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137.5 - Ben... y’sont où, mes cailloux ?

Christophe Prévot

vendredi 12 février 2010

Samedi 31 octobre c’était la sortie tant attendue de mise en situation des nouveaux membres en gouffre. Pour ce faire j’avais choisi le traditionnel gouffre de l’Avenir (Savonnières-en-Perthois, Meuse) particulièrement bien adapté à une situation d’initiation : petits puits sans fractionnement avec des têtes de puits qui permettent aux cadres de surveiller les manoeuvres.

Ce sont, pas moins de, 14 membres du club qui décidèrent de participer à cette sortie :

- 4 cadres : Sylvie Gobert (initiatrice fédérale), François Nus (formateur du club), Sabine Véjux-Martin (formateur du club) et moi-même (initiateur fédéral) ;

- 5 débutants : Benoît Brochin, Gilles Meyer, Théo Prévot, Jennifer Pierre, Frédérick Reynaud ;

- 5 spéléos autonomes : Miguel Arnaiz, Jean-François Guyot, Bertrand Maujean, Pascal Houlné et Myriam Cassard, tous capables de superviser les débutants.

J’avais fixé au final le rendez-vous à 8h30 au local le samedi matin, mais l’information a circulé sur un rendez-vous à 8 heures... Du coup certains étaient là pour 8 heures d’autres pour 8h30. Enfin, tout le monde a fini par se retrouver, sauf Pascal et Bertrand qui partaient ensemble (ils avaient prévus de retrouver le soir, femmes et enfants pour camper dans la carrière) et que nous devions retrouver sur place vers 10h15.

À 9 heures nous décollons enfin à 12 de Nancy avec 3 véhicules chargés avec un kit de matériel d’équipement (125 mètres de corde, une trentaine d’amarrages, etc.), un petit kit bleu avec une corde de secours et un poulie-bloqueur, un kit pour les barres énergétiques et l’eau, nos affaires individuelles et nos pique-niques.

À 10h15 nous voici à Savonnières-en-Perthois et découvrons... plusieurs véhicules de nos voisins de Champagne-Ardenne ! En effet, ils organisent un camp spéléo à la Maison lorraine de la spéléologie (M.L.S.) et sont 12 à s’équiper pour visiter le gouffre de l’Avenir. Ils nous apprennent par la même occasion qu’une dizaine de belges, hébergés également à la M.L.S., vont arriver pour aller à la Sonnette. Il faut se décider : suivre les champenois, choisir une autre cavité (par exemple la Besace) ou partir à la Sonnette avant les belges. En attendant de choisir rien ne nous empêche de nous habiller et de pénétrer dans la carrière. Pendant que les novices découvrent les lieux, je cogite et me décide enfin : ce sera la Sonnette !

Nous parvenons donc à l’entrée du gouffre de la Sonnette ; l’abîme ne coule presque pas et il est difficile de récolter un peu d’eau pour les lampes à carbure. Vu les effectifs nous pouvons sans soucis alterner, derrière moi, un débutant et un spéléo confirmé. J’engage l’équipement en déroulent la corde de 70 m (C70) avec une main courante depuis l’extérieur, puis le rail, la vire et c’est la descente du puits de 30 m (P30). Toujours aussi somptueux et exceptionnellement à sec. Théo suit, puis Sabine, etc. Je descends le premier ressaut de 2 m (R2) puis équipe le second avec la fin de corde. Là je me dis que le petit kit de secours pourrait me servir. Sabine le demande derrière : c’est Sylvie qui s’en occupe. Parvenue à la base du P30 elle le donne à Sabine qui me le transmet. Nous passons le petit méandre puis je prends pied dans la première vasque en haut du P10. Théo s’étonne de voir le petit kit bleu fumer. Il est en bout de longe, derrière moi : je ne le vois pas mais dis à Théo que c’est normal : il est chaud et au contact de l’eau froide celle-ci s’évapore. a descente se poursuit avec le P12 et enfin le R5 final. Au fur et à mesure tout le monde parvient en bas. Théo explore les quelques mètres de laminoirs boueux et parvient à convaincre quelques débutants à s’y engager en leur décrivant ce qu’il a vu ("oui c’est beau", "il y a une grande salle" ou encore "il y a plein de stalactites"). Ceux qui se sont engagés en ressortent... maculés de boue ! Pendant ce temps nous avalons les barres et buvons goulûment. Tout à coup Sylvie décide de refaire le plein de sa lampe à carbure :

- S. : "Christophe, passe-moi le kit bleu que je récupère mes cailloux."

- C. : "Hein ??? Quels cailloux ?"

- S. : "Ben j’avais trop de carbure tout à l’heure alors j’ai sorti 2 gros morceaux et je les ai mis dans le kit."

- C. : " ??????"

- S. : "Bon, tu me le donnes ce kit ?"

- ...

S. : "Ben... y’sont où ? mes cailloux ?

 Je ne les trouve pas. T’en as fait quoi ?"

- C. : "J’y crois pas. T’as mis du carbure comme ça dans le kit ? Même pas dans un bidon ou une bite* ? Mais qu’est-ce que tu crois, ils ont pris l’eau et ont "fondus" !"

- S. : "Tu rigoles ? Ils étaient énormes mes cailloux ! Ils sont passés où ?"

Sylvie a beau inspecter le kit, sortir la corde, pas de carbure... Par contre la corde est pleine de chaux, le kit aussi. Et Sabine de rappeler : "Hé, tu vois tout à l’heure quand le kit fumait : c’était pas l’évaporation, mais le carbure !"

Après cet intermède épique, où nous avons bien rigolé, nous passons à la montée. Pascal et Bertrand doivent vite ressortir pour retrouver leurs familles et ils s’engagent en premier. Ensuite la longue procession commence. C’est en arrivant à la base du P30 que nous croisons les belges : ils ont choisi de passer par l’entrée 2 et arrivent seulement. Ils font le choix de nous laisser tous remonter avant de descendre le R2 pour s’engager dans la suite du gouffre. La remontée du P30 prend un peu de temps (une quinzaine de minutes en moyenne par personne). Quelques uns demandent aux belges s’ils peuvent remonter par leur corde et s’engagent vers le 2e accès. Après avoir montré la 2e entrée aux débutants ressortis par le P30 nous ressortons de la carrière, nous déséquipons et attaquons nos pique-niques respectifs. La journée s’est achevée par le retour sur Nancy et la traditionnelle séance de nettoyage du matériel au local, où je n’ai encore une fois pas pu prendre ma traditionnelle bière car le frigo était vide !

Ce fut une sympathique sortie où enfin nos débutants ont pu mettre en pratique les techniques découvertes au gymnase. Tout le monde était ravi !

* Bite (à carbure) : morceau de chambre à air correctement fermé aux extrémités qui conserve ainsi le carbure à l’abri de l’humidité.

Quelques photos de François :

http://photos.speleo.free.fr/category.php?cat=549&expand=1,483

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