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264.3 - Bivouac sous terre

Théo Prévot

lundi 3 août 2020

La météo étant trop mauvaise pour aller sur le gouffre Jean-Bernard et mon plan B sur la Chartreuse tombant lui aussi à l’eau à cause d’un redoux, notre week-end de fin février semblait mal parti, mais malgré cela je ne perdais pas espoir ! J’arrive avec bien du mal à contacter Thierry Krattinger que je remercie pour nous avoir bien dépanné ; il me donne les informations utiles pour entrer dans le réseau des Chuats par l’entrée des Mouch’Tiques. Après avoir prévenu l’équipe constituée de Nicolas G. (A.S.H.M., 52), Pascal O., Arnaud H. et Olivier G. (qui ne sera finalement pas de la partie à cause d’un virus coriace) nous nous retrouvons vendredi 28 février à 8 h au local pour finir les préparatifs et prendre la route en direction du Vercors. Un arrêt chez Expé et un peu de pousse-pousse pour redémarrer la voiture et nous voici arrivés.

Il est environ 18 h, nous nous équipons et entamons la longue marche d’approche d’environ 3 minutes dans les 10 misérables centimètres de neige. Le gouffre est équipé en fixe et heureusement car nous avons chacun deux kits pour rejoindre la zone du bivouac. Les puits s’enchaînent plutôt bien et nous atteignons rapidement la cote des ‑100. Après un petit doute nous voici repartis dans un boyau pas très large entrecoupé, à certains endroits, par des bouts de mains courantes. La progression avec les deux kits semble moins évidente que celle donnée par les locaux « par-là le bivouac est à 1 h ! ». Nous arrivons enfin dans la salle Phrygane qui est assez majestueuse mais pas de temps à perdre nous ne sommes pas encore au bivouac. La Galerie est maintenant grande et la progression y est bien plus confortable.

Il est 22 h quand nous apercevons enfin le bivouac. Chacun installe son lit pour la nuit, puis nous nous déséquipons pour rentrer manger à l’intérieur du point chaud mis en place par les spéléos locaux. Un court apéro (saucisson, chips et whisky) avant d’attaquer les pattes bolo et nous voici refaits ; ça fait du bien de manger chaud sous terre mine de rien !

Nous nous réveillons une première fois vers 6 h mais la foi n’est pas là... Au final nous nous levons sur les coups de 8 h 30. Nous avons l’honneur de boire un café fait à la cafetière italienne (nous avons beau avoir dépouillé le sac de Nicolas avec Pascal la veille au soir sur le parking, il reste encore des surprises). Nous nous mettons en route vers le réseau Nord et arrivons face à... des canots ? Ah… Derrière on commence à douter de mes indications « ne vous inquiétez pas les gars c’est un trou sec ». Arnaud prend un premier canot et avance. La première corde accrochée pour rappeler le canot arrive vite à ses limites, j’en accroche une seconde mais visiblement Arnaud ne voit toujours pas le bout et la fin de la corde arrive rapidement. Il revient et nous explique que la voûte se rabaisse pas mal mais qu’il n’a pas réussi à voir la fin. Nicolas se lance à son tour. Je m’empare alors du second canot et part à mon tour, la voûte baisse je me penche et m****... Ni une ni deux me voilà dans l’eau. Mouillé pour mouillé je termine à pied avec de l’eau « au nombril ». Après quelques minutes la voûte ne laisse plus qu’un petit espace et ça commence à devenir profond. Je perds pied et décide de faire demi-tour et croise Pascal sur mon chemin. Bon, le tour de canot aura été sympa et même si je suis trempé nous aurons bien rigolé.

Nous rebroussons chemin, allons faire la vaisselle et rechargeons les gourdes avant de repasser au bivouac déposer quelques litres d’eau et les gamelles. Cette fois c’est la bonne ! Nous quittons pour de bon le secteur et prenons la direction des Fleurs Blanches (autre entrée du réseau). Nous passons d’abord par la salle du Jedi. Après avoir visité quelques désobs nous revenons en arrière pour prendre le bon chemin en remontant un court passage sur corde. Nous passons le passage Crocodile qui nous rappelle les trous de chez nous et arrivons rapidement dans la galerie des Spéléonotes 2. Cette fois c’est grand et assez joli. Après avoir descendu le puits du Riche une série de concrétions nous fait penser à un crocodile (d’où le nom du passage précédent ?). On prend quelques photos et sommes surpris par la galerie. Une fois de plus nous nous engageons dans un boyau de désobstruction mais cela semble impénétrable. Nous faisons demi-tour et faisons une pause en bas du puits du Riche. J’enlève ma combi et mets mon poncho en espérant sécher un peu le temps que nous mangions. Au menu, soupe déshydratée, c’est la première fois que je teste et je dois bien admettre que c’est vraiment pas mal pour sous terre. Nous reprenons alors le chemin classique en remontant dans des blocs, nous voyons des lampes en bas, deux spéléos faisant la traversée Fleurs Blanches-Mouch’Tiques. Ils nous confirment que le passage est bien celui-là et nous leur indiquons la suite pour sortir. Pour nous la suite est un ramping sur d’anciens gours, on remarque d’ailleurs un gros travail de désobstruction. Le chemin est alors balisé pour ne pas marcher sur les belles coulées de calcite qui jonchent le sol. Nous prenons quelques photos et continuons en direction de l’escalade des Cannelures. Nous arrivons au niveau des cordes mais faisons un détour dans une galerie latérale. Malgré un moment d’hésitation, à savoir si nous ne descendrions pas dans la faille qui se présente devant nous, nous regagnons les cordes. L’escalade, qui est dans notre sens un puits, est vraiment belle et porte bien son nom. La galerie reprend des dimensions plus que correctes et contrairement au début du réseau le sol est assez sec. Nouvelle pause photo, les volumes deviennent de plus en plus importants, on ne regrette pas d’être venu ! Nous passons à côté du puits du Strike (P47) puis arrivons dans la salle Picasso où coule une jolie cascade. L’heure tourne et l’idée de faire demi-tour commence à se faire entendre. Nous continuons pendant une petite demi-heure dans de gros blocs et décidons de revenir au camp de base (arrêt un peu avant le réseau de la Fée).

Sur le retour nous faisons une pause café-thé puis nous reprenons notre course sans traîner si bien que nous revoici dans la salle Phrigane... Bon, ben, on a raté le coche les copains, demi-tour... Malgré ce détour qui nous aura pris un peu moins d’une heure nous voici enfin au camp. Nous faisons un peu de rangement, mettons de l’eau à chauffer pour la soupe et rentrons dans le point chaud. Cette fois nous allumons des bougies pour nous réchauffer. Je croise les doigts une dernière fois en espérant que ma sous combi sèche définitivement que je puisse dormir avec…

La soirée passe, il est environ minuit quand nous décidons de nous coucher. Cinq heures : le réveil sonne. Après une nuit pas très chaude et assez courte nous replions le camp et regagnons la sortie. Contrairement à l’aller les puits sont pas mal arrosés, l’attente aux différents fractios nous fait dire qu’il doit faire beau dehors. Bingo ! Nous sortons sous un grand soleil et la neige a presque complétement disparu. Nous nous changeons et repartons direction Nancy, une petite pause à mi-chemin pour manger un bout et prendre une glace on en oublierait presque que c’est encore l’hiver. À noter que notre spéléo raffiné profitera de l’aire d’autoroute pour se débarbouiller le visage, ça a bien changé depuis les Cro-Magnons ;-)

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