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16.1 - Les Vitarelles... et après ?

Christophe PREVOT

mercredi 1er janvier 2020

La mi-novembre a été pour notre communauté spéléologique bien difficile à vivre avec l’accident des 7 spéléos bloqués par les eaux au gouffre des Vitarelles (Lot) mais déjà l’heure des comptes et des recherches de responsabilité a sonné !

Un petit rappel des faits

Les 7 spéléos, tous fédérés et assurés à la FFS, avaient décidé d’aller travailler dans le gouffre entre le jeudi 11 et le dimanche 14 et avaient prévus de passer 3 jours sous terre. Les prévisions météo destinées au public par le biais d’un répondeur téléphonique évoquaient des « pluies faibles » pour les journées de mercredi et jeudi mais aussi « un ciel très nuageux pour la journée de vendredi avec des pluies faibles à modérées pouvant par cumul en une journée donner une hauteur d’eau non négligeable ». L’alerte de tempête n’a en fait été donnée que le vendredi... « Rien ne laissait présager ce qui allait nous arriver, et l’eau a été surveillée en permanence », a notamment relaté le vétéran du groupe, Yvon Cazal, 54 ans, expliquant que dès que l’eau avait commencé à monter, « ils avaient pris leurs dispositions ». « Mais on s’est rendu compte tout de suite que l’on allait être bloqué pendant plusieurs jours et l’on s’est organisé », a-t-il poursuivi. Les sept rescapés n’ont « jamais douté de l’arrivée des secours”. “Nous savions qu’il y avait des gens au-dessus et qu’ils ne lâcheraient pas comme cela », a expliqué Philippe Vergé, 42 ans, présenté comme le leader de l’équipe.

Les secours étaient bien là !

Aux 89 spéléologues-secouristes civils, venus de toute la France, il faut ajouter 15 gendarmes du groupe spéléologique d’Oloron Sainte-Marie et de Grenoble, ainsi qu’une vingtaine de pompiers spéléologues du Grimp (Groupe de recherche et d’intervention en milieu périlleux). En surface, les sauveteurs ont été épaulés en permanence par les hommes des sept corps de sapeurs-pompiers du Lot, soit une cinquantaine d’hommes. Sont venus s’ajouter des gendarmes du département, mais aussi sept motards de la gendarmerie et les militaires du centre de Gramat, qui ont assuré les repas, l’hébergement et la logistique annexe de l’opération. Sans oublier bien sûr les ouvriers des engins mécaniques, soit encore près de 25 personnes. En tout ce secours a donc mobilisé pas loin de 250 personnes ! Le sous-préfet Meunier a lui-même reconnu que « sur ce type d’opérations, d’une envergure jamais atteinte jusque-là, il faut compter 12 hommes à la surface par sauveteur en sous-sol pour obtenir une logistique efficace ».

Tout a un coût

Jean-Pierre Labro, président du Casdis (Conseil d’administration de sécurité défense incendie secours) du Lot, avait publiquement estimé lundi après-midi que le coût des opérations de secours, qui ont duré dix jours, se situait « dans une fourchette de 2,5 à 3 millions de francs ». Interrogé sur le chiffre de 5 millions de francs cité dans certains médias, l’adjoint au maire de Gramat en charge des travaux, Jean Tonnen, a jugé que cette estimation n’était « pas fantaisiste mais plutôt maximaliste ». Selon M. Tonnen, la facture finale devrait tourner autour de 4 MF. Le responsable financier du SDIS a estimé qu’il lui serait difficile de signer un chèque de 3 ou 4 millions de francs avec un budget annuel d’à peine 30 millions, alimenté aux deux-tiers par les communes du Lot et pour le tiers restant par le conseil général. « Il faut qu’une véritable solidarité nationale s’organise pour assumer une part de ces charges », dit Jean-Pierre Labro. Comme le préfet du Lot Michel Sappin, le lieutenant des sapeurs-pompiers du Lot Pierre Maisonneuve évoque l’idée d’une assurance individuelle pour chaque spéléologue. « Il faudra entamer une réflexion sur ce sujet », souhaite-t-il.

Et la réflexion s’entame

Gérard Bourgeois, maire d’Engins, commune où est situé le gouffre Berger, en a profité pour répondre sur France Info mardi 23 : « Vous savez que dans une commune, si on laisse un chemin ouvert au public, il doit être en bon état, ou alors il faut le fermer. Le Gouffre BERGER, pour moi c’est la même chose, on a toujours l’épée de Damoclès. Normalement pour bien s’assurer que ce gouffre est en sécurité, je ne dirais pas totale, mais en bonne sécurité, il faudrait que ce gouffre soit visité par un organisme et puis qu’il me fasse un papier en disant bien oui, il n’y a pas de rocher qui est en équilibre et qui risque d’esquinter des spéléos. [...] Moi je pense qu’il faut responsabiliser absolument les spéléos. Parce que au nom de la liberté on peut tout faire, mais quand c’est les autres qui payent, c’est pas la même solution, quand même ! Moi je dirais sur la commune d’Engins de 424 habitants, je voudrais pas me trouver dans la situation du maire du Tarn ! Parce que quand on sait que déjà pour un forage de diamètre 60, ça coûte 8 000 francs le mètre linéaire, imaginez la surprise qu’il risque d’avoir dans quelques temps mon collègue maire de Gramat ! Donc il faut responsabiliser les spéléos et qu’ils payent une assurance qui couvre tous ces frais . C’est pas possible ! Ça ne peut pas être à la charge des citoyens. »

La réflexion s’organise donc autour de cette simple question : Pourquoi la collectivité devrait-elle porter assistance gratuitement aux gens lorsqu’ils sont responsables de leur propre malheur ? voir « Est-il normal que la collectivité paye pour quelques adeptes des sports à risques ? » (journal télévisé de TF1, 23 novembre). On peut répondre très simplement que notre société est organisée ainsi ! On ne demande à personne ni à aucune assurance de payer pour être secouru, pas plus aux accidentés de la route (la conduite automobile étant bien un « sport » à risques vu le nombre de morts par an...) qu’au navigateur perdu en mer ni aux victimes des inondations ou suite à une intervention de pompiers pour quoi que ce soit ! Le principe de SOLIDARITÉ est fondamental ; chacun paye pour tous... On ne demande rien au fumeur atteint d’un cancer des poumons et qui coûte très cher à la collectivité, ni à celui qui a des rapports sexuels non protégés et attrape le SIDA... D’ailleurs qui serait réellement capable financièrement d’avoir une assurance qui le couvre pour être secouru ? Une étude a déjà été faite pour les spéléos français : cela reviendrait à 3 000 francs par spéléo et par an ! Et pour les accidentés de la route désincarcérés puis transportés par hélicoptère ?

Sous la pression du Maire d’Engins, le Sénateur d’Autrans a déposé à la mi-mars 1999 un projet de loi sur les secours payant. Le Sénat a renvoyé ce projet pour étude par la Commission des lois du Sénat. Cette étude est menée par le sénateur de Haute Savoie J-Paul Amoudry. Fin octobre, il a présenté son rapport : en substance, il dit que les maires devraient pouvoir rendre payant tous les secours qu’ils veulent, mais par contre il considère comme normal que le département et l’État continuent à ne pas se faire rembourser les frais.

En France, les secours sont gratuits pour tous et doivent le rester !

LA SOLIDARITÉ NE SE PARTAGE PAS.

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