depuis cette ouverture, ce sont des milliers de spéléologues du monde entier qui sont venus parcourir ce cours souterrain : outre des spéléos issus de toutes les régions de France, ce sont aussi des spéléos des pays voisins (Belgique, Hollande, Luxembourg, Allemagne, Suisse...), et également avec moins de fréquence des spéléos de pays très éloignés (Argentine, Brésil, Russie, Japon...). Le Rupt-du-Puits a largement contribué et contribue encore à la promotion de toute la région. Bien qu’il n’en ait pas été le premier explorateur, François en est malgré tout le point de départ essentiel. Il mérite donc à ce titre d’être considéré comme le père de ce réseau dont les
Les spéléos, même ceux qui ne l’ont pas connu, n’oublieront pas ce qu’ils doivent à François qui de ce fait ne sera jamais entièrement mort. Quant à ceux qui comme moi l’ont connu, nous n’oublierons pas non plus la chaleur d’accueil de ce cher ami. Nous n’oublierons pas les instants de convivialité et d’amitié partagée, lors de réunion festives où il nous chantait quelques unes de ses créations. Car en plus du spéléo, il y avait aussi le poète, le musicien, le troubadour, l’artiste...
C’est une figure très attachante de la spéléologie lorraine qui nous a quitté et au sujet de laquelle on pourrait raconter des anecdotes pendant des heures...
Spéléos, je vous remercie d’être venu nombreux lui rendre hommage et témoigner toute l’amitié que vous aviez pour lui.
Un article plus conséquent retraçant la vie de François le spéléologue meusien, est en préparation pour Spelunca et LISPEL Info avec Jean-Luc ARMANINI.