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314.1 - Vauvougier, acte 16 : désobstruction et topographie au gouffre de Vauvougier et prospection dans deux dolines à sa proximité

Olivier Gradot

samedi 5 octobre 2024, par Bertrand Maujean

Participants : Vivien Romuald et Olivier Gradot

Vendredi 12 juillet 2024 :

Le rendez-vous est donné au local pour 16 h ; pour ce week-end nous ne serons que deux du fait de l’indisponibilité du reste de l’équipe. L’objectif réduit et l’absence de pailles préparées nous amènent à un objectif moins explosif que ceux des dernières sessions de travaux réalisés dans le gouffre. Pour le programme nous envisageons de réaliser la topographie du réseau Bob depuis le shunt du Boa sans Soif et en complément d’aller voir les deux boyaux qui partent de la salle proche du début du méandre Bourgogne.

Dans la semaine j’ai effectué quelques recherches pour trouver l’origine du nom « Vauvougier », des questions posées çà et là j’apprends que le gouffre d’Ouzène était auparavant nommé gouffre du « Grand Vougier ». « Vau » pourrait correspondre à vaux, un petit cours d’eau. En ce qui concerne le terme « Vougier » je ne trouve que la référence au mot « vougier » qui est relatif, au Moyen Âge, à un fantassin armé d’une vouge, une arme utilisée pour atteindre les cavaliers ou couper les jarrets des chevaux. À ce jour je n’ai pas obtenu de correspondance du mot « vougier » avec une expression ou un dialecte local. Affaire à suivre.

Vivien me rejoint pour 16 h 10, il vient de se faire une petite plongée au Spéléodrome afin de vérifier son matériel en prévision du stage plongée de la semaine prochaine. À noter qu’il a pu observer des poissons dans les bassins, vue la taille il pourrait s’agir de tanches. L’impact de leur présence sur la population de Niphargus sera à observer dans le futur.

Pierre passe prendre du matériel pour emmener un ami dans les gouffres de Savo dimanche. De notre côté nous chargeons le nôtre et, vers 16 h 45, nous décollons pour Montrond. La météo se dégrade quand nous arrivons dans le secteur. Nous passons nous prendre des pizzas au Pitch et ensuite rejoignons le stage de Rémy Limagne au gîte du GCPM. Nous arrivons pile pour le mini-discours qui souligne que ce stage est le quarantième organisé pour l’ami Rémy, il en profite pour faire la passation. En tout cas félicitations pour toute l’implication durant ces quarante années.

Dans la soirée nous discutons un peu technique légère, notamment concernant la corde Slick line 6 mm, nous tentons de kidnapper Christophe Rognon pour la journée de demain, mais sans réussir (après tout ça fait quand même 8 jours qu’il n’est pas rentré chez lui ahah). Nous apprenons que durant la semaine la Baume des Crêtes était gazée, impossibilité d’allumer une flamme au niveau de la salle des Dolois, cela semble corroborer les observations que nous avons faites le 23 juin dernier au gouffre de Naud. Lors de notre sortie un inconfort important c’était fait sentir dans l’ensemble du gouffre et l’impossibilité d’allumer une flamme a été observée depuis la salle de décantation et ce jusqu’à l’entrée du gouffre. Des échanges que j’ai eus avec C. Rognon plusieurs constats de ce type ont été remontés dans différentes cavités locales qui habituellement ne sont pas connues pour être gazées. Des campagnes de mesures seraient à programmer. Les conditions météorologiques particulièrement pluvieuses de cette année seraient peut-être une des causes de ces observations. Nous décidons de stopper les discussions vers 1 h du matin et nous allons nous allonger au sol dans le local technique pour y passer la nuit.

Samedi 13 juillet 2024 :

Après un petit-déjeuner rapide nous partons sous le soleil en direction de Malbrans, nous nous garons au parking, préparons nos kits en prévoyant de dormir au bivouac puis nous nous rendons à la doline d’entrée toujours aussi boueuse et chiante à parcourir. Ce matin le ruisseau coule tout doucement. J’équipe le puits d’entrée avec option « emmêlage » de kits et cordes, Viven équipe le puits du Pendule. Durant sa descente je me rends compte que la broche de droite bouge sous le poids d’une personne, hors charge je n’arrive pas à la bouger à la main. J’en ferai part aux spéléos locaux, mais je pense qu’il va falloir la remplacer prochainement.

Nous nous rendons en premier à la salle ASCO et commençons la topographie à partir du shunt du Boa sans Soif, nous avions déjà le départ sur la précédente session topo du début d’année et devrions donc pouvoir ajouter cette partie à l’existant.

Autant le début est sans difficulté particulière autant quand on arrive sur la fin, l’aspect étriqué du boyau rend un peu plus chronophage les opérations. Ne passant pas l’étroiture avant la zone terreuse, j’envoie le maigre finir tout seul. Ce dernier y fait une trouvaille intéressante dans la terre, il s’agit d’ossements de mammifère. À vue d’œil il s’agit de deux vertèbres d’un animal de taille correcte (bovin ou équidé je dirais), nous décidons de remonter avec nous ce prélèvement. En tout cas cette trouvaille conforte le fait qu’il faut continuer les travaux de désobstruction dans ce boyau, car il communique nécessairement avec d’autres parties du réseau. Au final les résultats bruts de la topo indique que le réseau Bob avance de plus de 40 m en direction du secteur Grand Puits et galeries de la Trémie. Nous en saurons plus une fois les données brutes exploitées. Dernière observation du jour pour ce secteur : à la base du P7 on entend un écoulement d’eau qui se fait dans la partie opposée à celle de la salle et du réseau Bob, à ma connaissance nous n’avions pas encore entendu d’écoulement d’eau dans cette zone.

Nous ressortons ensuite, prenons avec nous la pelle américaine qui était restée à la zone de bivouac du Piton et rejoignons la salle proche du début du méandre Bourgogne. Nous déjeunons puis entamons la désobstruction du boyau partant vers la droite. L’élargissement de l’accès se fait en creusant. Après une couche dure de surface, le sol est constitué de sable. Après environ une heure nous pouvons inconfortablement passer. Le boyau s’élargit ensuite et après une distance d’environ 3 mètres il faudrait encore creuser pour passer… Sans surprise (enfin on va dire par étonnement ou par dégout) il y a des traces d’acéto sur le plafond… décidément SHAG ou ASCO avaient un nain maigre dans leurs équipes… c’est incroyable les zones où ils ont réussi à passer…

Je jette ensuite un œil au boyau remontant, après 1,5 m de montée le passage je suis arrêté, cependant au plafond il y a une cheminée étroite (diamètre 30 cm environ) et on sent un souffle qui en provient et on peut voir que de la terre humide a coulé depuis cette cheminée.

Ces observations faites, nous regardons l’heure, il est 16 h passé, la question d’aller au bivouac se pose, comme nous n’avons pas d’objectifs précis dans ce secteur autant ressortir et profiter de la journée de demain pour aller prospecter au niveau de deux dolines situées au Nord de l’entrée de Vauvougier.

Sur le retour nous prenons le temps de vérifier que le boyau (actuellement impénétrable) qui part de la base du ressaut « ASCO vers carrefour méandre Bourgogne – Grande Galerie » donne bien sur la Grande Galerie, c’est en effet confirmé, quand j’y arrive je vois la lumière de Vivien. Nous remontons ensuite. Vivien déséquipe le puits d’entrée, le soleil nous attend dehors et sa présence est apprécié.

Pour information, les réserves d’eau entreposées au bivouac et dans différentes parties du parcours sont toujours au même niveau. La pelle américaine a été cachée dans le boyau désobstrué, charge aux prochains de la ramener au Bob.

À noter aussi que la prairie par laquelle nous passons actuellement est entourée de fils électriques et des vaches y sont placées. On peut cependant passer à côté en longeant le bois (évitons de nous faire gronder par l’exploitant).

Nous rejoignons la roulotte et passons au Pitch nous prendre des pizzas et profiter d’une pression fraîche en terrasse ensoleillée (une chose rare en 2024).

Une fois au gîte nous croisons Benoît en plein dans ses tâches d’organisation pour le camp d’été de Merey. Nous discutons un peu avec lui des derniers travaux effectués à Vauvougier et de fil en aiguille nous en venons au fait que le trou où ils avaient envoyé l’eau déviée du ruisseau lors d’un secours n’est pas là où Théo et moi l’avions pensé. En fait il semble qu’il s’agisse du petit trou que nous avions localisé en mai 2023 et dans lequel Théo était allé jeter un œil. Ce trou ayant absorbé toute l’eau pompée sans qu’elle ressurgisse dans le puits d’entrée de Vauvougier il communique donc certainement avec d’autres parties du réseau (AGA ?).

Du côté des deux compères de l’Usan nous ne ferons pas long feu, Vivien va s’endormir dans l’une des grandes tentes montées pour accueillir l’ensemble des 50 participants au stage de Rémy, moi je reste le temps de regarder les feux d’artifice cette année envoyés depuis Montrond puis je rejoins un des lits du dortoir.

Dimanche 14 juillet 2024 :

Réveil grasse matinée vers 8 h 30 et sous le soleil, bizarrement le réveil au bivouac de Vauvougier ne me manque pas. Vivien (qui a pu profiter de la nuit humide) me rejoint, nous lavons le matériel puis en premier lieu passons voir le camp d’été organisé par Benoît, l’un des ados nous emmène voir les deux chantiers en cours, le premier est un beau chantier de désobstruction au niveau de la grande roche, et l’autre est idem, mais dans une petite grotte située sur une terrain voisin, en tout cas nous ne pouvons que souligner la volonté des creuseurs : bravo à eux et aussi à Benoît et ses équipes de bénévoles pour l’organisation de ces camps.

Après avoir salué Benoît nous rejoignons Malbrans et partons à pied en direction des deux dolines que Théo nous avait localisées sur une carte. La parcours hors sentier dans les bois est rendu « un peu piquant » par le tapis de ronces, c’est une bonne préparation pour Vivien qui repart pour l’expédition en Crète cette année (en Crète absolument tout ce qui pousse veut ta peau !). Nous arrivons en premier sur la doline la plus à l’ouest. Je parcours le lapiaz qui entoure une partie de la descente, mais ne trouve pas d’indication de trou pénétrable, le fond est en partie constitué d’une jungle de ronces et d’orties qui montent à hauteur de visage, en l’état ce n’est pas praticable, nous reviendrons en hiver et si possible avec de la neige. Nous allons ensuite à celle à l’ouest, même constat, mais moins « piquant ». Nous prenons quelques photos puis retournons à la voiture. Il est 13 h, nous décidons de rentrer sur Nancy pour être tôt chez nous.

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