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273.2 - Une virée hivernale au gouffre du Grand glacier

Olivier Gradot

dimanche 9 mai 2021

Photos (Th. Bellot, O. Gradot et Th. Prévot : https://flic.kr/s/aHsmU215Y3

Samedi 30 janvier 2021, il est 6 h pile, heure de la fin du couvre-feu, quand Théo et moi partons vers le local Usan où nous avons rendez-vous avec Thomas pour prendre notre revanche sur une sortie que nous avons dû avorter le premier janvier dernier à savoir : aller au gouffre du Grand glacier qui se situe sur le plateau de l’Alpette en Chartreuse.

Nous faisons une dernière vérification du matériel neige, glace, spéléo et bivouac puis partons en direction du parking de la Plagne. Nous y arriverons vers 14 h 45 après un petit détour d’une heure causé par une erreur de programmation du GPS (Thomas voulait sûrement aller skier dans une célèbre station du même nom…)

La météo nous annonçait du bien vilain pour ce week-end, l’ISO 0 °C étant plus haut que le col de l’Alpette nous nous attendions donc à de la pluie même une fois sur le plateau. La route confirme ces prédictions au fur et à mesure que nous nous rapprochons. Nous espérons une pause au moins pour le temps de nous équiper mais non. En plus de la pluie nous aurons droit à une épaisse couche de glace au sol pour nous changer ce qui nous permettra de réviser quelques figures de patinage artistique dont le fameux triple lutz façon Surya Bonaly.

À la base nous voulions dormir à la belle étoile dans la neige pour tester nos derniers investissements bivouac : des sur-sacs étanches, mais la météo nous en démotivera.

Recouvert de nos tenues anti-pluie qui ne le sont pas toutes (j’avais hier pourtant abondamment aspergé mon coupe-vent d’imperméabilisant … de toute évidence ça n’est pas efficace…) nous nous lançons dans la marche d’approche menant au gouffre. Nous sommes moins chargés qu’à nouvel an mais nous sommes tout de même loin d’être légers, la montée nous réchauffe vite. Par chance après 200 m de dénivelé, la pluie se transforme en neige. Nous mettons 1 h 45 pour rejoindre la cabane de l’Alpette, des skieurs y sont installés (j’ai la bonne surprise de retrouver sur une étagère ma combinaison TSA jaune en PVC qui j’avais oublié ici le 2 janvier dernier ! Merci aux spéléos étant passés par là de l’avoir laissée ici !). Nous y laisserons notre matériel de couchage et, délestés de ce poids, nous reprenons notre chemin vers le gouffre. Le GPS nous indique 700 m à vol d’oiseau. La nuit tombe rapidement et nous évoluons à la frontale dans un superbe paysage fait de sapins recouverts de leurs gros manteaux blancs, de nuit c’est encore plus féérique. Par chance une trace fraîche nous mène jusqu’au gouffre où nous arrivons peu avant 19 h.

Nous descendons aux pieds des falaises où nous laisserons nos raquettes. L’entrée de la cavité est dégagée (d’après les renseignements que nous avons elle ne se bouche jamais totalement). Nous rentrons dans la première salle. Tout de suite ça met dans l’ambiance : les parois sont recouvertes d’une fine couche de glace givrée et cela rend visuellement comme si la roche était recouverte de paillettes, c’est beau… Beau mais glissant ! Il faut prendre quelques précautions pour évoluer.

Théo se lance dans l’équipement du premier petit bout de méandre qui se franchit en opposition puis du petit puits d’environ 7 m qui le suit. Comme nous utilisons sa corde Back Up Line de 5 mm la descente se fait en double S. En bas de ce puits le méandre se fait encore plus beau, la température est bien fraîche par contre, des gants et des vêtements chauds sont ici de rigueur. Après quelques bricolages nous descendons un deuxième puits qui nous mène au niveau du lac. Nous y croisons de superbes formations de glace, au-dessus de nous se trouve le P50 par lequel on peut aussi accéder au gouffre (de préférence en période non hivernale pour des raisons de sécurité). C’est ici que nous mettons nos crampons avant de mettre pieds sur le glacier. À partir de cet endroit et jusqu’à la fin actuelle du glacier vers ‑110 m le gouffre est un large méandre d’une trentaine de mètres de hauteur, régulièrement agrémentée de petites cascades de glace et autres formations à base d’eau gelée qui évoluent d’année en année et aussi au cours des saisons. Une première partie est équipée en fixe par un câble métallique et des barreaux d’échelle. Après ça il ne faut pas trop chercher de spits, la fonte du glacier fait qu’ils se trouvent bien trop haut pour y accéder. Nous sortons les broches à glace et après avoir cherché les zones saines nous fixons les broches et observons la qualité des carottes qui en sortent pour valider la solidité de nos amarrages. La descente se fait en utilisant les crampons et le descendeur. Nous reconnaissons la base du P70 par la présence de neige fraîche et d’une belle colonne de glace. Faute d’avoir suffisamment de broches nous n’irons pas jusqu’à la fin du glacier, ce n’est pas grave nous comptons bien en acquérir de supplémentaires prochainement et avons en tête de revenir ici en avril ou mai car d’après ce qui se dit, c’est à cette période que les formations de glace sont les plus belles.

Nous entamons la remontée et prenons encore le temps de prendre quelques photos. En remontant sur la 5 mm nous prenons bien garde à ne pas faire les cochons et de vérifier à chaque impulsion que la corde se positionne bien dans nos bloqueurs.

À notre sortie de terre il est minuit, il ne neige presque plus. Nous rechaussons nos raquettes et regagnons le chalet de l’Alpette en 45 minutes. Les skieurs dorment en haut du refuge alors pour ne pas les déranger nous prenons l’apéro dinatoire à l’extérieur du refuge, nous buvons une bière et partageons un saucisson qui fera office d’entrée et de plat de résistance, nous n’avons pas plus faim que ça alors nous rejoignons le refuge, installons nos matelas gonflables et duvets avec un petit regret : au final nous aurions pu prendre nos sur-sacs et dormir dehors sur la neige… Des « triangles » de Toblerone accompagnés d’un petit verre de rhum vanillé feront office de gâteau d’anniversaire pour Théo qui boucle son 21e tour autour du soleil. Extinction des feux, le sommeil viendra vite.

Le dimanche nous nous réveillons vers 7 h 45 et avons le droit à une belle surprise ! Dehors le temps est clair et nous avons une superbe vue sur le Mont Granier : chouette alors ! Nous faisons fondre de la neige pour préparer du café et rangeons notre matériel. Nous repartons ensuite sous un gros soleil qui nous éblouira jusqu’à l’arrivée au col où nos yeux seront contents de retrouver un peu d’ombre (hier nous ne pensions vraiment pas utile de prendre nos lunettes de soleil). Une partie de la descente se fera à la façon « Pascalou » c’est-à-dire en glissant sur nos couvertures de survies, sac poubelle and co et nous amuserons les randonneurs qui montent vers le plateau. On se rechange sur la patinoire du parking et rentrons dans la foulée. À bientôt cher plateau ! Nous reviendrons vite voir le Grand glacier au printemps et avons toujours en tête le golet de la Source Vieille, et comme les sorties hivernales commencent à nous plaire, peut-être irons-nous nous faire un jour doucher pour aller voir la rivière de Jade via la golet du Tambourin et son fameux P205 le puits Bachetta (note à Théo : tu peux oublier la corde de 5 mm pour celui-là : je refuse !).

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