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307.2 - Stage moniteur, module 3 : pédagogie
Théo Prévot
dimanche 3 mars 2024, par
Date : du samedi 28 octobre au vendredi 3 novembre 2023
Lieu : Saint Christol d’Albion (Vaucluse)
Participants :
– Cadres : Dominique Frank (Doumdoum) / Olivier Caudron (Olive) / Gérard Cazes (Cazou) / Dominique Dorez (Dom) / Alexandre Zappelli (Zap) / Jean-Luc Zinszner / Judicaël Arnaud (Judi) / Jean-Louis Thomaré.
– Stagiaires M3 / FC : Sandro Alcamo (Fraisouille) / Alexandra Rolland (Alex) / Mahieddine Bourekoum / Hélène Mathias / Solenn Monnier / Théo Prévot.
– Stagiaires Découverte / FP1 / FP2 : Elliot Montel / Émilie Genelot / Lise Durand /Willy Bertin / Arthur Reutler / Émilie Mourat / Chloé Saraidarian / Pierre-Yves Perrin / Tao Arnaud / Gilles Auriol / Teva Geitner / Lisa Pereira / Pierre Maleysson.
Après 2 ans d’annulation pour cause d’effectif insuffisant, le module 3 est de nouveau au planning pour cette année 2023. À noter que, pour la première fois, le stage n’est pas ouvert qu’aux seules personnes en cursus moniteur, mais également aux initiateurs et initiatrices fédérales souhaitant acquérir un peu plus de bagages techniques (journées de formation continue).
Alors, le stage pédagogie, c’est quoi ?
Le principe est plutôt « simple » : plusieurs personnes en formation chargées de la gestion d’un stage Découverte et Perfectionnement technique (FP1 / FP2). À cela s’ajoutent bien évidemment des moments de réflexion sur l’enseignement et les diverses règlementations, vous voici prêts !
Le rendez-vous nous est fixé en début d’après-midi le samedi 28 octobre, nous sommes 5 candidats dans le cursus moniteur et une candidate en renforcement pédagogie. Le déroulement de la semaine nous est expliqué et s’annonce plutôt dense ! C’est ensuite à nous de reprendre la main et d’organiser l’accueil de nos stagiaires qui arrivent pour 17 h.
Le temps file, 10 personnes venues de tous horizons pour découvrir ou se perfectionner aux techniques spéléo s’ajoutent désormais au groupe. 3 personnes supplémentaires arriveront plus tard dans la soirée. De notre côté nous sommes déjà dans le vif du sujet, répartition dans les chambres, présentation du stage avec mention spéciale pour la présence d’un mineur, séance brise-glace, présentation du local matos ainsi que des consignes pour minimiser les pertes sur le stage. Une brève, mais efficace plénière, pour nous présenter le massif qui nous servira de terrain de jeux ces quelques jours et nous passons à table.
7 h 30, le réveil sonne, petit déj, préparation du casse-dalle pour le midi, lancement des équipes avec redite des commandes (comprendre : souhait formulé aux cadres sur le terrain afin d’affiner au mieux notre stage). Pour nous pas de spéléo aujourd’hui, nous débutons par quelques bases d’enseignement et de réflexion sur notre pratique, les mots : psychomoteur, socio-affectif et cognitif sont rapidement ciblés. La séance se poursuit, nous abordons les notions de situation initiale, effective et finale avant de changer de thème et passer à l’accidentologie et la prévention.
Le reste de la journée sera consacré en salle pour peaufiner le déroulement et l’organisation de la semaine (quels enseignements, répartition des soirées, etc.).
17 h : l’ensemble des équipes sont rentrées, nous faisons notre réunion de cadres afin de connaître les retours de nos commandes et pouvoir mettre en place le planning du lendemain. 18 h 30 soirée sur les caractéristiques techniques de l’équipement.
Lundi : initialement prévu en falaise la séance se fera finalement au Rousti du fait d’une météo… pourrie ! Le but de la journée : revoir l’apprentissage des techniques d’interventions. Le diplôme de moniteur permettant de former des initiateurs nous devons pouvoir répondre aux diverses questions sur les techniques enseignées par l’EFS ainsi que les avantages et inconvénients des méthodes.
Chacun passera donc par un dégagement du bas vers le bas des 4 techniques enseignées (Croll à Croll, balancier grande longe, pédale crollée et coupé de corde). Afin de ne pas perdre trop de temps nous faisons en même temps le passage d’un nœud et d’un fractionnement lors du dégagement.
Midi, l’heure de manger, mais avant montage de points chauds sous différentes formes (assemblage de couvertures fines, point chaud préfabriqué, etc.). L’après-midi est consacrée à l’intervention et l’assistance de personnes, nous reprenons avec un dégagement d’équipier sur main-courante suivi du dégagement d’une personne bloquée en fond de boucle de fractionnement. N’ayant plus tellement le temps pour que tout le monde manipule l’intervention en auto-moulinette, nous observerons sa mise en œuvre.
Retour au gîte, débrief, réunion cadre, soirée sur les thèmes des bases de l’équipement ou l’observation de la biodiversité souterraine et la formation du karst. On commence à prendre le pli.
Mardi : ça y est ! Enfin nous y allons… oui, oui nous allons bien passer la journée sous terre. Aujourd’hui nous devons gérer « intégralement » la journée et sommes observés par un cadre. Étant au gouffre Jean-Nouveau (P167 d’entrée de jeu) avec un stagiaire découverte ayant fait ses premiers pas sous terre avant hier et un en phase d’apprentissage d’équipement j’ai le privilège de disposer d’un cadre supplémentaire pour appliquer les consignes que je lui transmettrai. La soirée d’hier nous ayant permis de planifier la journée je refais un rapide check, passe les consignes et nous voici partis. La descente se déroule sans accroc, Pierre se débrouille bien à l’équipement. Les consignes étant qu’il équipe les fractionnements sur deux points en faisant attention à la tension relâchée, et qu’il m’attende à l’amarrage pour validation du nœud et du fractionnement avant de poursuivre. Au-dessus, Jean-Louis me suit, et doit systématiquement attendre Arthur pour vérifier que ce dernier soit correctement longé pour permettre à Olivier de descendre, vérifier la mise en place du descendeur, etc.
Nous mangeons en bas du puits d’entrée (à moins 167 m quand même) et procédons à quelques exercices avant de regagner la lumière du jour.
Retour au gîte, débriefing, … vous avez compris le déroulement. La thématique de la soirée sera : caractéristiques techniques des ancrages.
Mercredi : Journée de réflexion pédagogique, le sujet qui nous tiendra en éveil est le suivant : « Comment enseigner l’irréprochabilité ? », vous avez 4 h… non, un peu plus, mais l’idée est là. Le matin débute par une mise en commun de de ce qu’est pour nous l’irréprochabilité, le cadre dans lequel nous souhaitons travailler, à savoir ici l’équipement, mais à quel niveau dans la chaîne de sécurité, les ancrages, les amarrages, … Les échangent fusent et nous commençons à profiler quelque chose.
Une pause s’impose, nous coupons notre réflexion avec une présentation sur les éléments règlementaires et législatifs à connaître en tant que cadre (niveau d’encadrement pour les diverses sorties, l’honorabilité, les « contraintes » auxquelles nous serons confrontés lors de l’organisation d’un stage et du choix de l’établissement, des cas de jurisprudence avérés dans d’autres activités, etc.).
Nous mangeons et reprenons notre boulot sur l’irréprochabilité, le but étant de sortir un document sur lequel la Fédération pourrait s’appuyer au besoin, voire que nous pourrions utiliser dans nos stages respectifs, cette question étant souvent sujet à débat et pas forcément claire et évidente.
Quelques exemples de points abordés :
– L’évaluation du risque nous poussant à vouloir quelque chose d’irréprochable.
– Un arbre imposant et en bonne santé sur lequel on placerait une unique Dyneema. L’ancrage est irréprochable, l’amarrage ne l’est pas, nous ne pouvons donc pas considérer l’ensemble de la chaîne de sécurité comme irréprochable. Une seconde Dyneema peut, par exemple, venir sur ce même ancrage rendant la chaîne de sécurité irréprochable.
– L’hétérogénéité de la roche dans laquelle sont placés les ancrages, leur état et leur mise en place les rendant reprochables dans notre activité.
– Le fait qu’une sangle soit reprochable dans notre utilisation.
– Les personnes cibles, le moment opportun pour aborder cette notion, etc.
En bref, une journée assez dense avec de multiples points de vue et façons de faire, mais un objectif commun : assurer la sécurité de la progression sur corde en spéléologie.
17 h : les équipes rentrent, déroulement habituel, ce soir les thèmes abordés portent sur les cordes et les cordelettes ainsi que les amarrages et les connecteurs (textile et métallique). Nous mangeons et confions la préparation des kits de nos stagiaires à nos cadres afin de préparer notre séance pédagogique du lendemain (journée d’évaluation pour nous).
Jeudi : c’est le grand jour, pour ma part je serai au gouffre des Romanets avec Émilie et Téva sous l’œil avisé de monsieur Zappelli. La cavité n’a pas été fréquentée depuis un paquet de temps et les informations à son égard y sont rares. Nous prendrons un perforateur avec nous, de quoi initier mes deux stagiaires aux amarrages forés et à la pose de chevilles Rainox. La journée se passe plutôt bien, Téva atteindra l’objectif de la journée à savoir la base du P60, nous autres resterons en haut, car l’heure tourne. Après réflexion une optimisation de la séance aurait permis à Téva de poser un ou plusieurs fractionnements dans le P60 tout en laissant Émilie remonter tranquillement avec Zap.
Aujourd’hui, pas de présentation, l’heure du retour a donc été repoussée à 18 h 30. Nous arrivons au gîte les premiers. Le temps de ranger le matos, débriefer et nous sommes rapidement rejoints par les autres groupes. Un débriefing collectif est fait puis nous allons nous sustenter avant une longue soirée pour préparer le bilan collectif du stage et individuel des stagiaires. 23 h, nous pouvons enfin aller nous défouler autour des traditionnels jeux spéléos (tour de table, passage d’étroiture et j’en passe).
Vendredi : nous voici déjà à la fin de ce stage, nettoyage, rangement, bilans collectif et individuel de nos stagiaires, un dernier repas avec tout le monde et nous voici arrivés au moment tant attendu… Tous les stagiaires M3 ont pu valider le module ! Un débriefing individuel (pour nous, cette fois) est fait puis nous passons au retour sur le stage avant de regagner nos contrées respectives.
Un grand merci aux organisateurs et aux participants pour cette semaine de partage et de bonne humeur sans oublier nos hôtes qui ont su nous régaler toute la semaine.