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280.1 - Vauvougier, acte 2

Olivier Gradot

samedi 4 décembre 2021, par Bertrand Maujean

Participants : Olivier Gradot, Théo Prévot, Pascal Odinot (Usan) et Nicolas Greiner (ASHM, 52)

Cette présentation de la reprise des explorations de l’amont du réseau Aga dans le gouffre de Vauvougier fait suite à l’article d’Arnaud Hollard « Vauvougier, acte 1 » paru dans Le P’tit Usania n° 278 (p. 1‑3).

Vendredi 2 juillet 2021 : Théo et moi nous nous réveillons au gîte du GCPM de Montrond-le-Château où nous logeons depuis mardi 29 juin. Nous avons profité des deux jours précédant pour nous mettre en jambe pour les sessions Vauvougier du week-end.

Mercredi nous sommes allés faire une visite au gouffre des Biefs Boussets afin que je l’équipe en hors crue. Nous avons bien fait car en parlant de crue on s’en est pris une qui a rajouté de l’ambiance ! Heureusement pour nos oreilles, depuis la désobstruction de la perte en amont des Biefs, le ruisseau s’y perd complétement et ne crache plus vers les Biefs. Une fois sortis du gouffre nous sommes d’ailleurs allés voir la perte et une belle quantité d’eau se jetait dedans. Si, comme à l’époque, cette eau s’était jetée dans les Biefs je pense qu’on aurait eu droit à une belle rincée.

Jeudi nous avons fait un saut à Ouzène pour équiper un parcours sur spits et AS moins classique que celui fait habituellement.

7 h, nous prenons notre café, nos kits ont été préparés la veille au soir. Nous avons trois kits de cordes avec les amarrages, un kit de vivres et secours et un bon gros kit avec le matériel pour les escalades de l’amont du réseau Aga qui sont le but de la sortie de demain.

À 8 h 15 nous partons en direction de Malbrans, on s’équipe et il est 9 h quand je me lance dans l’équipement du P38 d’entrée en passant par la voie brochée. Je n’ai que deux kits de corde, Théo trimballe le reste. Je me rends rapidement compte que mes longes toutes neuves sont mal réglées, mais ce n’est pas maintenant que je vais pouvoir y faire quelque chose... Je galère donc bien jusqu’à l’arrivée dans le méandre (apprentissage par l’échec). Une petite pause s’impose ! Une fois remis je continue l’équipement et Théo continue à faire le sherpa. Nous avons optimisé le chargement et avons viré les plaquettes des mousquetons, je tresse dans les broches autant que possible. Nous faisons notre pause casse-croûte juste avant l’ex-étroiture : au menu, purée à la viande de bœuf lyophilisée que j’ai trouvée en Allemagne pour 39 centimes la dose, autant vous dire que c’est largement plus rentable que les plats lyophilisés qu’on trouve dans les magasins de sport et, bilan, ce n’est pas mauvais. On s’offre un café puis on reprend notre chemin, on équipera jusqu’au départ du puits menant au méandre du Guano et nous laisserons notre matériel là (à noter que deux spits tout neufs en plafond sont à disposition des personnes voulant équiper le petit ressaut où a eu lieu l’accident au printemps dernier (on se chargera d’y faire un départ de MC prochainement). On ressort rapidement en faisant un petit exercice décrochage en milieu réel dans le puits Asco et il est 17 h quand nous retrouvons le soleil. Cool ! Il est suffisamment tôt pour pouvoir nous commander des pizzas au Pitch à Montrond ! On s’y rend donc et on s’offre une pinte de Picon, on appelle Nicolas pour savoir où il en est, il nous répond qu’il arrive. Nous commandons quatre pizzas puis le retrouvons au gîte. On se douche et on se met tous à table dans la cour sous un beau soleil, les pizzas sont vraiment top ! Si vous passez à Montrond surtout n’hésitez pas ! Nous passons la soirée à discuter de spéléo et nous nous couchons assez tôt afin d’avoir la patate le lendemain.

Samedi 3 juillet 2021 : on se lève tôt, on fait couler notre café, on goûte le miel maison que Nicolas nous a ramené et, à 8 h 15 précise, Pascal nous rejoint, on charge les véhicules et on donne le GO vers Vauvougier. On s’équipe tous et c’est parti avec quelques kits supplémentaires vers l’entrée du gouffre puis nous filons rapidement jusqu’à l’endroit où nous avons laissé notre matos hier après-midi. J’équipe rapidement le ressaut Machpro et le temps que les autres le descendent je vais équiper le puits du Guano. De là c’est direction galerie du Bétail d’où l’on rejoint l’entrée de la galerie des Dos d’Ânes, on crapahute, on rampouille et on arrive au R7 du bivouac (fraîchement équipé en fixe pour le temps de nos explorations), c’est ici qu’on fera la pause casse-croûte, il est déjà 13 h 30… Le temps file… On reprend notre chemin, quelques oppositions et crapahutage et on arrive au R4 + R3 qui, eux aussi, ont été rééquipés la dernière fois. Le petit passage dans les roches et concrétions est élargi à coup de marteaux et burins par mes soins tandis que mes amis sécurisent d’un bout de corde un faux-pas que je n’avais pas aimé la dernière fois. Encore un peu de crapahut et nous sommes enfin en bas du puits Pepette. Nous remontons ce dernier et les ressauts intermédiaires ainsi que le puits de la plateforme qui ont tous été rééquipés fin mai dernier lors de l’acte 1 de nos explorations de l’amont du réseau Aga. Bravo à Théo : l’équipement est confortable et sûr, on ne peut rien lui reprocher (je parle de l’équipement pas de Théo, lui j’ai une liste incroyablement longue de choses à lui reprocher…). Nous voilà maintenant à la base du puits du Cardan, Théo s’équipe et je l’assure avec un Huit et je suis moi-même longé à Nicolas pour m’éviter d’aller me croûter si jamais Théo se prend un vol. L’escalade prend environ une heure et une fois que Théo a sécurisé l’accès à la tête de puits je le rejoins en premier. La tête de puits est assez étroite, heureusement elle est à la bonne hauteur pour ne pas trop galérer. À partir de là ça devient un peu m… en termes de bouillasse, on voit que l’eau circule ici en temps de pluie. On équipe une main courante qui mène à un petit ressaut puis on équipe une autre main courante remontante puis descendante qui nous mènera à la base du puits de l’Espoir. À noter que durant l’installation de la main courante Théo me demande de bourriner sur la vis d’un spit car il était bouché de rouille, pour une fois qu’il me dit de forcer lors du vissage, eh bien je force : résultat la vis se coupe en deux… Bon exemple du pourquoi il ne faut pas bourriner en vissant les plaquettes… Du coup je sors le tamponnoir et repose un spit neuf. Note pour la prochaine fois : ramener un taraud pour curer les spits.

Nous arrivons enfin au pied du puits de l’Espoir qui est le dernier puits connu et dont nous espérons trouver une suite intéressante dans les hauteurs. Je suis trempé de sueur dans ma combi AV « Holloch » c’est cool les combis semi-imperméables mais pas à Vauvougier, on nage dans sa sueur et au moindre arrêt on se refroidit vite… Il est 18 h 15. On se concerte sur l’heure à laquelle faire demi-tour sachant que la dernière fois on était sur le retour du bivouac pour les 18 h 30 et on n’était pas ressortis spécialement tôt. On se décide finalement à faire une partie de l’escalade aujourd’hui. Théo monte sur une corde de plus de quarante ans et fixe des points d’assurage dans lesquels il fait passer la corde dynamique qui lui sauvera la vie en cas de rupture de la corde ou des amarrages de cette dernière. Petit moment de stress au moment où il doit traverser la largeur du puits pour changer de paroi. S’il prend un vol à ce moment-là il risque quand même de se faire bien mal surtout qu’il a tout son matériel sur lui (perfo, marteau, etc. un vrai Leroy Merlin le type). Au final tout ira bien et c’est tant mieux car se planter à cet endroit et clairement un plan de merde… on est clairement loin de la sortie et il y a plus d’un passage pas cool pour organiser un secours. Théo fixera deux points costauds et y accrochera notre corde, il est 19 h 20, on récupère les amarrages de l’escalade et on se prépare pour le retour. On laissera sur place la corde dynamique quoiqu’elle mérite un bon coup de lavage car elle est crasseuse au possible et d’ailleurs moi aussi. On laisse les goujons, on dit à bientôt au puits de l’espoir puis après que Théo installe à ma demande une main courante pour la remontée depuis la base du puits (en lieu et place de la corde simple déjà en place), nous commençons le chemin du retour vers la surface. La descente de l’amont Aga est un peu olé-olé, ma poignée pleine de boue bloque une fois sur deux et nos descendeurs ont du mal à fermer… une fois au pied du puits Pepette je profite d’une flaque d’eau boueuse pour tenter de décrasser un peu mes bloqueurs, pendant ce temps Théo filtre deux litres d’eau pour qu’on ait de quoi cuire et boire sur le reste du chemin. Arrivé au bivouac c’est coup de barre pour ma part alors on fera ici la pause diner qui fera du bien, fromage, saucisson, purée, Snickers et on repart. On arrive à la galerie du Bétail, détour pour voir « LA concrétion » et retour à la base du puits du Guano, je prends en charge le déséquipement. Je me rends vite compte que tricoter des chaises doubles en départ et fin de main courante est chronophage à déséquiper quand une poupée de quelques mètres reste en trop. Peu avant le puits Asco mon kit commence à être bien rempli et je suis content de trouver le deuxième à remplir. Théo me propose de me reprendre le gros kit mais je dis non par fierté (on est con parfois…). La dernière partie finit de bien me claquer, je laisse Théo déséquiper le P38 et je prends un certain temps à remonter ce dernier.

On se retrouve à la surface juste avant le lever du jour, on aura passé 20 h sous terre et pour Théo et moi ça fera 28 h de Vauvougier en deux jours, bon score. On se change aux voitures, mes pieds ont littéralement moisis dans mes néoprènes et j’ai hâte de me décrasser. On roule vers Montrond sous le soleil, on balance le matos devant notre porte et on court se doucher ! Wowow ! La sensation de propre est comme un paradis ! On se pose sur la table et les bancs en bois de la cour et on prend un apéro binouze bien mérité ! Ce n’est pas commun de trinquer à 6 h du matin mais c’est plaisant ahah, on s’enquille quelques salés, les morceaux de pizzas qui restaient de la veille et de la charcuterie, Théo et Pascal se font un irish-coffee minimaliste, Nico dort à moitié, bon ! Je crois qu’il est l’heure de dormir un peu, on se jette dans nos plumards et 10 secondes après on dort déjà. Les mouches du gîte elles, ne dorment pas et me rendront un peu dingue. On se lève pour 11 h 45, on lance un café et il est grand temps de se lancer dans le lavage du matos, un bel orage rendra l’opération plutôt aquatique : on est rincé même en veste de pluie. Nicolas nous cuit un bon déjeuner agrémenté de girolles fraîchement cueillies en Meuse et une fois repus nous nettoyons le gîte et nous saluons avant de nous séparer pour rentrer. Je ferai chemin avec Théo et nous arrivons au local pour les 19 h 30, on étend le matos et je rentre chez moi bien cabossé. Vivement la prochaine session en septembre, nous sommes tout près de notre but et impatients de voir la suite !

Toutes les photos de la sortie sur : https://www.flickr.com/photos/olivier_gradot/albums/ 72157719529685041


Voir en ligne : La suite : acte 3

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