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166.1 - Koekelberg, on remet le couvert !

Jean-Michel GUYOT

dimanche 10 juin 2012

Trois ans déjà, et on remet le couvert. Samedi 21 avril, 6h30, départ de Nancy, seul. Le plafond est bas, très bas, tout le long de la route il pleut...

10h30, Bruxelles. En arrivant dans l’axe de l’avenue Charles Quint, la basilique de Koekelberg s’offre à moi. Imposante. Je retrouve François pour le pointage à l’accueil dans la cave. Nous nous équipons et réussissons à court-circuiter la première file d’attente en bas. En haut de la cheminée, nous nous dirigeons vers le circuit A. Il n’y a aucune importance dans l’ordre où l’on effectue les circuits. Là aussi une file d’attente de trois personnes. Ailleurs aussi de toute façon. François a pris chaud en montant et ne se sent pas totalement en forme, il préfère redescendre tranquillement. Je reste en attente. Cela finit par avancer, et je me défenestre par la petite ouverture pour me retrouver suspendu à l’extérieur sur un mur de la tour de gauche. Je la contourne par une vire, puis un parapluie, suivi d’un pendule. Le parcours me fait monter jusqu’au sommet de la tour pour m’engager sur une tyrolienne horizontale reliant la tour en face. Belle vue, les bras écartés face au centre de la ville, un peu comme Jésus sur sa croix en dessous. Eh oui, une fois en haut, il n’y a plus qu’à redescendre. Une corde m’amènera sur la terrasse arrière de l’édifice. Je profite d’une porte ouverte momentanément pour l’équipe de tournage qui repart, pour aller faire un tour à l’intérieur. J’enchaîne par le circuit B. Rebelotte, les deux gars avant moi attendent sur le pan de mur de la tour de droite pour être à l’abri du vent et de la pluie. Je me plaque sous le rebord maçonné du fronton. Après avoir contourné cette tour par trois cotés et l’avoir escaladée jusqu’au sommet on arrive au grand parapluie. Mais rien ne sert d’avoir autant de pébrocs, je me suis fais tremper par l’averse de grêle qu’il vient d’y avoir. Je me cache dans la goulotte sous les abat-sons pour me protéger du vent glacial. Les sirènes des véhicules de pompiers et de police ne cessent de hurler, à la méthode américaine, dans les rues autour de la place.

La pluie a cessé et comme du linge sale étendu, nous séchons sur notre fil. Les oscillations, provoquées par les manœuvres du camarade qui s’agitait dans le parapluie, répercutées dans l’amarrage sur lequel je pause, ont failli me donner le mal de mer. C’est à mon tour d’y aller, pour descendre impeccable, mais voici qu’au coude je merdouille sérieux et le mousqueton de mon descendeur se coince dans l’autre mousqueton. Pas moyen d’obtenir du mou dans ce parapluie trop tendu. Il me faut utiliser les grands dispositifs pour m’en sortir, à savoir le Tibloc (toute petite pièce qui sert de bloqueur). Le camarade derrière moi me lançait bien des tas de conseils, mais il n’avait pas la situation sous le nez. Après dix minutes d’effort je m’en sors. Et je remonte jusqu’au sommet de l’autre tour. Certains me diront « mais à quoi ça sert, puisque tout à l’heure vous étiez déjà en haut de cette tour ? » Effectivement, le raisonnement du spéléo est un peu complexe. La problématique se trouve avec les quelques mètres qui séparent les deux circuits sans possibilité de passer de l’un à l’autre, donc si on veut faire toutes les tyro... Je rentre dans la toute petite porte du toit entièrement recouverte de cuivre oxydé pour ramener le chariot de la grande tyrolienne relié par une corde de rappel. Les pigeons nous ont cédé leur habitation pour le week-end. Le ménage n’est peut être pas fait au mieux, à en croire la couche de déjections sous les pieds. Il faut présentement bien lover la corde pour ne pas qu’elle s’emmêle comme l’a fait le gars devant moi et à qui j’ai dénoué le paquet de nœuds enroulés dans mon parapluie par le vent. Les automobilistes klaxonnent éperdument pour n’importe quel motif. Je m’élance en écoutant les conseils du gars derrière moi concernant le freinage. Le chariot, sur son câble guidé, me fait traverser rapidement pour atterrir sur la grande terrasse visitable par les touristes. Avec notre cri d’alerte trop tardif, mon camarade suivant est venu se fracasser les côtes dans le créneau pointu à la réception. Dans ces cas-là, on dit toujours qu’on a pas mal... Je poursuis par la verticale en enjambant le parapet. Ne pas le faire sans équipement, cela va de soi. Je me retrouve en attente à mi-hauteur avec un point de regroupement du circuit C pour une tyrolienne qui va au sol. Chacun son tour, normal. De retour sur terre, un casse-croute et un café s’imposent. Il est 19h, et à 20h c’est le départ pour le P Nonante. Je suis dans la file d’attente en quinzième position. Je ne monterai à mon tour que vers 21h, c’est pour dire le dernier... cette année on emprunte l’ascenseur pour justement gagner du temps. Dans son dos, et pour faire rigoler les autres, je mesurais la dimension des épaules du camarade devant moi et la comparais au diamètre du trou dans lequel il faut passer, en faisant des grimaces. Déjà en bas, j’en avais informé certains au gabarit un peu trop enrichi (à la bière), qu’il y aurait complication. N’y voyez pas une moquerie sur la morphologie de mes amis spéléo. Revenons à ce qui se passe là-haut, mon lascar positionne son descendeur et s’engage dans le tuyau d’un diamètre de ma pointure + 10 cm.

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Aux épaules, coincé. Il nous demande de le ressortir. Il tente une nouvelle posture et réessaye. Recoincé. On le ressort et il est obligé de renoncer et de prendre l’alternative du P85 juste en dessous par la coupole. Je l’avais bien dit, tous ne passent pas. Pour ma pomme, les doigts dans le nez, et je me fais le P90 plein pot. Même avec les gants j’ai chaud aux mains. Je ressors m’occuper de mon couchage. Un instant je regarde les lumières des casques se promener sur les murs de cette construction tout en béton recouvert de briques. Une voiture sérigraphiée de la police locale s’arrête à ma hauteur alors que je retourne à mon auto. L’agent et sa collègue me demande à quelle heure notre cirque se termine, car ils reçoivent plein d’appels d’intrusion suspecte avec des lampes qui se baladent sur l’église. Nous sommes logés dans le gymnase d’une école de l’autre coté du boulevard. La nuit fut une symphonie de ronflements et de pétarades. Je ne dis pas y avoir été totalement étranger. Le lendemain, 7h, debout. Après un petit déjeuner et déjà en tenue, je me présente au local. Personne, ça fait du bien de commencer sans attendre. Je monte la cheminée, les huit coups de cloches retentissent et résonnent dans le conduit, je me dirige vers le circuit C. Petite fenêtre et tyrolienne pour commencer. Parapluie, et encore problème de conversion. Il faut que je retourne en stage. Je parviens à me dégager n’étant pas sous la pression des suivants. Je suis seul. François m’appelle du parvis, et me dit vouloir monter. Je prends un raccourci pour le retrouver. Je me perds dans les dédales des greniers et fais des détours avant de trouver la sortie. Je cherche mon coéquipier sans succès. Je redescends par une tyro et vais me changer. J’en ai assez. Je retrouve François et on fait le circuit touristique de la terrasse en traversant la messe. Le percepteur ne nous fait pas payer voyant que l’on est spéléo. 11h30 retour Nancy, repas en route. Bon week-end bien sportif. Mes copieux remerciements à nos amis belges pour cette remarquable installation. À la prochaine avec quelques années de plus et une météo moins capricieuse. D’autres infos sur www.rallyespeleo.be !

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