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310.1 - Lot 2024

samedi 1er juin 2024, par Bertrand Maujean

Valentine

Du 2 au 9 mars dernier, je me suis rendue dans le Lot en tant que stagiaire SFP1 pour une semaine organisée par Chloé Valette et Charles Lecoq.

Mon objectif numéro 1 : apprendre à équiper. Un peu stressée, je refais des nœuds dans le train jusqu’à Saint-Étienne où Pierre et Léa, deux jeunes du club Césame, me prennent en co-voiturage ! Ils sont venus l’an passé, connaissent les lieux et du monde sur place. Grâce à eux je me sens tout de suite à l’aise :-)

Le lieu est superbe. Le gîte est composé de petites cabanes blanches et d’un bâtiment de vie dont la terrasse domine les combes verdoyantes de Courbous et Cabrerets. Les petits villages aux alentours sont sculptés dans une pierre rose, comme celle des falaises qui entourent le Lot et le Célé. La soirée du samedi s’écoule rapidement, rencontrer tant de nouvelles personnes m’a bien fatiguée et je ne tarde pas à me mettre au lit.

Dimanche 3 mars première sortie avec Léa, Audrey, Brindille à l’igue de Cloup Séguié. Léa équipe sous le regard attentif de Brindille. Pendant ce temps Audrey me coache : sur des arbres innocents on met en place une main courante de plain-pied, une tête de puits, on fait des passages de nœuds, les conversions, et si tel matériel ne marche pas ? et s’il y a un obstacle, etc. La situation le permet alors elle me laisse galérer, trouver par moi-même les étapes pour me sortir de ces cas d’école. Lors de la pause déjeuner Léa fait une démo de décrochage en pédale crollée, tous les mouvements se mélangent dans ma tête et cela me paraît plus compliqué dans la vraie vie que dans le manuel… À la remontée c’est moi qui déséquipe, ça peut paraître pas grand chose mais je suis contente !

Le soir, c’est soirée technique : il y a une dizaine d’ateliers différents, avec pour chacun, un cadre qui nous demande de résoudre un problème : comment rabouter des cordes, descendre un objet… avec du matériel ou juste avec des nœuds ! À chaque fois on expérimente puis on nous explique les différentes solutions possibles.

Lundi, Picastelle avec Léa et Clément. Une sortie sous le signe du questionnement : pourquoi choisir tel nœud (fusion versus chaise, tête d’alouette versus cabestan), pourquoi passer par ici ou choisir ces amarrages-là. Sous le signe également de la folie : Clem est danseur sur corde et il a une confiance inouïe dans le matériel. J’ai équipé mon premier puits mais on est descendu sur la corde de Léa. Pour déséquiper j’ai juste enlevé les nœuds et les amarrages puis on a remonté la corde d’en haut avec une poulie de toute beauté.

Ce lundi soir était artistique. Dans une ambiance tamisée (éclairage à la frontale et au feu de cheminée) chaque groupe doit raconter une histoire sur un thème donné : le nôtre, l’art pariétal. Nos spéléos sont créatifs, et pour être honnête assez touchants.

Mardi, la marche d’approche me laisse sans voix. Pour se rendre à l’igue Noir il nous faut suivre la voiture d’un connaisseur. Débarquées, nous trottinons à travers le causse de pierres « enmoussées », d’arbres bourgeonnants et surtout d’un peuple de jonquilles sauvages à perte de vue. Je n’exagère pas, avec ma combinaison jaune je disparais presque dans le paysage. Des hellébores, du petit houx, et tant de plantes précieuses entourent le grand trou d’où partent deux variantes possibles. Ambiance scolaire avec Léa et Pauline. Elle est accompagnatrice spéléo pour des classes ce qui lui incombe une rigueur naturelle. Je n’avais jamais vraiment regardé la forme des nœuds, quel brin assure quelle traction… Face à mon manque de savoir elle m’apprend la différence entre un beau huit et un huit bof, comment reconnaître le fusion du chaise en un clin d’œil, pourquoi je ratais mon nœud de chaise une fois sur deux et pourquoi mon nœud ne terminait jamais à la bonne hauteur. Son expertise a pour inconvénient une expansion du temps d’équipement. Je suis en haut, la pluie vient me tenir compagnie, je m’abrite entre un kit et un rocher. Pauline, suspendue pour encadrer Léa, prend l’eau et sera frigorifiée à l’heure du déjeuner. Deux cordes en place nous permettent de tester la descente avec la corde en C. Je passe en premier pour une petite escalade / méandre / main-courante. Au retour on nous a demandé d’apporter des pierres sur la terrasse, c’est devenu notre activité favorite avec Léa mon binôme. C’est peut-être la fatigue mais choisir le plus gros bloc, le porter en faisant comme si c’était léger ou encore mieux, le cacher dans la voiture de Pierre suffit à nous faire pleurer de rire.

Le soir c’est soirée défis et quiz spéléo, avec mon équipe on gagne un T-shirt CDS 46, de quoi pavaner de retour à la vie civile :-).

Mercredi l’échauffement prend fin, on accoste l’igue de Toulze avec Anaëlle, Audrey, Fraise et Matthieu. Anaëlle est agile, elle équipe rapidement et intelligemment une main-courante vraiment difficile d’accès. Pendant ce temps, Fraise essaye tant bien que mal de m’apprendre les étapes pour le décrochage. J’équipe une jolie main-courante et un puits avec une déviation. Une fois à la rivière, une vire équipée par Anaëlle a raison de moi et de ma grâce légendaire : je termine avec de l’eau au-dessus des genoux. Cette sortie s’avère également riche d’apprentissage car Matthieu travaille dans les phosphatières et en connaît un rayon sur le monde souterrain.

Contente de ma journée, je regarde le coucher du soleil laisser sa place au ciel étoilé, difficile de se croire au début du mois de mars. C’est la deuxième soirée technique, je reste sur la terrasse pour percer les cailloux que nous avons portés et tester différents types d’amarrages !

Jeudi on reste sur l’autoroute du kiff, on part pour Planagrèze avec Anaëlle, Charlito et Benj’, des bons gars comme leurs surnoms le laisse imaginer. J’équipe l’entrée du puits, incroyable de descendre sur sa propre corde non ? Pendant que je réfléchis à la suite, demandant à Benj’ de vérifier absolument tout ce que je fais, je les entends râler en haut, dire qu’ils auraient fait autrement. Je ne prends pas la mouche et je suis contente de me reposer quand Anaëlle prend le relais, l’occasion d’apprendre le nœud papillon. On descendra jusqu’à la rivière. Ce jour-là c’était spits, un moyen de vraiment regarder la grotte, me demander par où passer plutôt que de suivre le chemin tout tracé par des amarrages bien visibles type broches. Équiper, déséquiper, même si c’est une petite sortie je suis vannée. Qui aurait cru que dévisser des plaquettes demande tant d’énergie ?

La journée passe comme un éclair. Le soleil est de sortie, je passe la main par la fenêtre de la voiture et il me semble être bien loin, au milieu de l’été.

Vendredi, dernier jour sous terre, destination Viazac, jusqu’au lac. La balade se fait en grand groupe puisque nous descendons à 12 auxquels s’ajoutent Anaëlle et Clem qui passent par une autre entrée (Reine). Le début est équipé de la veille, nous permettant de rejoindre rapidement un plateau, juste après la vire qui passe au-dessus du puits Martel. La moitié du groupe visite la galerie avant de remonter. Avec Charles, Léa, Sven, Binj’, Aurélien et le petit Clem, nous descendons jusqu’au lac. Le puits de l’Écho est vraiment impressionnant, le cours de l’eau est comme figé dans la pierre. Il descend en colimaçon. La couleur de l’argile puis de la calcite donne à la pente l’impression d’être humide, comme si l’eau venait juste de se retirer. ‑227 ? ça sera mon nouveau record. Anäelle nous rejoint avec le grand Clem. Au retour de la salle de la Boue (une petite pensée pour la veste de Binj’ que je portais par-dessus ma combi...) on me confie un kit qui s’avère lourd comme une bûche. Son poids me tire vers le bas, la pente inclinée me fait perdre ma pédale et mon pantin, bref un combat pour lequel je vais devoir accepter l’aide que me propose Charlito et confier le kit à plus fort que moi… J’en récupère un plus léger pour faire mine d’aider quand même. La remontée se fait bien, enfin j’ai un peu chaud ! En haut je m’allonge sur l’herbe en attendant le reste des copains. Il me semble flotter un peu, la semaine est passée si vite !

Soirée Time’s up, je découvre ensuite avec des yeux ébahis les jeux de soirées spéléo (la table, le jeu du bouchon à attraper sans les mains, passer entre des cagettes...) Je vais devoir m’entraîner pour la prochaine fois !

Le lendemain matin, lavage du matériel sur la plage qui borde la rivière. Je ne tarde pas à avoir les pieds et les mains gelés mais je profite de ces derniers moments avec Léa et les autres copains. Le courant, bien que très fort, ne suffira pas à emporter mon envie de rester ici encore de nombreuses semaines...

Matériel :
 La lampe que l’on m’a prêtée, une Stoots Caldera, aura tenu toute la semaine sans être rechargée une seule fois... de quoi me faire encore hésiter sur quelle frontale acheter !
 J’ai observé Léa qui attache sa clé de 13 au torse, sur un enrouleur de porte-badge, je trouve ça vraiment pratique.
 J’ai vu mettre le pantin plus haut, vers mi-mollet, et ça m’a fait penser à une vidéo Instagram de « rope walking » où le grimpeur porte un pantin sur une jambe et un bloqueur au niveau du genou sur l’autre. Par rapport à la pédale cela permet d’utiliser ses bras de manière plus libre.
 Pierre avait fabriqué une lampe à alcool dans des boulons de cuivre avec une mèche de laine de verre. En cherchant sur internet cela porte le nom de bougie Bodot. Il faudrait ajouter une gaine en caoutchouc autour un peu comme sur les tasses pour pas se brûler.
 Je suis devenue adepte d’ajouter ma doudoune Columbia Omni Heat sous la combi, elle est très fine mais l’intérieur est en alu donc tient bien chaud et vous en trouverez des pas chères sur Vinted.
Mon « impopular opinion » : je trouve plus facile de remonter une verticale qu’un plan incliné car j’y perds pantin et pédale, y compris en alternatif, oui, oui je vous entends d’ici, c’est sans doute une question d’habitude.

Deuxième avis non sollicité :    je trouve plus facile de remonter un grand puits qu’un petit puits ; l’élasticité de la corde est telle que je fournis un effort faible pour me redresser lors du rebond (ou alors c’est juste plus amusant ?). De plus, dans un petit puits il n’y a souvent pas assez de poids sur la corde pour qu’elle reste tendue.

Les ingrédients d’une semaine de feu :
 l’organisation impeccable en amont (infos, lien co-voiturage) et pendant le stage (on se met d’accord avec l’équipe la veille de chaque sortie, on debrief sur comment s’est passée la journée, ce qu’on veut pour la suite, matching des membres de l’équipe ++ cohérent, j’ai aussi trouvé ça sympa de garder mon binôme fixe les premiers jours). 
 une ambiance studieuse permettant un vrai apprentissage (soirées intéressantes, se coucher pas trop tard).
 un taux de féminisation important (rencontrer des femmes inspirantes), 14 sur 36 participants.
 un encadrement de luxe (quasiment autant de cadres que de stagiaires), 15 cadres pour 21 stagiaires.

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