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309.3 - Vauvougier, acte 14
Olivier Gradot
mercredi 1er mai 2024, par
Samedi 10 février, le rendez-vous est donné à 8 h au local. Théo, Louise et moi sommes sur place depuis hier soir. Hugo arrive en premier vers 7 h et a ramené des viennoiseries pour tout le monde (merci !). Le reste des participants suit, à savoir Vivien, Thomas (dit la Marmotte), Pierre et Arnaud (dit Doctor Jones). Nous faisons un check du matériel, chargeons les véhicules et à 9 h c’est destination Malbrans (The place to be !).
Nous arrivons sur place vers midi trente après avoir fait quelques courses à Vesoul, le temps est correct nous pourrons nous changer au sec. Nous cassons rapidement la croûte, organisons les kits, nous nous équipons et partons en direction de la doline d’entrée. Le puits d’entrée est resté équipé depuis la session de janvier dernier, il n’y a qu’une petite corde à mettre pour rejoindre la vire. Nous nous lançons dans la descente jusqu’au bivouac. Nous laissons sur le parcours quelques bouteilles en prévision de la remontée. En bas du ressaut Machpro nous croisons Antoine et sa mie qui sont venu se balader. Au niveau de la galerie des Dos d’Ânes nous localisons ce qui est certainement le départ qui devrait mener vers la Galerie Fournier qui est un des objectifs du week-end. Il est situé en haut du petit ressaut qui se fait en désescalade à une quinzaine de mètres en amont du ressaut actuellement équipé en fixe qui donne lui sur le puits du bivouac.
Nous arrivons au bivouac un peu après 17 h par suite de l’attente de quelques personnes ayant voulu aller se perdre au réseau du Piton. Nous décidons de commencer par préparer l’extension du bivouac permanent de manière à pouvoir y passer la nuit à 8 (ce qui est une première en termes de nombre de locataires). Pour ce faire nous avons ramené un point chaud MTDE flambant neuf que nous installons dans la continuité de la tente après avoir installé une grande bâche au sol, nous joignons la tente et le point chaud à l’aide de quelques mousquetons. Le résultat est assez sympa, on va y tenir tous ensemble pépères. Nous installons les amarrages qui serviront pour les hamacs puis faisons deux groupes :
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Théo, Hugo, Louise et moi irons en direction de la galerie Fournier avec pour objectif la reconnaissance du puits Coucou.
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Arnaud, Vivien, Pierre et Thomas partiront vers le réseau AGA pour rééquiper l’accès à son fond et monter jusqu’au puits de l’Espoir dont le sommet est l’actuel arrêt du réseau et dont nous cherchons toujours la suite.
Il est 18 h quand nous nous séparons, du côté du groupe « Coucou » nous rejoignons rapidement l’entrée du boyau qui est censé nous amener à la galerie Fournier. Théo passe en tête et au bout de quelques mètres demande le perfo et un burin, je lui passe et pendant qu’il élargit l’accès à la galerie je donne quelques coups de massette.
Après quelques minutes de travaux Théo me dit que je dois pouvoir passer. Ce n’est pas large mais ça le fait. Je découvre avec surprise une belle galerie avec de beaux volumes. Je pars voir la partie remontante pendant qu’Hugo et Louise nous rejoignent. Il s’agit d’une galerie méandriforme remontante avec une forte pente, je peux y évoluer sur une vingtaine de mètres avant d’être bloqué par une étroiture qui semble donner sur un méandre étroit mais potentiellement pénétrable moyennant quelques coups de massette et de burin.
Les autres vont y jeter un œil. Sur leur retour nous faisons quelques photos puis allons explorer l’autre côté de la galerie. Il s’agit d’un méandre présentant une grande hauteur, nous évoluons en hauteur au départ. Rapidement la progression requiert une corde pour les escaladeurs de mon niveau. Théo installe une vire remontante à l’aide des pulses que nous avons avec nous et s’en suit l’équipement d’une descente d’environ 7 m, nous continuons la progression dans le méandre. Une deuxième petite escalade sera à équiper d’une corde pour nous aider à la montée et à la descente. Nous enlevons ensuite nos baudriers pour nous enquiller dans un petit bout de boyau un peu étriqué et arrivons à proximité du puits Coucou, la zone est boueuse et glissante, nous descendons une pente patinoire et arrivons à la base du puits Coucou. Ce n’est franchement pas vilain ! Un beau puits d’une dizaine de mètres avec de belles parois érodées. À son sommet on voit l’arrivée d’eau qui aujourd’hui coule bien et qui sort d’un étroit et sinueux méandre ressemblant clairement à celui où nous avons commencé à travailler depuis le fond du P27 à proximité de la galerie des Photographes. L’idée de créer une jonction entre les deux zones nous intéresse car d’une part ceci offrirait potentiellement un accès rapide à la zone AGA/Crac-Badaboum et offrirait aux spéléos une possibilité de traversée sportive et sympa.
Nous prenons une photo et une vidéo du puits, observons la zone humide au pied de ce dernier afin de vérifier la présence de faune stygobie, mais n’en observons pas ici. Nous faisons machine arrière et rejoignons la galerie des Dos d’Ânes. Hugo et moi retournons au bivouac. Une fois arrivés, nous entendons Théo et Louise qui sont au-dessus de nous en direction du puits Bidouille. Ils nous disent de ne pas squatter en dessous pour éviter de nous prendre des caillasses sur la tronche, car la zone parpine.
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Bah vous auriez pu prévenir ! On serait venu avec vous…
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Bah je vous ai appelés, mais vous ne répondiez pas, vous avez qu’à revenir…
La flemme de remonter et la demi-heure pendant laquelle Théo et Louise se baladent dans le puits Bidouille nous permettra de discuter technique de chauffage sous terre, fabrication de bougies, etc. À leur retour ils nous indiquent avoir pu observer la présence de Niphargus et de Cæcosphæromas, une nouvelle station s’ajoute donc à celles déjà observées (entrée de Crac-Badaboum, base du puits du Marmotton, ainsi qu’au niveau du réseau AGA). Rapidement le groupe AGA nous rejoint, ils sont crasseux mais ont l’air ravi. Ils nous rapportent des bouteilles d’eau cuvée « AGA » qu’ils ont filtré et nous indiquent avoir pu équiper une bonne partie du bas de l’AGA, mais qu’il leur a manqué un bout de nouille pour finir.
Il est minuit passé, nous virons combi et baudard et allons nous installer dans notre salon de luxe avec chauffage au sol à base bougie à la cire de palme. Nous déballons vivres et boissons et prenons l’apéro à base de bières (celles qui auront réussi à arriver entières jusqu’ici… Marie Blachère et d’autres zones de la descente ayant « forcé » les troupes à s’hydrater le long du chemin…), pizza sous vide made by Louise, fromage, saucisson, cacahuètes… Nous ne risquons pas de mourir de faim ! Ni de soif… D’ailleurs la « cave » du bivouac est loin d’être vide, je note que le rhum-vanille dégueulasse qui vieillit tranquillement ici depuis l’ouverture des Cracs-Badaboums en mars 2022 est toujours là et que sa bonification est toute relative… Nous passons une agréable fin de soirée, Thomas s’initie aux saveurs coréennes intenses en essayant d’ingérer une soupe de nouilles « piment - level 2 » de la marque Buldack, il abandonne et dans un excès de courage je finis le corrosif bouillon qui rend le passage aux toilettes bien hardcore. Repus comme des moines nous allons nous coucher vers 2 h 15. Vivien, Thomas, Louise et moi nous couchons dans l’abri tandis que le reste de l’équipe rentre dans leur hamac. La nuit sera parsemée de bruits d’animaux étranges et de ronflements. Nous noterons quelques bruits de pierre tombantes (nous apprendrons une fois dehors qu’un séisme à secouer la région dans la nuit, était-ce l’origine de ces bruits ??? peut-être…).
Il est 9 h quand le clan des marmottes se lève pour le moment tant redouté : le bivouac est équipé d’une zone de toilette sèche et nous sommes 8, ça promet un beau voyage olfactif… Déjà que ceux ayant dormi en hamac s’indignent de l’odeur de l’abri quand ils y rentrent pour prendre le café… Nous petit-déjeunons à base de café soluble, dattes au bon goût du diabète, mueslis déshydratés ou encore de nouilles coréennes « à la carbonara » puis tour à tour allons pondre nos merdes que nous tentons d’enterrer. Nous changeons les carbures utilisés comme dessiccant dans les grands sacs poubelles où seront stockés les duvets restant sur place. La zone des chiottes étant devenus un espace classé Ceveso niveau 3 nous décidons de la recouvrir de la chaux récupérée des bites à carbures, ceci aura pour effet de bien pourrir l’air ambiant de particules fines biosourcées. Un régal qui filera direct une crise d’asthme à Thomas. Nous replions le point chaud, organisons les kits, Pierre fait une offrande de deux 50 cL de Chouffe blonde à la cave du bivouac (ça motivera certainement les prochains !).
Il est 11 h quand une première équipe constituée de Vivien, Thomas, Hugo et moi remonte vers la surface. La remontée se fait bien, petite pause culinaire « cuisines du monde » au niveau du méandre Bourgogne (saucisson-framboise-cacahuètes façon Indonésie, barre au café soluble décaféiné additionné de caféine hydrogénée, thé Oolong cueilli à la main par des moines Shaolins, emmental norvégien) et sommes toujours contents de croiser des bouteilles d’eau sur notre chemin. Il est 14 h quand j’arrive à la sortie du puits d’entrée. Chouette me dis-je, nous serons tôt sur Nancy (rêve toujours Olivier…). Vivien, Thomas et Hugo me rejoignent, nous nous faisons un casse-croûte « birman » (sandwich de taulard) et attendons le reste de la troupe qui nous rejoindra vers 16 h.
Le ciel nous offre une belle douche sur le chemin du retour vers les véhicules, nous nous changeons puis entamons le trajet retour vers la cité des ducs de Lorraine. La pause « binouze » à Larnod finit d’achever mes deux compagnons de route aussi je reprends le volant à partir de Vesoul.
Nous arrivons au local vers 20 h 30 et déchargeons tranquillement le matériel avant de nous quitter car demain c’est « Luuuunndi mon gars !!! ». Ce fut encore un bon week-end dans la tanière de l’Usan qu’est devenu Vauvougier.