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236.5 - Présence de lépidoptères sous terre en Lorraine : pour un premier aperçu en 2016

Bernard Hamon, CPEPESC nationale (extrait de S.S.B. n°470, août 2017, CPEPESC nationale,Besançon)

dimanche 1er avril 2018

Les lépidoptères — les papillons — forment un ordre d’insectes dont certaines espèces peuvent être observées sous terre, principalement à proximité des entrées des cavités. Ils entrent dans la biocénose des associations pariétales estivales ou hivernales, selon les espèces en présence. R. Jeannel (1943) faisait état d’une vingtaine d’espèces susceptibles d’être rencontrées dans les grottes en France mais ne s’attacha qu’à citer quelques taxons précis (voir plus loin), comme le firent à leur tour les biospéologues A. Vandel (1964), puis R. Ginet et V. Decou (1977). M. Dethier et J. Depasse (2004) font état, en Belgique, de 21 espèces présentes dans les milieux cavernicoles. En 2012, P. Lerault dresse une liste de 13 papillons trogloxènes observables sous terre en France et en 2015, R. Centelles-Bascuas cite 24 espèces « fréquentant les grottes de France métropolitaine ». Qu’en est-il en Lorraine ?

En 1986 nous avions sollicité L. Perrette (†) de la S.H.N.M., spécialiste des lépidoptères, pour lui demander d’établir une liste des papillons susceptibles de fréquenter les milieux souterrains lorrains : le 6/11/1986 ce dernier proposa un inventaire de 33 « espèces susceptibles d’hiverner dans notre région » dans des espaces souterrains (de la cave à la grotte). Cette liste fut une base de travail et fut affinée en fonction des observations effectives réalisées dans des espaces souterrains lorrains : le 15/2/2008 L. Perrette proposait une liste validée de 25 papillons. Depuis 2008 les investigations sont poursuivies : quelques taxons ont été retirés parce qu’ils n’ont pas été observés sous terre (comme le Vulcain, la Belle Dame, le Gamma...) tandis que d’autres intégraient le listage comme Hypena rostralis ou encore Alucita hexadactyla. De nombreuses sources et observations ont contribué à ce premier listage et, sans exhaustivité, nous ne citerons, à titre d’information, que les personnes qui ont transmis des données significatives, soit par leur nombre, soit par leur intérêt : J.-M. Courtois (†), M. Renner. D. Aupermann, Y. Gérard, C. Léger, D. Grandati, P. Grankoff, J.-F. Schneider.<img width=497 height=388
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Espèces

Statut sous terre

Fréquence d’observation

Hétérocères :

Triphosa sabaudiata (Duponchel)

Triphosa dubitata (Linné)

Chloroclysta siterata (Hufnagel)

Chloroclysta miata (Linné)

Lithophane semibrunnea (Haworth)

Lithophane hepatica (Clerck) = L. socia (Hufnagel)

Lithophane ornitopus (Hufnagel)

Lithophane furcifera (Hufnagel)

Xylena vetusta (Hübner)

Xylena exsoleta (Linné)

Eupsilia transversa (Hufnagel)

Jodia croceago (Denis et Schiffermüller)

Conistra erythrocephala (Denis et Schiffermüller)

Conistra rubiginosa (Scopoli)

Conistra vaccinii (Linné)

Conistra ligula (Esper)

Conistra rubiginea (Denis et Schiffermüller)

Nycteola revayana (Scopoli)

Hypena rostralis (Linné)

Scoliopteryx libratrix (Linné)

Alucita hexadactyla (Linné)

Acrolepia granitella = Digitivalva granitella (Treitschke)

Rhopalocères :

Nymphalis polychloros (Linné)

Inachis io = Aglais io (Linné)

Aglais urticæ (Linné)

 

Troglophile

Troglophile

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Diapause hivernale

Troglophile

Diapause hivernale

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Diapause été/hiver

Diapause été/hiver

Diapause été/hiver

 

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+ : ponctuel/rare ; + ? : présence mal connue ; ++ : fréquent ; +++ : très fréquent

Figure I : Lépidoptères observés dans des milieux cavernicoles de Lorraine (1970-2016)

La figure I présente un listing de 25 espèces de lépidoptères dont la présence est attestée sous terre en Lorraine, dont 22 espèces nocturnes (hétérocères) et 3 diurnes (rhopalocères). Nous avons également présenté leur statut sous terre lorsqu’il est connu et/ou en fonction des observations faites par les naturalistes. La grande majorité de ces espèces ne fréquentent que ponctuellement les milieux souterrains : certaines n’ont été vues (et/ou identifiées par L. Perrette) qu’une ou deux fois. Cinq espèces cependant peuvent être régulièrement observées (selon les secteurs, les milieux, les conditions climatiques…) sous terre ; ce sont Inachis io, Aglais urticæ, Alucita hexadactyla, Triphosa dubitata et Scoliopteryx libatrix.

Les papillons identifiés sous terre sont tous des trogloxènes (en Europe, aucun lépidoptère troglobie n’a été reconnu à ce jour). Trois espèces sont considérées comme subtroglophiles ou troglophiles selon les spécialistes au regard, entre autres, d’une présence durable dans les milieux cavernicoles pour satisfaire une partie de leur cycle biologique. Ce sont Triphosa dubitata, Triphosa sabaudiata et Scoliopteryx libatrix. Pour la majorité des espèces observées leur relation avec les milieux souterrains n’est pas vraiment étudiée. Par ailleurs, beaucoup de ces milieux sont très superficiels, proches de la surface : caves, petits abris, réservoirs, sapes, ponts, tunnels ferroviaires... Pour bon nombre de ces papillons ces habitats leur permettent de satisfaire un temps de diapause estivale variable en durée et dépendants de différents facteurs comme les conditions météorologiques extérieures, l’abandon ou non de nourriture...

Tous ces éléments environnementaux et/ou biologiques d’une part, et une certaine difficulté à identifier les espèces d’autre part, peuvent expliquer les limites de notre savoir sur la présence et le statut des lépidoptères sous terre dans notre région.

Cet inventaire constitue donc un premier document provisoire. Si l’on ne considère que le seul listing établi par Dethier et Depasse en 2004, 15 des espèces relevées (sur 21) ne sont pas signalées sous terre dans notre région alors qu’elles le sont en Wallonie, province frontalière avec la Lorraine du Nord, nous comprendrons que notre inventaire est appelé à évoluer.

Bibliographie : Centelles-Bascuas R. (2015) - « Les papillons des grottes. Essai d’inventaire français et européen et indications bibliographiques », Spelunca n° 140, F.F.S., Lyon, p. 49-51

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