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310.2 - Exploration dans le Jean-Bernard
Vivien Romuald & Théo Prévot
samedi 1er juin 2024, par
Participants : Xavier Robert (GS Vulcain), Théo Prévot et Vivien Romuald (Usan)
TPST : 10 h
Récit par Vivien :
Avant le stage de Christophe Petitjean, Théo me propose de descendre sur Samoëns (74) pour aller faire un tour sur le réseau du Jean-Bernard (JB pour les intimes). Il s’agit d’un réseau très complexe, profond de plus de 1 600 m pour un développement supérieur à 30 km. Malgré sa grandeur le réseau présente toujours un potentiel d’exploration grandiose.
Samedi 4 mai, nous décollons de chez mes parents vers 9 h en direction de Samoëns. Ça roule bien, nous nous octroyons une petite pause sur la route et sommes sur la commune pour 14 h. Direction une grande surface afin d’acheter de quoi manger pour aujourd’hui, demain et après-demain qui sera fonction de la météo. Les courses dans le coffre, il est temps pour nous de trouver une boulangerie, Xavier doit nous retrouver au parking des Allamands vers 15 h. Une boulangerie… Une mission assez longue, et après 20 min à chercher nous finissons par trouver une enseigne ouverte à cette heure un samedi. Sur la route montant au parking, Théo m’explique qu’il y a longtemps lors des explorations une balance était en place au parking et qu’il fallait avoir au minimum 30 kg de matériel collectif avant de pouvoir monter.
Nous y voilà, nous sortons manger un morceau et discutons avec un local. Il nous informe qu’il y a finalement plus de neige que prévu au-dessus du refuge et que nous allons en chier si nous n’avons pas de raquettes et… nous n’avons bien évidemment pas de raquettes (idée de Théo).
Xavier nous rejoint un peu plus tôt que prévu et nous démarrons. 1 h 50 de marche avec une météo clémente, pas trop chaud ni de pluie, nous avons eu de la chance. Arrivé au refuge des Vulcains (ancien refuge d’hiver reconstruit) Xavier voit Jacques, le gardien du refuge d’été. Nous montons lui dire bonjour et passer un petit moment de convivialité autour d’une bière. Le soir, Jacques nous invite à manger, pâtes, vin, génépi un repas typique pour le refuge.
Dimanche matin : Debout en douceur vers 8 h, un petit déj, un dernier café et nous voici en route pour l’entrée du V4 bis (unique entrée basse ouverte ce jour, le reste étant sous la neige…). 100 m au-dessus du refuge, je suis dans la neige, Théo et Xavier sont encore au refuge pour donner un coup de main à Jacques. Me voilà globalement à suivre une trace de raquette qui d’après ce que j’ai cru comprendre doit monter en direction du V4 (entrée en contrebas du V4 bis).
N’ayant pas de nouvelles, je décide de joindre Théo par téléphone, ouf ! Je suis dans la bonne direction, les autres sont derrières et arrivent d’ici 10 min. Nous passons le V4 (encore sous la neige) et sommes devant le V4 bis. Maintenant, objectif première pour Théo et Xavier et… survie pour moi. La cavité est totalement différente de ce que j’ai l’habitude de faire, il fait froid, très froid. Les quarante premiers mètres de dénivelés sont couverts de glace, aucune adhérence avec les chaussures. Malgré les cordes en place la progression n’est pas si simple. Nous arrivons en haut du puits des Savoyards, gros volume, nous ne descendons pas au fond et prenons un pendule menant au réseau du Solitaire (par la galerie Pixa). Le début est assez gras, nous arrivons rapidement sur une grande pente suivie d’un puits. Une mauvaise lecture et me voilà pendu comme un cochon à son crochet. Théo et Xavier sont là pour m’aider, je m’énerve un peu et perds une précieuse énergie inutilement. La suite est plus évidente et nous avançons à bon rythme jusqu’à la galerie du Poncho. Pour moi, ce sera « repos ». Enfin, pas vraiment : après environ 1 h 40 à attendre dans mon poncho mes pieds commencent à souffrir de la température. Je décide donc de rejoindre les autres en bas du P30 nouvellement équipé par Théo.
Récit par Théo :
Vivien s’installe dans son point chaud le temps que je me lance à l’équipement de l’inconnu, rapidement je vois le fond. C’est un énorme puits de 30 m de haut, 10 m de large et d’au moins 30 m de large. Sur consigne de Xavier, je cherche si la conduite se poursuit en hauteur mais ce n’est pas évident de ma position. Le dessous est quand même mastoc lui dis-je, j’irai bien jeter un œil en bas car ça semble partir dans la direction souhaitée. Un fractionnement plus tard et nous voici tous deux les pieds au sol. C’est juste énorme ! Côté amont, nous laissons une escalade dans notre dos au profit de la suite côté aval. Une seconde verticale d’une dizaine de mètres, les volumes sont toujours là. Au sol, il y a de très beaux carreaux de chocolat et des petits talus d’argile intrigants. Nous poursuivons et remontons dans un chaos de blocs. Une nouvelle verticale s’ouvre à nous mais la corde commence à manquer… Un gros travail de purge étant à faire, nous nous lançons quand même afin d’avancer la future exploration. Les blocs s’enchaînent et après quelques minutes de vacarme ininterrompu le fond me fait de l’œil. Je viens de faire un fractionnement, mais Xavier qui a entamé la topographie au-dessus de moi, m’indique qu’une déviation fera l’affaire. Je remonte mettre la déviation et voit la corde non loin du sol. Aller, j’ai toujours sur moi un petit bout de ficelle, et avec ça, je devrais pouvoir continuer un peu même si nous voyons déjà le prochain obstacle qui ne sera clairement pas franchissable cette fois. Bingo, mes pieds touchent le sol, je me détache et fouille la suite. Pas trop de surprise, il faudra revenir avec de la corde pour descendre le prochain puits de 10 m qui s’ouvre à moi. Le lieu est très beau, au-dessus de nous un énorme miroir de faille strié par le glissement des compartiments entre eux, je prends quelques photos mais il faudra revenir pour faire quelque chose digne de ce nom. Nous remontons en levant la topographie et retrouvons Vivien en bas du P30.
Bilan de notre découverte : 160 m de développement supplémentaire pour 53 m de dénivelé (arrêt sur P10 vers -210 m).
Récit par Vivien :
Théo remonte en premier pendant que j’aide Xavier à lever la topographie en lui pointant les points topos. Nous faisons une courte pause-café en haut du puits et rebroussons chemin. Je commence déjà à redouter le passage dans la glace. Sur le chemin nous nous ravitaillons en eau. Xavier me demande si je souhaite remonter par le passage un peu merdique où j’ai laissé un peu d’énergie ou passer par un autre itinéraire un peu plus simple mais un peu plus long. Nous reprenons le même itinéraire, plus haut Xavier souhaitait améliorer un ressaut. Nous prenons un bon quart d’heure pour réaliser une pyramide de glaise et de blocs, le passage passe bien mieux désormais. Nous voici à la galerie Pixa puis au puits des Savoyards et là… cauchemar, il reste encore 100 m de dénivelé dans une conduite forcée dont un bon tiers est gelé. Xavier demande le marteau et commence à taper des prises de pieds pour nous faciliter la tâche. Les derniers mètres sont durs mais la surface se rapproche.
Nous nous changeons et rechargeons les sacs, il fait relativement beau par rapport aux prévisions, il nous faudra 45 min pour nous rendre au refuge. Arrivée pour minuit, un gros plat de pâtes et direction le sac de couchage.
Lundi, la météo est vraiment capricieuse entre les averses et le brouillard, nous décidons de retourner dans la vallée pour admirer quelques résurgences probables du réseau de la Combe aux Puaires.
Il est temps pour nous de quitter les Alpes et pour changer… direction Montrond-le-Château où nous passerons la soirée avec Olivier (Gradot) en attendant le lancement du stage régional le lendemain.