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297.1 - Vauvougier, acte 8 : nouveau chantier

Théo Prévot

dimanche 7 mai 2023, par Bertrand Maujean

Vendredi 27 janvier : Charles et moi retrouvons Pascal au local pour 18 h 30, nous faisons le point sur le matos à prendre, chargeons et partons en direction de Montrond-le-Château. Arrivés vers 22 h 30, nous sommes rejoints vers 23 h par un couple de Lyonnais indépendants venu faire quelques photos avec Guy Decreuse et Romain Venot. L’heure tourne il est maintenant minuit. Après avoir observé méticuleusement Jonathan et Élodie préparer des hamburgers végétariens pour sous terre, nous mangeons et ne tardons pas à aller au lit vers 1 h.

Samedi 28 : l’objectif du jour est de se rendre à Vauvougier (encore me direz-vous…). Cela fait un moment déjà qu’un passage m’intrigue au fond de la salle Asco (environ -70 m). Il y a quelques années j’avais commencé à bouger quelques blocs mais du matériel plus lourd était nécessaire. D’après les différentes topos à ma disposition, rien ne semblait se situer dans ce secteur, allons-nous faire une première d’anthologie ? J’en doute, mais retrouver un petit bout de réseau ici ne serait pas déconnant au vu de la morphologie du lieu.

Levé à 5 h 30 pour Pascal et moi, même si nous sommes passés au local hier soir, rien n’est prêt au niveau du matériel ! Charles se lève peu de temps après, nous déjeunons avant d’attaquer un atelier paille. Tout est bouclé on peut y aller… Euh… Attendez… Il ne manque pas le kit cordes ?

Le terrain étant bien gelé nous arrivons sans problème à l’orée du bois. Changement au froid et feu ! Nous arrivons sur chantier pour 10 h. En jetant un coup d’œil on distingue bien le méandre qui se cache sous les blocs néanmoins le passage est un peu plus étroit que dans mes souvenirs. Un énorme bloc barre le chemin. Pascal s’attelle au forage pendant que nous retirons les petits blocs autour avec Charles. La paille est en place nous dégageons la zone en se mettant à couvert quelques mètres plus loin, Pascal fait le décompte : 3… 2… 1… BOOOM ! Sur place le bloc a bien explosé, après avoir retiré et purgé nous voyons enfin le méandre s’ouvrir. Vache, moi qui pensais qu’on allait y passer plus de temps ! Un second gros bloc est en travers, c’est au tour de Charles de lui faire un sort. Deux pailles auront suffi à rendre le passage praticable avec 200 bons kilos de cailloux retirés. Je pose deux Pulses et me lance dans l’inconnu, rapidement le passage s’élargit et laisse place à une belle et grosse faille. C’est quand même bizarre… un truc aussi gros si proche du réseau du Piton ? Je poursuis en posant un frac au niveau d’une margelle scabreuse. Bon les gars ce n’est pas de la première je vois un bidon à mes pieds ! mais restons quand même optimiste nous venons d’ouvrir un beau shunt au réseau du Piton. La descente se poursuit, la corde de 33 m tombe pile-poil, pas un centimètre de trop. Le bas se termine par une salle d’effondrement où il est possible de voir du gypse en quantité assez importante. Les autres arrivent, le réseau est plutôt chouette, je me lance dans la remontée d’une cheminée. Une dizaine de mètres plus haut celle-ci se termine dans un amas de blocs enrobés d’une fine couche de gypse. Je passe la tête entre deux blocs et aperçois une forme étrange. En voulant l’attraper, ce qui ressemble à un débris de concrétion m’échappe des mains et dégringole directement en bas. Ça ne devait pas être quelque chose d’extraordinaire de toute manière… Arf ! C’était quand même bizarre comme forme. Je repasse la tête, fais tomber un bloc en prévenant au préalable mes camarades et découvre trois autres morceaux qui semblent s’assembler parfaitement ensemble. Je redescends et montre la découverte, on dirait une queue ou une patte, on met ça de côté pour dehors. Charles me dit avoir repéré une faille qui a l’air de partir assez loin mais n’arrive pas à passer. Un petit méandre semble se former au pied de la salle, on voit en effet sur quelques mètres, l’entrée n’est pas large. Le haut semble plus large je remonte chercher un accès par le dessus, vous voyez la lampe ? Oui c’est bon ! Ok l’accès est bien possible par le dessus mais une corde ne serait pas de trop pour venir là où je suis puis redescendre dans la faille. Vu le bordel il vaut mieux faire un tir en bas, le passage étant étroit que sur quelques dizaines de centimètres.

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Il est 13 h nous décidons de remonter manger un bout. On l’appelle comment ce shunt ? Il y a déjà le piton on n’a qu’à appeler ça le boa. Mouais bof. Ou le bois ? Attends j’ai mieux, le Boa sans soif ! Ok va pour ça Pascal, ce n’est pas si mal comme nom.

Après cette pause d’une bonne demi-heure le froid se fait sentir, si, si, je vous jure il y a des courants d’air à VVG. Un autre spéléo m’avait d’ailleurs fait la réflexion il y a peu en me disant qu’il n’en avait pas souvenir et je dois bien dire que je n’en avais pas non plus souvenir. Il est pourtant bien marqué. Est-ce que l’élargissement général des galeries suite au secours pourrait générer un brassage plus important de l’air ? Un passage que nous aurions ouvert davantage dans la zone du réseau Aga ? Mystère, toujours est-il que lors des tirs de ce matin le nuage de poussière avait bien été soufflé nous nous étions d’ailleurs fait la réflexion.

Sur la redescente pour aller élargir l’entrée du méandre nous purgeons copieusement la margelle en bas de la première longueur de 6-7 m. Premier en bas, premier à forer, ayant une chute de cordeau en plus des pailles (le défaut de la paille étant de sortir du bloc qui dans le cas précédent aurait pu bloquer la descente dans le méandre) je ne compte pas remonter avec et l’occasion s’y prête bien. Après avoir géré une coupure sur la ligne nous voilà à couvert, 3… 2… 1… BOOOOOM ! Ça c’était un truc d’homme me dit Pascal. Ah ben oui ça ne fait quand même pas le même son, hein ! Le passage est maintenant dégagé, nous retirons les gravats et constatons une couche ressemblant à un résidu végétal, un fossile ?

Un peu plus loin je retrouve l’élargissement en hauteur, on a bien fait de passer par là c’est clairement plus simple. Au mur un gros ASCO est marqué à l’acéto, la suite devient vite impénétrable. En bougeant quelques blocs au sol on peut voir que le méandre est travaillé par l’eau. C’est à mon sens une bonne nouvelle car cela signifie que ce bout de faille n’est pas un simple décollement parallèle à la salle mais bien un passage potentiel. Voici donc un nouveau chantier pour 2023. Nous remettons une paille avant d’entamer la remontée dans la salle Asco. Nous mangeons une barre replions les affaires, il est 16 h passé, objectif : être à la voiture avant 18 h.

17 h 45 tout le monde est dehors et les derniers points sont retirés, objectif atteint ! Nous nous changeons dans la pénombre et retournons au gîte récupérer nos affaires avant de passer au Pitch savourer une bière et manger une pizza.

Retour sur Nancy sur les coups de 22 h 30, nous refaisons le tri dans les affaires, lavons les kits. Les cordes seront passées en machine chez moi, j’ai un peu la flemme de le faire maintenant. Nous rentrons tous chez nous prendre une bonne douche chaude ou un bain pour certains. Bilan du jour plutôt positif, ce gouffre n’a pas encore révélé tous ses secrets !

Les os trouvés semblent être le bas d’une patte de vache (sabot fendu en deux), quant à la couche trouvée à la suite du tir il s’agit de dendrites d’oxyde de manganèse.

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